Responsable d’Elite Voyage, Salif Léonce Diarra est également président de l’Association des professionnels du voyage et du tourisme au Burkina Faso (APVT-BF). Très informé des difficultés que connait le secteur du tourisme au Burkina Faso, Léonce Diarra ne passe pas par quatre chemins pour en parler. Dans l’interview qu’il nous a accordée ce mercredi 22 août 2012, il parle des difficultés que vivent les agences du voyage et du tourisme dans cette période corsée marquée par la crise au Nord Mali. M. Diarra se prononce également sur le Salon international du tourisme et de l’hôtellerie de Ouagadougou (SITHO) qui se tiendra du 27 au 30 septembre 2012 dans notre capitale.
Lefaso.net : Comment se portent aujourd’hui les agences de voyage ?
Salif Léonce Diarra : les agences de voyage se portent plutôt bien. C’est vrai que nous avons traversé une période assez difficile en 2011 mais ceux qui font de la billetterie, s’en sortent un peu mieux maintenant comparativement à ceux qui font exclusivement au tourisme.
Quelles sont les spécificités des agences qui composent aujourd’hui l’APVT-BF ?
L’association, comme son nom l’indique, regroupe des professionnels du voyage et du tourisme. Nous avons en notre sein ceux qui font exclusivement du tourisme, ceux qui font exclusivement de la billetterie et ceux qui font les deux. C’est d’ailleurs encouragé que les agences fassent du tourisme et de la vente des billets d’avion. Comment appréciez-vous l’affluence des touristes au Burkina Faso ? Le Burkina n’était déjà pas une destination très prisée avant les évènements de 2011. Après ces évènements, la situation s’est davantage compliquée et l’insurrection des islamistes au Nord Mali a totalement empiré la situation du tourisme au Burkina. Pour encourager la destination Burkina, le gouvernement a pris depuis l’année dernière des mesures, notamment la baisse du coût des visas, qui passe de 100 mille francs CFA à 50 mille FCFA. Nous espérons que de telles initiatives vont attirer d’avantage de touristes vers notre pays.
Des islamistes occupent aujourd’hui le Nord Mali. Quelles sont les destinations préférées des touristes qui viennent au Burkina ?
Les quelques rares touristes viennent pour la plupart pour la chasse. D’autres viennent pour le tourisme de vision. Pour cela, ils préfèrent Nazinga. Sinon c’est compliqué. Nous échangeons avec d’autres agences de voyage membres de notre association. Mais il faut avouer que la situation est plus ou moins alarmante.
Comment doit s’y prendre un touriste qui souhaite venir au Burkina ?
Il peut de là bas préparer son séjour. Les agences de voyage sont beaucoup plus organisées que ce que certains croient. Toutes les agences ont des sites internet et font à leur manière la promotion du tourisme au Burkina Faso. Ce n’est d’ailleurs pas leur travail de faire la promotion du tourisme burkinabè puisque le gouvernement dans sa politique doit promouvoir la destination Burkina. C’est déjà fait mais nous pensons que ça peut être davantage fait. Nous avons donc notre portail internet et avons instauré le label de qualité. Nous avons aussi un lien sur le site de l’ONTB. Les agences de voyage qui répondent à certain normes ont le label de qualité. Et c’est un avantage certain pour nous auprès des touristes qui voudront venir au Burkina.
Du 27 au 30 septembre 2012 se tiendra à Ouagadougou le SITHO (Salon international du tourisme et de l’hôtellerie de Ouagadougou). Qu’attendez-vous de cette rencontre ?
Nous attendons comme d’habitude du SITHO qu’il soit un grand évènement qui puisse booster le secteur touristique au Burkina Faso. Nous espérons que la 9e édition ne sera pas une plus mais que les acteurs du secteur privé et du gouvernement pourront, chacun, tirer son compte. Surtout que nous avons élaboré, il y a quelques jours, le bilan des derniers SITHO.
