Annoncée officiellement le jeudi 30 janvier 2014 dans une déclaration solennelle lue par l'ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo, la médiation interne entreprise pour faire baisser le mercure politique au Burkina a effectivement entamé ses travaux le lundi 03 février courant. Les médiateurs ont ainsi rencontré, séparément dans la matinée et dans l'après-midi, les responsables des deux camps antagoniques dont on lira les comptes-rendus.
Mais c'est véritablement aujourd'hui que les choses sérieuses commencent avec le face-à-face entre les différents protagonistes, qui auront, sur la table de négociations, les différentes propositions des médiateurs (voir tableaux P. 11)
Pour ceux qui ont entrepris ces bons offices, la finalité, ainsi qu'ils le rappellent dans leur communiqué de presse n°1 parvenue à notre rédaction, est d'amorcer une transition apaisée, notamment en "ménageant une sortie honorable au président Blaise Compaoré"
Nous vous proposons également un écrit du pasteur Samuel Yaméogo qui jette l'éponge.
Communiqué de presse n°1
"Ménager une sortie honorable à Blaise" (1)
Dans le cadre de sa mission. Le groupe de médiation présidé par Son Excellence Monsieur Jean-Baptiste OUEDRAOGO a rencontré, le lundi 03 février 2014 à Ouagadougou, une délégation de l'opposition et une de la majorité, respectivement à 11 heures et à 16 heures. En introduction de ces rencontres. Le président du groupe de médiation a d'abord remercié les délégations d'avoir accepté l'offre de dialogue et ensuite présenté le contexte et la justification de la médiation.
Le Burkina Faso vit une crise politique depuis plusieurs mois avec des risques de confrontations, de divisions et de troubles pouvant compromettre la paix sociale, d'où l'initiative de cette médiation interne dont l'objectif est d'éviter que la crise politique actuelle ne dégénère en affrontements catastrophiques pour tous et d'aboutir à un modus vivendi sous forme de plateforme de transition démocratique apaisée.
Cette volonté a conduit le groupe de médiation à demander à l'opposition et à la majorité de respecter scrupuleusement la constitution en s'interdisant la révision de l'un et l'autre des articles déjà ancrés dans la loi fondamentale. Par ailleurs, la médiation a proposé l'adoption d'un mécanisme qui pourrait ménager une sortie honorable à Monsieur le Président du Faso, l'ouverture d'une transition démocratique apaisée au terme de son mandat constitutionnel, des garanties de sécurité et l'acceptation d'une formule de Sénat aménagé en concertation avec l'opposition et dont la mise en place se fera d'accord parties.
Après avoir présenté ses propositions, la médiation a proposé une suspension de séance afin de permettre à chaque délégation de se concerter. Elle a toutefois souligné que la transition démocratique apaisée, acceptée de tous, passe inévitablement par des sacrifices de chacune des parties. Une deuxième rencontre a été programmée pour le mercredi 05 février 2014.
Pièces jointes :
- Comptes rendus de chacune des délégations
- Tableau récapitulatif des positions initiales des parties et des propositions de la médiation.
Fait à Ouagadougou, le 04 février 2014
La Médiation
(1) Le titre est du journal
Compte rendu de la majorité
Le lundi 03 février 2014, le groupe de médiation présidé par Son Excellence Monsieur Jean-Baptiste OUEDRAOGO a reçu une délégation de la majorité, composée de : Assimi KOUANDA, Kanidoua NABOHO, Alain YODA, Achille TAPSOBA, Zacharia TIEMTORE, Bouba YAGUIBOU, Toussaint COULIBALY, Amadou DICKO et Saïdou COMPAORE.
En introduction de cette rencontre, le président du groupe de médiation a d’abord remercié la délégation de la majorité d’avoir accepté l’offre de dialogue et ensuite présenté le contexte et la justification de la médiation. Le Burkina Faso, a-t-il mentionné, vit une crise politique depuis plusieurs mois avec des risques de confrontations, de divisions et de troubles pouvant compromettre la paix sociale, d’où la nécessité d’entreprendre des initiatives dans le but d’amener les principaux acteurs politiques autour d’une table de dialogue. L’objectif de la médiation est d’éviter que la crise politique actuelle ne dégénère en affrontements catastrophiques pour tous et d’aboutir à un modus vivendi sous forme de plateforme de transition démocratique apaisée. Il a été rappelé que les principales contradictions qui opposent la majorité à l’opposition se résument au respect et au non-respect de deux dispositions de notre Constitution, à savoir l’article 37 en vue de supprimer la limitation du nombre de mandats présidentiels, et l’article 78 pour supprimer le Sénat.
Cette analyse a conduit le groupe de médiation à demander à la majorité de prendre ses responsabilités par rapport à la non-révision de l’article 37 de la Constitution pour faire baisser la tension sociale. Il a souhaité en outre que les deux parties ne perdent pas de vue qu’une nation se construit avec la richesse des diversités et non dans la division et l’exclusion mutuelle. C’est pourquoi la médiation en appelle au sens de l’honneur de chaque partie pour le respect de la Constitution et pour parvenir à un compromis pour la paix et la stabilité. Elle propose à cet effet le respect de la constitution et donc la non-révision de l’un et l’autre des articles déjà ancrés dans la loi fondamentale, l’adoption d’un mécanisme qui pourrait ménager une sortie honorable à Monsieur le Président du Faso, l’ouverture d’une transition démocratique apaisée au terme de son mandat constitutionnel, des garanties de sécurité et l’acceptation d’une formule de sénat aménagé en concertation avec l’opposition et dont la mise en place se fera d’accord parties.
