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Sidwaya N° 7591 du 29/1/2014

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Mercure: Mangeons burkinabè !
Publié le mercredi 29 janvier 2014   |  Sidwaya


Nestorine
© Autre presse par DR
Nestorine Sangaré, ministre de la promotion de la Femme et du Genre


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Au moment où la 3e édition de la Semaine nationale des arts culinaires (SNAC) bat son plein à Ouagadougou, le débat sur la promotion de la gastronomie burkinabè reprend ses droits. On le sait, cette initiative chère au gouvernement est née du constat selon lequel, les mets locaux sont faiblement promus et valorisés. L’objectif principal de la SNAC est donc d’inverser la tendance, pour sauver un pan de la culture burkinabè. Cette tâche que les gouvernants se sont imposés, et qui repose en premier sur les épaules de la ministre de la Promotion de la femme et du Genre, Nestorine Sangaré, n’est pas de trop. Elle vaut son pesant, à considérer les réalités de notre temps.
Nombreux sont les Burkinabè aisés ou pas, surtout les citadins, à avoir pris goût aux plats occidentaux. Dans les assiettes de certains, on retrouve du couscous de blé, des petits pois, des pâtes alimentaires assorties de sauces en tous genres et que savons-nous encore. Chez d’autres, ce sont des pizzas à volonté, du pain anglais, des petits fours et autres saveurs. Des plats plus ou moins occidentaux, qui ne sont pas étrangers à bon nombre d’entre nous certes, mais qui ne collent pas à vrai dire à nos habitudes alimentaires. Sans oublier que les spécialités de certains pays de la sous-région ouest-africaine, tels que la Côte d’Ivoire et le Sénégal, ne finissent pas de séduire les Burkinabè. Référence peut être faite au placali (sorte de tô de manioc), au « tiep bou djenn » (riz gras typiquement sénégalais), au riz sauce graine des Ivoiriens, et on en passe. Reconnaissons alors que la gastronomie étrangère a une influence réelle sous nos cieux, même s’il faut admettre que la gastronomie par essence ne connaît pas de frontières.
Totalement conquis par les plats occidentaux, les moyens financiers aidant, certains parents y entraînent leurs progénitures. Ils ont quasiment tourné le dos à la nourriture de leurs ancêtres. Leurs enfants aussi sont sur la voie. Dans leur vocabulaire, point de tô à la sauce feuilles, de gonré, de zamnin, de gappal sahélien, etc. A ce rythme, l’on se demande quelle place occupera la gastronomie burkinabè, dans dix, vingt ou quarante ans. Et l’interrogation est d’autant plus grande, que si des efforts ne sont pas faits pour promouvoir les mets locaux, ils n’auront plus de visibilité à l’avenir. Rares sont les restaurants burkinabè où l’on trouve des mets locaux. Et à ce que se dit, cela ne fait pas vraiment l’affaire des restaurateurs. Les clients, amateurs de mets locaux, n’étant pas majoritaires, selon toute vraisemblance.
Aux manifestations sociales (mariages, baptêmes…), on ne tombe pas toujours sur des plats locaux, à quelques exceptions près. Autre fait : beaucoup de Burkinabè n’ont pas encore compris la nécessité et l’enjeu économique de consommer le riz local. Malgré les efforts des dirigeants, qui consentent des milliards pour booster la filière, d’aucuns boudent à tord ou à raison le riz local. Au prétexte qu’il ne gonfle pas ou n’a pas bon goût. Alors, comment valoriser les mets locaux dans pareil contexte ?
Cette épineuse question ne désarme nullement le gouvernement. Avec le soutien des bonnes volontés, l’exécutif a pris les devants, multipliant les initiatives, pour changer la donne. Outre la SNAC, des cadres comme la célébration tournante de la fête nationale dans les régions servent à valoriser les mets locaux, aux valeurs nutritives attestées. En marge de la célébration du 53e anniversaire de l’accession à l’indépendance du Burkina Faso en décembre 2013 à Dori, un buffet à base de mets locaux a été proposé aux membres du gouvernement, par le ministère de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire. A l’occasion, le chef de ce département, Mahama Zoungrana, avait annoncé l’ouverture prochaine d’un centre de valorisation de mets locaux à Ouagadougou. Signe que le devoir de valoriser la gastronomie burkinabè s’impose. Pas seulement aux gouvernants, mais à tous. Mangeons burkinabè et faisons manger burkinabè.

Kader Patrick KARANTAO
stkaderonline@yahoo.fr

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