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L’Observateur Paalga N° 8584 du 27/1/2014

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Zeph-Roch : Jusqu’où ira la cohabitation ?
Publié le lundi 27 janvier 2014   |  L’Observateur Paalga


Politique
© LeFaso.net par Bonaventure Paré
Politique : les démissionnaires du CDP créent le MPP
Samedi 25 janvier 2014. Ouagadougou. Les démissionnaires du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, parti au pouvoir) ont créé le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) au terme d`une assemblée générale constitutive. Photo : Roch Marc Christian Kaboré, président du MPP


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Faut-il encore douter, comme l’ont fait certains, de la sincérité de leur démarche lorsqu’ils ont claqué la porte du CDP, embouchant la trompette de l’opposition vers laquelle ils cheminent à grandes enjambées ? Après leur participation remarquée à la mémorable marche-meeting du 18 janvier 2014, après le lancement samedi dernier à la maison du Peuple de leur parti, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), (Lire page 9) après la profession de foi en faveur d’une «rupture avec la volonté de verrouillage de notre démocratie et avec les méthodes aventuristes et antidémocratiques de gestion du CDP» après leur acte de contrition publique, oui, après tout cela, n’ont-ils pas tout fait pour dissiper tout scepticisme sur leur reconversion politique ?

A en juger par la grande foule venue se pencher, admirative, sur le berceau du nouveau-né de l’opposition, on peut, sans risque de se tromper, affirmer que les dissidents du CDP effectuent leur mue avec une bonne dose d’opinion favorable. Et le discours du président du MPP, Roch Marc Christian Kaboré, achève de convaincre que les catéchumènes de l’opposition ont choisi pour parrain Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition (CFOP). Alors que rien ne les y contraint. Puisqu’au regard d’une nouvelle loi, l’appartenance à l’opposition n’est plus conditionnée à une déclaration préalable auprès du CFOP.

En empruntant donc l’avenue du président Maurice Yaméogo, où est situé le sanctuaire de «l’opposition réelle», Roch et ses camarades ont posé un acte qui relève à la fois du pragmatisme, de la lucidité et de l’humilité.

Un choix pragmatique : en hommes politiques avisés, les néo-opposants ont sans doute compris que la confession de leur «part de responsabilité individuelle et collective dans les insuffisances et dérives» qu’ils dénoncent aujourd’hui passe par un rapprochement avec le CFOP. Une jonction dont ils tireront bien de dividendes, car, comme l’a démontré la dernière marche-meeting, l’union fait la force.

Un sens de la lucidité : nouveaux arrivants dans le cercle des antiSénat et farouches défenseurs du verrou constitutionnel, les promoteurs du MPP, en allant toquer la porte de Zeph, reconnaissent en lui une légitimité certaine dans la lutte qui est désormais la leur. Une clairvoyance qui traduit l’habileté politique que l’on prête à nombre d’entre eux.

Un acte d’humilité : malgré leur envergure politique, électorale, sociale et financière, Roch, Salif et Simon ont su résister à la tentation de se poser en leaders présumés du mouvement de contestation contre les velléités révisionnistes de la majorité présidentielle et de son excroissance, la FEDAP/BC. Ils pouvaient, fort de leurs atouts, s’évertuer à faire bande à part. Ils ne l’ont pas fait. Un geste de modestie à mettre à leur actif.

L’un dans l’autre, nous avons là un faisceau de preuves que les dissidents du parti au pouvoir sont déterminés à doter notre pays d’une importante force politique à même d’imposer l’alternance.

Sans parti pris, on ne peut que s’en réjouir. Car notre démocratie a trop souffert des effets de dévitalisation qu’induit ce tuk-guili qui consomme même les miettes ramassées par l’adversaire. Un rééquilibrage des forces en présence ne peut que donner un peu de piquant à cette fadeur du jeu démocratique qui nous afflige tant.

Mieux, avec le Front républicain, dont la création en dit long sur la ténacité des zélateurs du déverrouillage et du Sénat, il fallait son antithèse pour donner le change.

Maintenant que Zeph et Roch sont bras dessus bras dessous pour faire pièce à l’adversaire commun, la question est de savoir si cette union, aussi sacrée que stratégique, résistera à toutes les vicissitudes inhérentes à toute coalition politique. Autrement dit, jusqu’où ira cet attelage face aux épreuves ?

Premier cas de figure : au cas où l’idée du référendum viendrait à s’imposer, quelle attitude les deux hommes adopteraient-ils ? Vont-ils parler d’une même voix ou plutôt adopteraient-ils des conduites différentes, l’un prônant le boycott et l’autre, la campagne pour le non ou vice-versa ?

Seconde éventualité : si Blaise Compaoré est, par-dessus tout, candidat en 2015, le duo accorderait-il ses violons pour faire la politique de la chaise vide avec ce que cela comporte comme effets pervers comme nous l’ont montré les expériences passées d’ici comme d’ailleurs ? Dans le cas contraire, l’opposition affronterait-elle d’emblée le président sortant en rangs dispersés quitte, par un accord républicain de désistement, à soutenir au second round son candidat qui aura obtenu le meilleur score au premier tour ? Autre question qui ne manque pas d’intérêt : face à Blaise Compaoré, l’opposition va-t-elle opter de jeter, dès le départ, toutes ses forces sur un seul candidat ?

Mais avant tout cela, une autre interrogation taraude bien d’esprits : les jointures de cette union résisteront-elles au mercato politique, pour faire dans le jargon footballistique, qui s’annonce au sein de l’opposition ? Si, comme beaucoup le prédisent, le MPP va inéluctablement siphonner bien d’autres partis, et non des moindres, alors, comment serait-elle perçue par ses alliés ? En rival dont il convient de se méfier ou en partenaire avec lequel il faut continuer de cheminer malgré tout?

Autant de questions à résoudre dans les deux ans à venir. Mais deux ans, c’est déjà aujourd’hui.

La Rédaction

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