Après avoir présenté ses propositions, la médiation a proposé une suspension de séance afin de permettre à la majorité de se concerter. Elle a toutefois souligné que la transition démocratique apaisée, acceptée de tous, passe inévitablement par des sacrifices de chacune des parties. Une deuxième rencontre a été programmée pour le mercredi 05 février 2014.
Fait à Ouagadougou, le 04 février 2014
Le Rapporteur
Compte rendu de l’Opposition
Sur initiative du Président Jean-Baptiste OUEDRAOGO, une rencontre a eu lieu le lundi 3 février 2014 à Ouagadougou, entre le Groupe de médiation sur la crise nationale et l’Opposition politique burkinabè regroupée derrière le Chef de file de l’Opposition (CFOP) pour échanger sur les voies et moyens de sortir le Burkina de la situation de crise qu’il connaît actuellement.
Cette rencontre, qui s’est étalée de 11h à 13h30, a regroupé :
- côté médiation : le Président Jean-Baptiste OUEDRAOGO, ancien chef d’Etat du Burkina, ancien membre du Collège de sages, président du Groupe, l’Imam Mama SANOU, ancien membre du Collège de sages. Mgr Paul Y. OUEDRAOGO a été excusé pour raison de calendrier.
- côté Opposition : le Président Zéphirin DIABRE, CFOP, accompagné de Bénéwendé Stanislas SANKARA (Président de l’UNIR/PS), Ibrahima KONE (Secrétaire général du PDS/METBA), Ablassé OUEDRAOGO (Président de Le Faso Autrement), François Ouindlassida OUEDRAOGO (Président du RDS), Emile René KABORE (Secrétaire général de la CNPB), Norbert Michel TIENDREBEOGO (Président du FFS), Djéjouma SANOU (Président de l’UDPS), Jean-Hubert BAZIE (Président de L’Espoir).
Le Président Jean-Baptiste OUEDRAOGO a justifié les raisons de l’auto-saisine de la situation nationale à travers un groupe de médiation nationale par le devoir de patriotisme et le souci de préserver à tout prix la paix et la concorde nationale. Il a informé l’Opposition du retrait du Pasteur Samuel B. YAMEOGO, Président de la Fédération des Eglises et Missions Evangéliques, du Groupe de médiation. Il a annoncé des prédispositions du Président du Faso au compromis et souhaité que la concertation et l’esprit de dialogue prévalent dans la recherche de solutions propres à assurer le développement du Burkina dans la paix.
L’Opposition politique, à travers ses représentants, a félicité le Groupe de Médiation pour son initiative. Elle a expliqué le sens de son engagement et réaffirmé son souci de parvenir à une sortie de crise conforme aux aspirations du peuple.
Après avoir fait le point des réflexions des parties en présence et recueilli les propositions de la Médiation, les deux groupes se sont quittés en se promettant de se retrouver le mercredi 5 février 2014.
Ouagadougou, le 03 février 2014
Le Rapporteur
1- POSITIONS INITIALES DES PARTIS
2- PROPOSITIONS DE LA MEDIATION
Médiation interne
Les 5 conditions d’Abdoul Karim Sango
«La transition étant le passage d’une étape A vers une étape B, les sages admettent eux-mêmes l’idée d’un changement en 2015». Telle est la lecture de la médiation interne faite par Abdoul Karim Sango qui demande de donner la chance à cette initiative de paix. Pour parvenir à un tel résultat, il fixe cinq (05) conditions.
Le jeudi 30 janvier 2012, un groupe de quatre personnalités (1) dirigé par l’ancien président Jean Baptiste Ouédraogo (JBO) s’est autosaisi de la crise politico-sociale que vit le Burkina en vue d’une médiation entre les différents protagonistes. De mémoire de Burkinabè, sous la quatrième République, c’est la toute première fois que l’on assiste à une offre de médiation indépendante. Dans un contexte marqué par la suspicion et la méfiance tous azimuts, l’acte posé par nos quatre personnalités est non seulement historique, mais surtout témoigne de la richesse culturelle et de la qualité de notre peuple. Sans tomber dans l’autosatisfaction, nous avons l’envie d’écrire que les Burkinabè savent être des hommes d’exception. Œuvrons à toujours le mériter et à le demeurer. Nous devons toujours garder à l’esprit qu’au-dessus de nos intérêts personnels, il se trouve la patrie que les anciens nous ont léguée et que nous devons laisser intacte à la postérité. A l’impatience et la fougue de la jeunesse, nous devons toujours opposer l’esprit de patience et de calme des anciens. Ne dit-on pas qu’un vieillard assis voit plus loin qu’un jeune debout ? C’est pourquoi, l’initiative des quatre sages est la bienvenue et mérite d’être soutenue par tous les Burkinabè soucieux de la paix et de la stabilité dans notre pays. En effet, il ne faut pas attendre de faire la guerre avant de discuter. Toute guerre se terminant toujours autour d’une table de négociation, asseyons-nous alors et discutons. Quand la guerre a lieu, il devient difficile de réparer véritablement les préjudices qui en résultent. Quand il y a la guerre, ce sont les jeunes et les femmes qui en payent le plus lourd tribut. Il ne faut pas se voiler la face en pensant que notre pays n’est pas en état de guerre déclarée, parce que la guerre, on l’oublie bien souvent, ce n’est pas seulement le crépitement des armes. La guerre se trouve dans les mots, la guerre se trouve dans notre rapport avec autrui. Nous sommes au bord de l’implosion sociale comme le disent si bien nos chers anciens. Ils viennent ainsi confirmer ce qui avait déjà été écrit dans plusieurs rapports.
