Le pouvoir se remet peu à peu du choc (pour ne pas dire du (KO) ressenti après les démissions de trois de ses piliers. Les réunions se succèdent à un rythme effréné au siège du Congrès pour la démocratie et le progrès et certainement dans d’autres officines. Toute cette agitation a un seul but : minimiser l’impact des démissions sur les assises et la stabilité du régime. Participe de cette opération visant à redorer le blason du CDP, du président Blaise Compaoré et du pouvoir, la tenue, le 11 janvier prochain, à Bobo-Dioulassso, d’un meeting de la FEDAP/BC (Fédération associative pour la paix et le progrès avec Blaise Comparé). Cette association, à la faveur du nouveau contexte de crise au sein du CDP, fera d’une pierre deux coups : remobiliser les troupes dont le moral a dû être touché par la nouvelle donne, et préparer les esprits, à défaut de le lancer officiellement, au projet de pétition en vue de demander la révision de l’article 37. C’est de bonne guerre, qu’en politique, on ne laisse pas transparaître ses faiblesses et ses moments d’angoisse. Mais dans le cas d’espèce, le pouvoir burkinabè, comme à son habitude, fait la politique de l’autruche, en refusant de reconnaître la gravité de la crise qui secoue son principal outil de conquête et de préservation de son hégémonie, le CDP. Spécialistes de la fuite en avant et des barouds d’honneur, les tenants du pouvoir ne s’avouent jamais vaincus dans la bataille des idées. De sorte qu’ils accumulent les erreurs, jusqu’au jour où elles leur explosent à la figure. Les émeutes et mutineries de 2011 nous l’ont tragiquement démontré. Et comme s’ils n’avaient rien retenu de cette situation dommageable pour l’ensemble des Burkinabè, voilà les militants du CDP, de la FEDAP/BC et de l’ensemble de la galaxie Compaoré, à nouveau à l’œuvre dans des actions pouvant créer le chaos au Burkina.
Il est en effet légitime de se demander s’il est opportun pour la FEDAP/BC d’organiser actuellement une manifestation publique pour parler de pétition en faveur de la non-limitation des mandats présidentiels. On peut comprendre que cette association veuille montrer que le régime tient la barre. Mais dans un contexte aussi sensible que fragile, est-ce prudent d’engager un bras de fer qui ne fera qu’envenimer la situation ? La FEDAP/BC, le CDP et tous les autres thuriféraires du régime ont mieux à faire. La priorité serait d’analyser, en toute sérénité, ses forces et ses faiblesses, reconnaître ses erreurs, de sorte à contenir l’hémorragie des défections. Quand on gouverne, on doit prendre le temps de la réflexion profonde en toute circonstance. Et dans ce cas de figure, il aurait été bon que le CDP, lance de fer du pouvoir, s’assumât de façon plus sereine. Malheureusement, c’est la logique de la confrontation qui prend le dessus. A ce rythme, des affrontements ne sont pas à exclure si la démonstration de force prend le pas sur la sagesse. C’est donc une erreur de la FEDAP/BC que de vouloir organiser une manifestation de soutien à Blaise Compaoré afin qu’il se perpétue au pouvoir. Certes, le choix de Bobo n’est pas anodin puisque la capitale économique est sous le contrôle d’un poids lourd resté fidèle au parti, à savoir Soungalo Appolinaire Ouattara. Il ne faut toutefois pas tenter le diable. La sérénité doit guider toutes les actions ces temps-ci au sein du pouvoir. Mais cela ne semble pas être le cas quand on persiste à parler de pétition pour un référendum dans un contexte aussi tendu. Il faut éviter de tomber dans les provocations inutiles mais qui peuvent avoir des conséquences très fâcheuses pour le pays. Cette attitude est d’ailleurs aux antipodes des slogans sur la paix et la stabilité que l’on brandit à tout vent. Dans un contexte où les susceptibilités sont à fleur de peau, tout peut dégénérer à tout instant. D’autres peuvent avoir l’excuse de perdre leur sang-froid, mais pas le pouvoir.