Beaucoup se demandent ce que demain sera fait pour le Burkina Faso. La lutte politique pour la présidentielle de 2015 est lancée. Mais l’allure pour la conquête du pouvoir suscite des inquiétudes en ville comme en campagne. Tous les scénarii peuvent être imaginés.
Premier scénario : imaginons que le référendum pour la mise en place du Sénat et pour la relecture de l’article 37 de la Constitution se tienne entre 2014 et 2015. Il est fort à parier que ceux qui s’y opposent continueront à battre le macadam. Mais pendant combien de temps encore les précurseurs de ce mouvement de protestation réussiront-ils à contenir leurs troupes ? La question mérite d’être posée car certains de ceux qui marchent le font pour et par eux-mêmes. Le seul point commun entre les différents groupes ou les sous-groupes est le « changement ». Peu importe les voies et moyens pour y parvenir ! Et cela est à craindre. Il faut craindre en effet une perte de contrôle du mouvement ; ce qui assurément ne manquera pas de perturber, voire annihiler toute action de construction du Burkina Faso. A ce jeu, une déstabilisation du pays est à craindre.
Deuxième scénario : le pays est plongé dans une crise profonde. Rupture de dialogue entre les deux camps. Les positions se durcissent et se radicalisent. Toutes les voies de dialogue sont bouchées. Intervient alors un troisième acteur : la grande muette. Ce sera un grand retour en arrière, une remise en cause profonde des acquis démocratiques et un grand ternissement de l’image du pays et de ses habitants. Bonjour l’incertitude. Dans un tel cas de figure, tout est à refaire. Le pays connaîtra un passage à vide. Il faudra un minimum de deux ans pour espérer refaire surface. Et ce n’est pas évident.
Troisième scénario : qu’on imagine le président Blaise Compaoré quitter le pouvoir au terme de son second mandat en fin 2015 comme le prévoit la Constitution actuelle. Qui de tous les présidentiables pour lui succéder dans la paix et la stabilité ? A chacun son candidat et à chacun ses convictions. L’essentiel, c’est d’éviter les troubles au Burkina Faso.
Imaginons enfin qu’il y ait connexion entre syndicats et formations politiques dans ce contexte difficile fait de revendications et de grèves. Mixtion très dangereuse d’entités aux intérêts complètement divergents. Si cela arrivait au « pays des Hommes intègres », ce sera catastrophique. Comment comptons-nous rétablir la sérénité pour le développement du Burkina Faso ? Pour le moment, ce pays peut se vanter de sa paix et de sa stabilité. Beaucoup de partenaires nous observent chaque jour dans notre façon d’agir. Nous le disons, personne n’a intérêt à hypothéquer le socle de développement qu’est la paix. Ces scénarii qui ne sont pas exhaustifs exigent au moins des Burkinabè, beaucoup de sagesse et de responsabilité. Blaise Compaoré a beaucoup fait pour son pays. Les propos du genre, « il n’a rien fait » sont à bannir car fondés sur le mensonge et la délation. Au lieu de nous focaliser sur son départ, posons-nous la question suivante : quel Burkina Faso voulons-nous après 2015 ? Que ceux qui rêvent de gérer le pouvoir proposent aux Burkinabè, des projets de société, des perspectives dignes d’intérêt. Or, que constatons-nous jusqu’à présent ? On dénonce sans proposer. On critique sans dire qu’est-ce qu’on fera de mieux, avec quels moyens ? Etc.
Pour le moment, ce sont plutôt les discours démagogiques qui ont pignon sur rue. Les vendeurs de rêves et les illusionnistes de tous genres ont refait surface. Pourvu que le réveil ne soit pas douloureux pour le peuple burkinabè.