Presque deux ans après sa défaite de la tumultueuse présidentielle ivoirienne de 2010 et plusieurs mois après son transfèrement à la prison de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, Laurent Gbagbo continue de faire la Une des journaux ivoiriens. Ses partisans, que l’on accuse à raison ou à tort de mettre le bâton dans les roues du nouveau régime, ne ratent aucune occasion pour rappeler le sort de leur champion à l’opinion ivoirienne et internationale. C’est de bonne guerre.
Le 31 octobre dernier, ils étaient encore des milliers devant la CPI pour demander qu’on leur rende «leur président». Mais il n’y avait point de Gbagbo dans le prétoire ce jour-là. Ceux qui attendaient une «apparition» du leader du Front populaire ivoirien, ne serait-ce à qu’à la télévision, n’ont pas été moins déçus. Ils l’ont été encore plus en apprenant à l’issue de l’audience que «le christ de Mama» sera maintenu en prison, contrairement à la rumeur qui parlait de sa libération provisoire et de son déplacement vers un pays africain.
Si le débat sur le sort de l’ancien chef d’Etat ivoirien suscite autant de passion à Abidjan, c’est sans doute aussi parce que la réconciliation promise par le nouvel homme fort du pays, Alassane Dramane Ouattara, peine toujours à se concrétiser. Les nouvelles autorités ont manifestement du mal à convaincre tous les Ivoiriens d’adhérer à cette démarche.
Mais la solution serait-elle l’élargissement sans condition de Laurent Gbagbo et de tous ses collaborateurs qui croupissent aujourd’hui dans les prisons de Côte d’Ivoire? Entre le besoin de justice et l’urgence de la réconciliation, le nouveau régime à tout autant le dos au mur. Pendant ce temps, c’est la Côte d’Ivoire qui est prise en otage. Et c’est dommage!