Le président guinéen, Alpha Condé, est-il enfin et désormais décidé à aller, vite qui plus est, aux élections législatives, jusque-là sans cesse reportées depuis son accession à la magistrature suprême ? En tout cas, dans un décret lu lundi passé lors du journal télévisé de 20h, il a entériné la liste des dix représentants de l'opposition réunie au sein de l'ADP (1) et du Collectif (2) ; parce que cette opposition-là, la portion congrue de l'opposition, avec une trentaine de partis sur la cinquantaine de non-alliée au régime, menaçait de faire descendre les politiquement siens dans la rue ?
Pas évident, car, face aux opposants, ce prof.-là s'est (ou s'était) toujours comporté non seulement comme l'alpha, qu'il est de nom, mais aussi, surtout et malheureusement comme l'oméga également, donc en monarque tel Dieu dans la Bible, à moins que ses récentes circumambulations autour du Cube (3) l'aient rendu politiquement carré, lui qui l'était intellectuellement déjà.
L'entérinement de ladite liste est d'autant surprenant qu'il fait exclusivement le jeu de l'opposition radicale au pouvoir en excluant de la CENI des partis non formellement, officiellement partie intégrante de la majorité et accusés d'en être la 5e colonne : habituellement, des dictateurs comme Condé ne tirent-ils pas plutôt profit de la volonté de tels partis de participer à la CENI en exigeant de leurs opposants d'impossibles listes consensuelles pour mieux les diviser et régner ?
Et puis, alors que la Coalition des femmes et filles de Guinée pour le dialogue et la consolidation de la paix exige aussi d'être représentée dans la CENI, soit dit en passant, par notre confrère hadja Madinah Bah, qu'est-ce qui a bien pu empêcher Condé de faire traîner encore un peu plus les choses comme à son habitude ? Bailleurs de fonds et partenaires techniques et financiers de la Guinée, n'êtes-vous pas pour peu, pour beaucoup ou pour tout dans l'assagissement posthadj de Condé ? Et si seulement Condé et son parti sont dorénavant sûrs de remporter les législatives ?
En tout état de cause, après que Dallein Diallo s'est estimé floué de sa victoire à la présidentielle, que la CENI a été accusée de rouler, tantôt pour un camp, tantôt pour un autre (un de ses présidents avait même été condamné par la justice guinéenne peu avant sa mort), elle semble à présent suffisamment équilibrée et consensuelle pour organiser des élections libres et transparentes acceptables par au moins la majeure partie des parties prenantes aux votes, chose que nous souhaitons aux Guinéens.