Une initiative inscrite dans le respect de la Constitution
Le processus de médiation doit conduire à une «transition apaisée en 2015». Il est important d’analyser le groupe de mots «transition apaisée». Le mot transition évoque le passage d’une étape A vers une étape B. Sans prendre parti pour un des camps, les sages admettent eux-mêmes l’idée d’un changement en 2015. Autrement dit, ils inscrivent leur action dans le strict respect des dispositions constitutionnelles. Tout en comprenant la méfiance des uns et des autres en raison des expériences du passé, on aurait tort de leur faire un procès d’intention cachée. Que gagneraient-ils ? Comment cela se pourrait-il quand on sait que trois sur quatre de nos sages se sont déjà exprimés clairement, soit à titre personnel ou au nom de leur organisation, en faveur du respect de la Constitution notamment en ce qui concerne la limitation du mandat présidentiel ? Le changement, pour être utile à la collectivité, doit se faire de façon pacifique, et c’est là l’originalité de la démarche des Sages. En effet, quand on observe les processus démocratiques en Afrique depuis 1990, hélas, on peut faire le triste constat de plusieurs cas de transition politique opérée de manière violente. Combien de jeunes et de femmes africains ont-ils été assassinés sans que le changement pour lequel ils se sont battus n’ait vu le jour dans leurs pays respectifs ? Notre continent, pour mériter le respect des autres, doit être capable de régler les problèmes politiques de façon civilisée par le jeu des institutions. Et cela aussi est possible.
Afin de donner la chance au processus de médiation en cours de réussir, je voudrais, en terminant mon écrit, formuler quelques recommandations :
- la médiation doit recourir à la Constitution, à la Charte africaine et au Protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance comme source du droit ;
- la médiation doit se fixer une durée maximale de deux mois : trop long, elle va davantage devenir suspecte et il y a un risque d’enlisement ;
- on devrait pouvoir discuter de tous les sujets dans le cadre de la médiation pour autant que cela soit conforme aux sources de droit précitées ;
- la médiation doit se faire en prenant en compte les contenus des différents rapports sur le Burkina (Collège de Sages, MAEP, CCRP, International Crisis group) ;
- tous les acteurs de la vie sociale et politique doivent arrêter toute activité susceptible de faire monter le mercure politique et social durant la période de médiation ;
- les médias doivent éviter de publier tout article ou propos susceptible de faire monter le mercure politique et social, y compris sur internet durant la période de la médiation.
Abdoul Karim SANGO
Juriste
Note :
(1) Aux dernières nouvelles, l’un des quatre, le pasteur Samuel Yaméogo, s’est retiré de la médiation.
Médiation interne
Le pasteur Samuel Yaméogo jette l'éponge
Nous avons reçu de la Fédération des églises et missions évangéliques (FEME) l'écrit suivant par lequel le pasteur Samuel Yaméogo annonce son retrait de la médiation interne entreprise pour une transition apaisée au Burkina.
La recherche de la paix à tous les niveaux est, pour la Fédération des églises et missions évangéliques (FEME), un ordre du Seigneur selon les Saintes Ecritures :
Mathieu 5 : 9 «Heureux ceux qui procurent la paix car ils seront appelés fils de Dieu.»
Romains 12 :18 : «S'il est possible, autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes.»
La FEME n'épargnera donc aucun effort pour s'associer aux autres communautés religieuses du pays à la recherche des voies et moyens pour consolider la paix et la cohésion sociale.
Cependant, la FEME qui a été contactée en tant que communauté religieuse pour prendre part à la médiation, a constaté que les autres représentants participent sous la bannière du Collège de Sages qui n'engage pas explicitement leurs communautés religieuses. C'est pourquoi, faute d'homogénéité, la FEME se retire de la Commission.
Mais, nous exhortons tous les fidèles évangéliques à de ferventes prières pour une paix durable dans notre pays et dans la sous- région.
Pasteur Samuel YAMEOGO
Président de la Fédération des églises et missions évangéliques (FEME)
Je n'ai pas eu la pensée de savoir parmi vous, autre chose que Jésus-Christ et Jésus Christ-crucifié. 1 Cor.2 :2