Président du Comité culturel de la génération des trois Testaments, Diafar Héma Ouattara est connu pour sa prise de position pour des sujets religieux, sociaux…A ce début du nouvel an, il formule ses vœux pour le Burkina, parle de l’intolérance religieuse et invite les dirigeants à aider le peuple à cultiver la paix. Interview.
Pour vous, le Christianisme et l’Islam sont deux religions qui ne devraient pas avoir un problème de coexistence. Quelle explication faites-vous de votre vision ?
Dans les coutumes, il y a une différence car elles appartiennent aux Hommes. Mais quant à la religion, elle est venue d’une seule voie. Quand le musulman dit, Lahilaha Ilalaa, le Chrétien dit Alléluia. C’est la même chose ! Il n’y a pas de différence. Donc Christianisme et l’Islam, c’est pareil. Ce sont des gens qui créent une différence comme c’est le cas au niveau des clans. Quand on dit qu’il y a forgeron, Griot, Peulh et j’en oublie, je dis non ! Dieu a dit, « Vous êtes tous des descendants d’un homme, Adam et Eve. Nous vous avons dirigés en rang avec des tribus distinctes et le vrai descendant de Dieu est celui qui le craint le plus. Il n’y a donc pas de différence.
S’il n’y a pas de différence entre le Christianisme et l’Islam, pourquoi des chrétiens et des musulmans s’entretuent partout dans le monde ?
Ce ne sont pas des chrétiens et des musulmans qui s’entretuent ! Les gens parlent souvent de guerres religieuses. Je dirai que la religion fait partie des ingrédients. Sinon un bon chrétien reconnaît le musulman dans la Bible et vice-versa. Jésus a toujours dit, « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. Quand celui qui fait le constat sera là, il vous conduira … » ! Jésus sait qu’il va venir. Et quand il enseigne, il sait qu’il y avait des portes fermées. Il a dit aussi cherchez, vous trouverez. Tapez les portes, on vous les ouvrira. Le « On » est au singulier. Jésus est venu prêcher la religion, la paix et non la guerre ! La guerre sainte oui ! La religion musulmane et chrétienne prônent la paix et non la violence. Un vrai musulman donne sa fille en mariage à un vrai chrétien et vice-versa. Comment deux choses pareilles peuvent se haïr et aboutir à des guerres parfois horribles ? Cette division vient de ceux qui ne sont pas de vrais chrétiens ou de vrais musulmans.
Alors, en tant qu’une personne éclairée, quel conseil avez-vous à donner à ceux qui ne comprennent pas que les deux religions sont pareilles?
Est-ce qu’ils seront prêts à écouter les conseils ? Sinon nous prêchons là-dessus depuis longtemps ! Il fit un temps où on se cachait faire les enregistrements et porter les cassettes au public. Même un voleur peut avoir nos cassettes et les auditionner. Partout, nous prêchons. C’est vous dire que nous avons essayé, mais les gens refusent de nous écouter. Nous espérons qu’un jour ça ira. Pour preuve, il y a eu des temps où on ne pouvait pas parler de Diafar comme c’est le cas de nos jours.
Pourquoi on ne voulait pas de Diafar avant ?
Au début, les gens ne croyaient pas à ce que je disais. Petit à petit, beaucoup ont compris. Surtout que je parle de leurs grands et devant ces derniers qui ne réagissent pas. Les gens ont fini par comprendre que je dis la vérité. Maintenant nous prêchons partout et nos cassettes sont en vente dans tous les marchés.
Nous sommes au début d’une nouvelle année. Quels vœux formulez-vous pour votre pays ?
La paix, rien que la paix pour le pays. La première des choses, je dirai que la paix doit venir de là-haut. Par exemple, tu es un chef de famille, tu dois cultiver la paix avec tes enfants à travers ta conduite. Il ne faut pas avoir un comportement de caméléon. L’an passé, tu as promis à tes enfants quelque chose. Le moment venu, tu parles d’autres choses. Est-ce que tu cultives la paix en te comportant ainsi ? Un vrai chef quand il dit oui, c’est oui. Quand il dit non aussi c’est non. Il faut que les ministres et le Président du Faso respectent leur engagement pour que vive la paix au Faso. Au Burkinabè, je demande à tous et à toutes de faire valoir leur sens du patriotisme. Le mal ne doit pas dominer le bien. Travaillons de sorte que le peu qu’on a comme acquis, soit préservé. C’est pourquoi, je demande à tous les acteurs de l’éducation de revoir leur manière. Par exemple, quelqu’un qui vient te voir à domicile, tu dis à ton fils de lui dire que tu es absent. Demain, si c’est ton fils qui a besoin de toi par personne interposée, quand on lui dira que tu n’es pas là, le même fils ne va jamais croire à ce qu’on lui dit. Alors faisons de sorte que les enfants aient les bonnes manières depuis nos foyers. Une fois de plus, j’invite nos dirigeants à respecter leur parole donnée. J’invite les Burkinabè à choisir le bien et laisser le mal. Le mal ne doit pas rester parmi nous. Que Dieu sauve notre pays.