Un mot sur le bilan…
Disons que le bilan a été fait. L’APVT-BF a pleinement participé à la réalisation de ce bilan. C’est d’ailleurs le lieu de remercier le Ministère de la Culture et du tourisme qui nous associe aux activités qu’il organise.
Vous avez souhaité que la 9e édition permette au secteur privé et au gouvernement de tirer chacun son épingle du jeu. Est-ce à dire que les membres de l’APVT-BF n’ont pas trouvé leur compte lors des éditions passées ?
Pour vous dire la vérité. Près de 80% des agences de voyage n’ont pas pour l’instant eu des retombés du SITHO dans leurs activités. On me dira que nous ne sommes qu’à la 9e édition. Mais nous souhaitons vraiment à partir de cette édition capitaliser les éditions précédentes afin de réaliser un bond qualitatif dans les activités touristiques.
L’édition 2012 du SITHO se tient sous le thème : « Tourisme et transport au Burkina Faso : quelle stratégie pour une meilleure desserte ? ». Quelle peut être la contribution du transport dans l’amélioration de la desserte au Burkina ?
Le transport est un facteur déterminant pour le développement touristique au Burkina Faso. Les pays africains sont les destinations les plus chère notamment ceux de l’Afrique de l’Ouest. Pour les touristes occidentaux, il est moins cher d’aller dans les pays de l’Afrique de l’Est où le tourisme est plus attractif que de venir en Afrique de l’Ouest. Les coûts des billets sont exorbitants. Je pense que ce thème doit pouvoir souligner la nécessité de baisser le prix du transport vers le Burkina afin que de permettre à ceux qui veulent venir ici et qui ne peuvent pas le faire puissent un jour déposer leurs valises au Pays des hommes intègres.
Le tourisme burkinabè est riche eu égard aux multiples sites que compte le pays. Que faut-il faire de positionner véritablement les sites burkinabè ?
La détérioration des sites culturels est le seul problème, à mon avis, du tourisme burkinabè. Nous profitons de cet entretien pour lancer un cri de cœur à l’endroit des autorités afin que des dispositions soient prises pour rénover les différents sites touristiques du Burkina Faso. Au niveau de l’APVT-BF, nous sommes prêts à nous mettre ensemble avec le gouvernement afin de trouver des voies et moyens pour le faire. Nous sommes des spécialistes du domaine mais nous voulons un accompagnement. Si vous allez sur certains sites, il est difficile d’y passer la nuit parce que les infrastructures manquent. Alors que le développement du tourisme passe par le réaménagement des sites.
Quelles sont les difficultés auxquelles les agences de voyage font face au Burkina ?
Je vais surtout parler de la concurrence. Il y a des agents que nous recrutons et que nous formons mais à la longue, ces personnes nous piquent le peu de clients que nous avons. C’est ce que nous appelons des agences sac-à-dos. Ils n’ont pas de bureau ni d’agréments. Mais ils exercent en toute illégalité. Nous avons entrepris avec le ministère un travail qui consiste à répertorier les agences de voyage qui répondent aux règles. Le problème devient sérieux parce que des touristes contactent, à leur risque et péril, directement des personnes qui ne sont pas connues des autorités. Si ces touristes ont des problèmes, ce sera très dangereux.
Parlez-vous des guides touristiques ?
Pas forcément. Parce que ces guides jouent pleinement leur rôle. Sans un guide, il ne peut pas avoir un circuit touristique. Mains l’un dans l’autre, chacun doit jouer son rôle. Je remercie lefaso.net qui a pris la peine de venir vers nous afin d’avoir les informations vraies parce que certains parlent sans savoir ce dont ils parlent.
Votre mérite est de venir vers des professionnels du voyage et du tourisme pour avoir leur point de vue sur une situation donnée. Je lance, profitant de l’occasion, un appel à tous les responsables d’agences de voyage et de tourisme de faire du SITHO leur affaire et de s’impliquer massivement afin que nous puissions faire de la 9e édition, une réussite.