Des populations de la commune rurale de Komsilga ont été ‘’chassées’’ de leur ‘’maison’’ depuis le 2 février 2014. La raison serait que les déguerpis se retrouveraient sur le terrain d’autrui, en l’occurrence un nommé Jacques Ouiya, qui voudrait y construire un bâtiment.
Des femmes couchées sous des arbres à même le sol, des enfants visiblement affamés, des jeunes révoltés, des marmites et des nattes par-ci, des plats, des sacs de vêtements, du bois de cuisine par-là , six (6) véhicules de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) postés sur les lieux. C’est le constat fait par notre équipe, dans l’après-midi du 3 février 2014, dans la commune rurale de Komsilga. Selon les informations recueillies auprès des ‘’déguerpis’’, il s’agit d’un problème de parcelle. A entendre un conseiller municipal de la commune rurale de Komsilga, Dramane Zongo, ces personnes vivent dans ces quartiers non-lotis depuis longtemps. Elles auraient acquis "leurs parcelles" avec des habitants de Tanga-Nord, une localité de Komsilga. Mais à leur grande surprise, depuis le 19 janvier 2014, un homme, document à l’appui, dit être le propriétaire du terrain. Ce jour-là, il demande aux occupants de décamper sous le prétexte qu’il veut viabiliser ses terres évaluées à 14 hectares. Le propriétaire terrien, selon la population, aurait promis de dédommager les populations qui occupaient ses terres. Le conseiller municipal, Dramane Zongo, dit avoir proposé au soi-disant propriétaire légal du domaine de se présenter avec les personnes qui lui ont vendu les 14 hectares et aux populations d’en faire autant. Ce que toutes les parties ont accepté, souligne le conseiller municipal. Le jour du rendez-vous, les populations se sont présentées, accompagnées de leurs vendeurs. Mais point de négociants ou de vendeurs dans le camp du prétendu propriétaire, nous apprend-on. Et une victime du déguerpissement de dire ceci : « Cela prouve qu’il y a quelque chose de louche dans cette affaire. Comment une seule personne va détenir 14 hectares de terrain ? ». Par ailleurs, les délogés disent avoir cassé le mur du propriétaire, parce qu’il avait commencé à leur mettre la pression, en leur refusant catégoriquement l’accès à leur demeure. C’est cet acte qui a justifié l’arrestation par la CRS de plus de 20 manifestants. « Nous n’avons pas dit que nous ne partons pas, parce que si ses documents sont clairs, il n’ y a pas de problème. Mais venir nous déguerpir de la sorte, nous trouvons que ce n’est pas normal. Nous avons aussi nos témoins », s’est indigné Chaibou Cissé, un déguerpi.
De leur côté, les femmes affirment avoir été privées de bain et de nourriture depuis deux jours. « Tout ce que nous voulons, c’est où dormir et nourrir nos enfants. Même pour avoir accès à nos maisons pour enlever des comprimés, les forces de l’ordre refusent », a martelé une femme. Avant de conclure à l’unanimité qu’ils souhaitent que l’Etat intervienne pour qu’ils ne dorment pas à la belle étoile. Cherchant à rentrer en contact avec le ‘’propriétaire légal’’ du terrain, nous nous sommes renseignés auprès d’un officier de police sans succès. Aux dernières nouvelles, les sans-logis auraient demandé refuge chez le Mogho Naaba.