Après son investiture comme présidente intérimaire de la Centrafrique le jeudi 23 janvier 2014, Cathérine Samba-Panza a nommé, samedi dernier, le vice-président de la Banque de développement des Etats d’Afrique centrale (BDEAC), André Nzapayeké, au poste de Premier ministre.
Peu connu du grand public, le nouveau chef du gouvernement a cependant enfilé sa nouvelle tunique avec une opinion favorable. Fonctionnaire international, il a le profil de l’emploi pour avoir assumé des responsabilités ayant trait au développement et à la gestion des conflits. Ainsi donc, même si le terrain est difficile, ce technocrate chevronné de 62 ans a l’avantage de s’y connaître pour s’être déjà familiarisé avec les questions de démobilisation et de réinsertion de combattants.
Avec Cathérine Samba-Panza, le locataire de la primature a la lourde tâche de mettre en place une équipe gouvernementale consensuelle ; une équation qui n’est pas aisée à résoudre eu égard aux ambitions des forces en présence dont certaines revendiquent des ministères de souveraineté. L’ancienne opposition à Bozizé va même jusqu’à remettre en cause la nomination d’André Nzapayeké, estimant que le Premier ministère, selon la charte de la transition, devrait lui revenir.
Ce sont là une situation et des déclarations qui n’augurent rien de bon à l’image de la cacophonie sur le théâtre des opérations, où l’ONG Amnesty International accuse les forces françaises et africaines de ne pas suffisamment protéger les musulmans. Ce à quoi l’opération Sangaris répond en invoquant le manque de moyens et l’absence de la police locale, qui ne lui permettent pas d’agir efficacement. Certes Amnesty est une organisation sérieuse mais on voit mal la France et la MISCA choisir de se rallier à une confession religieuse pour massacrer ou laisser massacrer une autre.
En réalité, tout ce chahut est à l’image de la situation générale du pays, où l’Etat n’existe plus. Et puisque les choses ne changent pas, on ne cessera de le répéter, la Centrafrique est devenu aujourd’hui un no man’s land dont l’état de déliquescence fait craindre le pire : un génocide, comme le redoute l’ONU.
La tâche du nouveau Premier ministre s’annonce donc ardue : non seulement il doit réussir à former une équipe de consensus, mais également il doit s’atteler au plus vite à restaurer l’autorité de l’Etat, à remettre la fonction publique au travail, à désarmer les milices et mettre fin aux violences.
On espère que les Centrafricains vont mettre en sourdine les intérêts individuels égoïstes pour voir l’intérêt supérieur de la nation afin d’éviter la rwandisation du pays qui se réalise par touches successives.