Dans ce communiqué, le mouvement Balai citoyen, tout en déplorant le fait que la société civile ne soit pas consultée dans le cadre de la médiation, « met en garde les partis politiques d’un éventuel deal politique derrière le dos du peuple, ce qui aggraverait dangereusement la situation nationale ». Selon le Balai citoyen, l’idée d’une « transition politique qui viserait une prolongation quelle que soit la durée est à la limite de la provocation ».
Le Balai citoyen a constaté par voie de presse qu’un groupe de médiateurs est né et des discussions ont eu lieu entre l’opposition et les partis de la majorité, sous l’égide de cette médiation. Par principe, lorsqu’il y a une crise politique, pour nous, toute médiation est la bienvenue peu importe d’où qu’elle vienne. Mais aucune médiation ne peut prospérer si elle ne met pas elle-même en avant l’intérêt supérieur de la nation. La crise au Burkina est une crise d’ordre structurel. La sortie de crise nécessiterait au moins que toutes les composantes de la vie nationale, partis politiques, société civile, soient associées à la médiation et qu’ensemble on se retrouve tous sur une même table de discussion pour une sortie de crise apaisée et acceptée par tous.
L’échec des sorties de crises dans les pays maghrébins en est une illustration faute de ne pas prendre en compte les aspirations de toutes les composantes de la société toute entière.
La société civile n’ayant pas été consultée par ces médiateurs autoproclamés, nous ne nous sentons pas concernés par une telle médiation et donc, les résultats ne nous engagent pas. Le ciment de toute nation, le fondement de toute République digne de ce nom, c’est sa Constitution, qui organise et règle les modes de dévolution du pouvoir.
Or, nous constatons que les médiateurs mettent sur le même pied d’égalité un principe cardinal, à savoir l’alternance, consacrée par l’article 37 de la Constitution maintes fois malmené et une « loi pirate » et celle sur le Sénat adoptée en catimini pour dévoyer toute idée de limitation des mandats présidentiels dans notre pays. Il ne peut y avoir une équidistance entre ces deux. Pour nous, Mouvement « le Balai Citoyen », la médiation, si elle veut être crédible, devrait aider le président Blaise Compaoré à respecter le serment qu’il a prononcé à son investiture après son élection en novembre 2010.
Du reste, concernant « les garanties de sécurité » après son mandat, une loi d’amnistie a été votée en 2012 par la majorité mécanique du CDP. Qu’est-ce que notre peuple doit consentir de plus pour le « supplier » de respecter la Constitution ?
C’est là que nous pensons que l’idée d’une « transition politique » qui viserait une prolongation, quelle que soit la durée, est à la limite de la provocation. Comment peut-on oser proposer la prolongation du mandat d’un président pour son propre plaisir à lui et ses partisans ?
Le mouvement le Balai citoyen met en garde les partis politiques d’un éventuel deal politique derrière le dos du peuple, ce qui aggraverait dangereusement la situation nationale. S’il doit y avoir transition, elle ne peut se faire que dans le respect de la Constitution, donc dans la période comprise entre 2014 et fin 2015. Et pour nous, le pays a déjà amorcé sa transition politique depuis la dernière élection présidentielle de 2010. Nous sommes déjà dans la transition. Nous demandons seulement qu’on respecte notre Constitution en l’état .
Ensemble, on n’est jamais seul !
Notre nombre est notre force !
Pour le Mouvement le Balai citoyen
La Coordination Nationale