OUAGADOUGOU- La justice burkinabè se prononcera le 5 mars sur une demande d’exhumation du corps de Thomas Sankara, dirigeant du Burkina Faso assassiné en 1987 lors d’un coup d’Etat qui porta au pouvoir l’actuel président Blaise Compaoré, a indiqué jeudi une source judiciaire.
En octobre 2010, les ayant-droits de l’ex président avaient assigné l’Etat par voie judiciaire pour ouvrir la tombe présumée et expertiser sa dépouille.
Thomas Sankara et quatorze de ses camarades, tués lors d’un coup d’État le 15 octobre 1987, ont été enterrés au cimetière de Dagnoën à Ouagadougou, sans que leurs familles ne puissent les identifier.
En avril 2006, le Comité des droits de l’homme de l’ONU, avait demandé à l’Etat burkinabé d’élucider l’assassinat de Thomas Sankara, de fournir à la famille les moyens d’une justice impartiale, de prouver le lieu de son enterrement et de dédommager la famille pour le traumatisme subi.
"Il se trouve que jusqu’à ce jour cette décision supranationale n’a jamais été appliquée", a regretté l’avocat de la famille, Me Bénéwendé Sankara, qui n’a aucun lien de parenté avec l’ex-chef d’Etat.
"Faute d’avoir eu une réponse positive, on a assigné l’Etat pour qu’il réponde devant sa propre justice et pour qu’il s’entende dire par le tribunal de commettre des experts pour l’expertise du contenu de la tombe" alors qu’une "simple décision gracieuse" des autorités aurait suffi, a poursuivi Me Sankara.
Mercredi, le tribunal de grande instance de Ouagadougou a renvoyé au 5 mars
prochain son délibéré sur cette affaire, a déclaré à l’AFP une source au tribunal.
"Ça fait 27 ans qu’on attend la justice. Je pense c’est un acte majeur fondamental qui va lui permettre, si elle le veut bien, d’avancer dans l’instruction du dossier Sankara", a observé l’avocat.
Thomas Sankara prend les rênes de la Haute-Volta par un putsch, le 4 août 1983. Le capitaine, âgé de 33 ans, proclame une "révolution démocratique et populaire" et rebaptise l’ex-colonie française en Burkina Faso ("patrie des hommes intègres").
Tribun charismatique, il met l’accent sur l’éducation et la santé. Pour combattre les détournements, il instaure des "tribunaux populaires" et donne l’exemple en vivant chichement dans un palais délabré.
Sa figure continue d’inspirer écrivains et musiciens au Burkina (et ailleurs en Afrique), malgré certaines dérives des Comités de défense de la révolution (CDR), qu’il avait instaurés.