Depuis l’éclatement de la guerre au Mali, de milliers de ressortissants de ce pays voisin ont trouvé refuge au Burkina Faso. Plusieurs organisations et associations œuvrant dans l’humanitaire leur viennent en aide en leur apportant assistance et protection. Parmi elles, il y a l’association Tin Hinane qui met en œuvre des actions de développement communautaires.
L’exil. C’est l’une des conséquences de la guerre au Nord-Mali. La crise malienne a contraint plusieurs citoyens de ce pays à se refugier dans des pays voisins notamment le Niger, la Mauritanie et le Burkina Faso. Accueillis dans des camps dans les communes de Dori, de Djibo et de Pabré, plusieurs structures onusiennes et organismes de la société civile dont l’association Tin Hinane, leur apportent assistance et protection en partenariat avec le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et la Commission nationale pour les réfugiés (CONAREF).Tin Hinane est une association créée en 1994 et engagée dans l’humanitaire et le développement communautaire et qui signifie en tamachek (la langue touarègue) « celle qui vient de loin ».
Selon les Touarègue, Tin Hinane était « une femme irrésistiblement belle et d’une grande autorité qui prit les armes pour défendre son peuple et les idéaux de son pays aux IVe et Ve siècles ». Sur les sites officiels d’accueil des réfugiés, à savoir Saag-Niogniogo (Pabré), Goudébo (Dori) et Mentao (Djibo), l’association Tin Hinane, dirigée par Mme Saoudata Aboubacrine, met l’accent sur la sensibilisation et l’information pour agir sur les comportements et faire adopter de bonnes pratiques afin que les communautés s’approprient les services communautaires. C’est dans ce cadre que l’association organise régulièrement avec les réfugiés des sites de Goudébo, Saag-Niogniogo et Mentao, des opérations de salubrité pour rendre confortable et plus hygiénique le cadre de vie des communautés qui y vivent. A Saag-Niogniogo, en plus de ces services de développement communautaires, l’Association a initié en partenariat avec le Ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation (MENA) et l’UNICEF, dix centres d’alphabétisation en langues tamachek et sonraï pour occuper sainement les réfugiés et renforcer également leurs capacités au regard du faible taux de scolarisation et d’alphabétisation au sein de ces communautés.
Ce sont au total 300 réfugiés (75 hommes et 225 femmes) qui apprennent chaque jour à lire et à écrire dans leurs langues maternelles. Lors d’une visite sur le site de Saag-Niogniogo, en décembre 2013, les stagiaires ont souligné l’intérêt des cours d’alphabétisation de Tin Hinane dont l’objectif est, selon l’animatrice principale de l’association sur ledit site, Awa Warzagane, de permettre aux apprenants de mieux s’épanouir dans leurs langues maternelles. Madame Warzagane s’est réjouie de la mobilisation et de l’assiduité des femmes en dépit de leur charge quotidienne dans la gestion de leurs ménages. Apprenante au cours de tamachek, Aïssatou Wasiloua, mère de 6 enfants, a suggéré une prise en charge des enfants des femmes stagiaires en eau et en goûter. Selon elle, le formidable travail d’alphabétisation de l’association est un peu entaché par des enfants en pleurs pendant les leçons.
« Un enfant en pleurs à cause de la faim, c’est une mère embrouillée et non attentive au cours », a-t-elle dit. Egalement apprenante, Tinabaraka Aboubakar, mère de deux filles, a fait remarquer que malgré les difficultés, elle entend réussir afin de transmettre ses connaissances à ses enfants. Du côté de la classe de Sonraï, la mobilisation et la motivation sont également féminines. Elles sont 27 contre 3 hommes à vouloir pouvoir lire, écrire et calculer sous la pédagogie de Seydou Maïga, le formateur. « Quand une femme sait lire et écrire, elle assimile mieux les prescriptions des agents de santé, ce qui est très important dans la promotion de la santé de la reproduction », a expliqué le chargé de programme de l’association Tin Hinane,
Arouna Yaro. Pour souligner la relation entre les différentes interventions de sa structure, vu que la santé de la reproduction est aussi l’un des champs d’action de la structure au profit des réfugiés, pour le président du comité-directeur des réfugiés du camp de Saag-Niogniogo, Mouhamed Mod Ahmouloud, il est impératif de motiver matériellement ou financièrement les apprenants pour plus de succès. Dans sa stratégie d’intervention et à l’instar de plusieurs organisations apportant l’assistance et la protection aux réfugiés maliens, l’association Tin Hinane prend également en compte les communautés-hôtes à travers des actions de développement communautaires.
Il s’agit aussi de faciliter la cohabitation pacifique et le dialogue intercommunautaire entre réfugiés et populations environnantes par des actions de sensibilisation. Il faut noter que Tin Hinane est membre de la coordination humanitaire au Burkina Faso et se positionne par sa maîtrise du milieu et de la culture des réfugiés comme un partenaire important de l’UNHCR depuis l’afflux massif de réfugiés maliens au Burkina Faso. L’Association Tin Hinane est actuellement présente dans trois pays ouest-africains : Burkina Faso, Mali et Niger.