Le fait est assez rare pour passer inaperçu: le président du Faso pourrait bien être absent au sommet des chefs de l’Etat de l’Union africaine qui se tient du 30 au 31 janvier 2014. L’absence de Blaise Compaoré sera d’autant plus remarquée que des dossiers aussi importants que ceux concernant les conflits en Afrique seront évoqués au cours de cette rencontre dans la capitale éthiopienne.
En effet, à Addis-Abeba, bien que le thème central du sommet porte sur la «Sécurité alimentaire», selon nos confrères de RFI, «les mesures et prises de position politiques sur les conflits en cours seront annoncées lors d’un conseil de paix et de sécurité de l’Union».
Dans cette logique, compte tenu du rôle important de médiateur que le Burkina Faso joue dans la plupart de ces crises, notamment au Mali pour la dernière en date, sa présence effective au sommet à cette réunion paraissait plus qu’évidente. Mais, le mercure politique qui ne cesse de monter au pays de Blaise Compaoré pourrait bien empêcher celui-ci d’être aux côtés de ses pairs en Ethiopie. Du reste, le classique communiqué de la direction de la presse présidentielle qui annonce presque toujours aux différentes rédactions les voyages officiels du locataire du palais de Kosyam se faisait toujours attendre, au moment où nous tracions ces lignes.
Qui plus est, de source proche de la présidence burkinabè, l’agenda du chef de l’Etat prévoit des audiences. Sauf décision de dernière minute, Blaise Compaoré, en excellent footballeur et en bon stratège politique, ayant l’art de prendre son entourage à contre-pied, pourrait bien ne pas être aux côtés de ses pairs en Ethiopie.
La sortie attendue de JBO
En tout cas, s’il ne bouge pas de Ouagadougou, Blaise Compaoré aura l’opportunité de suivre de près le message que rendra public, ce jeudi 30 janvier, l’ex-président Jean-Baptiste Ouédraogo, à travers une conférence de presse. «Face à la situation politique nationale de plus en plus délétère, un groupe de personnalités s’est autosaisi du problème (…). L’objectif poursuivi est de faire prévaloir le dialogue dans la recherche de solutions au problème sociopolitique», énonce l’invitation à la rencontre avec le groupe qui se présentera sans doute, en médiateur pour calmer les soubresauts qui secouent actuellement la classe politique burkinabè. Au sein de ce groupe de personnalités figure le médecin-commandant Jean-Baptiste Ouédraogo, qui sort rarement de la réserve qu’il s’est imposée depuis la fermeture de la parenthèse politique qui l’a amené à présider aux destinées de la Haute Volta (aujourd’hui Burkina Faso), du 8 novembre 1982 au 4 août 1983.
Paroles d’or
En rappel, Jean-Baptiste Ouédraogo a été président de la Haute Volta, porté par l’armée de son pays, suite au coup d’Etat qui a chassé Feu Saye Zerbo du pouvoir. JBO sera lui-même remplacé par Feu le capitaine Thomas Sankara, suite au putsch du 4 août 1983 qui consacra l’avènement de la révolution burkinabè. Celui qui deviendra le fondateur de la Clinique Notre Dame de la paix, sera emprisonné pendant deux ans à Pô, ville qui abrite le célèbre Centre d’entraînement des commandos. Après les disparitions de Maurice Yaméogo, Thomas Sankara, Sangoulé Lamizana et Saye Zerbo, il est le seul ancien chef de l’Etat burkinabè encore en vie. La sortie de JBO, ce 30 janvier, devrait donc valoir son pesant d’or dans cette conjoncture de convulsions sociopolitiques que vit le Burkina.