Nous sommes aux portes ou au début du mois de novembre 2012, et le chrono des élections couplées tourne, infernal. Les événements s’accélèrent au niveau de tous ceux qui sont concernés par le scrutin. On a suivi et on suit avec grand intérêt la validation des listes de candidatures des municipales par les Commissions électorales communales indépendantes et les développements judiciaires de certains dossiers de candidatures, que ce soit aux législatives ou aux municipales. Les faits les plus emblématiques sont l’invalidation des listes du Congrès pour la démocratie et le progrès (à Gourcy notamment), les plaintes déposées contre la candidature d’Ousmane Guiro aux municipales et celle de trois magistrats aux législatives. Au moment où nous tracions ces lignes, ces affaires n’avaient pas toutes, encore d’issue. Guiro, le prisonnier en liberté provisoire peut continuer de rêver pour son élection du fait que les tribunaux lui ont donné raison. Un véritable cas d’école.
Toujours est-il que beaucoup de choses se sont passées au cours de ces derniers mois au niveau du processus électoral en cours et cela présage que certains acteurs y laisseront des plumes, si ce n’est déjà fait.
Pour les partis et formations politiques, c’est l’heure du vent avant la tempête. La campagne électorale qui s’ouvre dans quelques semaines et les votes qui s’en suivront ne seront pas une partie de plaisir pour tout le monde y compris le CDP à qui les pronostics donnent gagnant sur cette confrontation double. Il y a et il y aura à la fois, des crises internes à gérer, des craintes à nourrir par rapport aux comportements que les mécontents réserveront à un parti comme le CDP, des moyens financiers importants à mobiliser pour la mobilisation des électeurs pour l’ensemble des partis. Partant du constat que le contexte économique national est très tendu, on peut aisément affirmer que la partie sera amère pour la majorité des partis, plus précisément les partis politiques d’opposition qui ne bénéficient pas, comme certains de leurs collègues, des largesses, des générosités des pouvoirs économiques ainsi que des avantages liés à la gestion du pouvoir d’Etat. Sur le plan financier donc, les partis politiques de l’opposition partent vaincus, victimes d’un système de démocratie qui fait la part belle aux déséquilibres extrêmes et aux extrémités.
Parlant des déséquilibres et des extrêmes, la question centrale qui se pose et qui, malheureusement, n’occupe pas une place de soi dans le processus électoral, c’est bien celle des électeurs et des citoyens. Elle semble être reléguée à la seconde zone par les questions des candidatures, des positionnements et bien évidemment par les perspectives de victoires ou d’échecs des uns ou des autres. C’est dire que dans les débats qui ont marqué ce processus, un élément essentiellement a été occulté : le citoyen. Il devrait être à la base et à la fin de tout processus démocratique. Pour reprendre les termes de certains citoyens, rien ne sert de voter si ce vote n’est pas à même de changer quelque chose dans la situation quotidienne : entre des citoyens pauvres (qui veulent des changements dans leur vie) et des candidats ou des partis politiques (qui ne se soucient en réalité que de leur victoire ou échec), il y a un équilibre introuvable qui fait que les préoccupations des derniers semblent être les plus débattues et médiatisées.
Autrement dit, dans ces élections couplées, les Burkinabè n’ont pas les mêmes préoccupations ; ils ne partagent pas une même perception des enjeux. La peur est de voir un camp imposer unilatéralement ses enjeux ; et ce camp, ce sont les hommes politiques qui savent ce qu’ils cherchent. L’autre peur est de voir un camp se laisser trainer dans la boue, et ce camp ce sont les électeurs qui se laissent manipulés à souhait par les hommes politiques.
Les pauvres dames qui balaient les rues ou les espaces verts de Ouagadougou pour gagner leur vie n’ont pas l’argument ou la force de contrer ces candidats aux ventres arrondis, à l’allure imposante, dans leur " caisse limousinesque ", qui vont sillonner les quartiers avec la parole de miel aux lèvres, avec entre les mains des tee-shirts, des casquettes, des pagnes,...
Bref, chacun a ses motivations pour ces élections : les politiques, les citoyens, la société civile,…On se fiche qu’effectivement chacun ait ses motivations mais là où devraient s’arrêter les foutaises, c’est lorsqu’on parle de l’intérêt général, du développement socio-économique et politique de notre pays commun à nous tous. Il faudrait que dans les intérêts divergents, plus ou moins nobles ou égoïstes des uns et des autres, on prenne compte des besoins existentiels (alimentation, éducation, sécurité sociale, emploi,…)