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Jean-Baptiste Natama candidat en 2015 : « J’en ai le droit »
Publié le mercredi 8 janvier 2014   |  Burkina24


Jean-Baptiste
© Autre presse par DR
Jean-Baptiste Natama, (Directeur de cabinet de la présidente de l’UA)


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Secrétaire permanent du Mécanisme africain d’évaluation par la pairs (MAEP), où il s’est positivement illustré, Jean-Baptiste Natama a été nommé le 15 octobre 2012 à la tête du cabinet de la Présidente de la Commission de l’Union africaine (Nkosazana Dlamini-Zuma) à Addis-Abbéba. Le 15 octobre 2013, il publie le « Manifeste pour une jeunesse responsable« , qui se veut un phare pour une jeunesse africaine en quête de repères. L’homme est connu pour être un panafricaniste (il le proclame) et dit aimer son pays.

Sur ce dernier point, de jeunes Burkinabè sur Facebook ont créé une page pour l’inviter à exprimer cet amour en se présentant comme candidat à l’élection présidentielle de 2015. Dans cette interview accordée à Burkina 24, il donne son avis sur cette invite publique. Il donne également son point de vue sur la situation politique nationale du Burkina et le débat sur la limitation ou non des mandats présidentiels.

Burkina 24 (B24) : Une année après votre prise de fonction à la Commission de l’UA, comment se porte l’Afrique, selon vous ?

Jean-Baptiste Natama (JBN) : L’Afrique se porte assez bien si l’on en juge les performances économiques plutôt positives dans bien de pays. A la faveur de la commémoration du cinquantenaire de l’OUA/UA, le panafricanisme reprend du souffle pour soutenir la renaissance africaine.

Dans un tel contexte il y a un nouvel état d’esprit, de nouveaux engagements, de nouvelles espérances qui encouragent le continent à dessiner le futur auquel il aspire pour les prochaines décennies à travers l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

B24 : Votre perception de l’unité africaine à l’interne est-elle maintenant différente de celle que vous aviez à l’extérieur de l’organisation ?

JBN : Je ne le pense pas car ma relation avec l’Organisation remonte à plus d’une quinzaine d’années.

J’y ai exercé des responsabilités à différents niveaux. De plus, au plan idéologique cette relation est encore plus forte, étant donné le fait, que très tôt j’ai intégré le panafricanisme à ma vision; vision qui, je le rappelle est humaniste, panafricaniste et universaliste, le tout dans une démarche d’acceptation de l’inéluctable altérité qui régit les relations humaines.

Cependant, au niveau actuel de ma fonction, ma perception des défis et enjeux auxquels l’Afrique est confrontée, s’est davantage aiguisée.

B24 : De nombreux pays africains sont actuellement en guerre ou en crise. Quel pourrait être le remède ?

JBN : La typologie des guerres en Afrique a connu des mutations pour laisser apparaitre clairement une récurrence de conflits intra étatiques à l’analyse desquels la mal gouvernance consécutive à la faiblesse du leadership politique, est identifiée comme l’une des causes principales.

Partant de ce constat, on peut déduire que la réponse à ces crises se trouve dans l’amélioration des systèmes de gouvernance de manière à offrir suffisamment d’espace au dialogue social, à la gestion efficace de la diversité et à la participation citoyenne dans la gestion des Etats.

B24 : Vous avez écrit un « Manifeste pour une jeunesse responsable ». La jeunesse africaine n’est-elle pas responsable actuellement ?

JBN : Pas que la jeunesse soit irresponsable. Cependant, il me semble que nos sociétés, confrontées au globalisme et aux affres de l’histoire n’offrent plus le choix de valeurs cardinales. Déboussolée la jeunesse en quête de repères se retrouve souvent dans l’impasse.

Comment donc se préparer à assumer des responsabilités individuelles et collectives sans repère ? La Renaissance africaine, que nous appelons de tous nos vœux, place la jeunesse au centre de son action et de ses préoccupations.

« Thomas Sankara a définitivement conquis ses contemporains »

Ce sera dans la force de penser et d’agir en sorte de construire une société où tout citoyen mérite liberté, dignité et respect, une société où toute femme est égale à tout homme dans ses droits et devoirs, où tout enfant rencontre les conditions de son éducation scolaire, les conditions de sa protection au plan sanitaire ; où tout jeune rencontre les conditions d’un emploi décent pour ne pas être tenté de s’embarquer dans l’aventure de l’émigration, une société où tout citoyen participe à la recherche des solutions aux problèmes communs, une société où pour le principe de la dignité n’existe ni mendiant, ni prostituée ; une société où tout homme et femme libre et digne possède un toit où s’abriter, possède sa nourriture quotidienne suffisante, rencontre les conditions de son épanouissement intellectuel et culturel, vit dans la paix, éprouve la nécessité de préserver son intégrité et son altérité à la fois.

Qui d’autre que la jeunesse pourrait-être le levier de ce mouvement de transformation ?

B24 : Le président burkinabè, Thomas Sankara, est beaucoup cité dans votre essai. Est-il un repère potentiel pour les jeunes Africains ?

Nul doute que la vie du Président Thomas Sankara inspire non seulement la jeunesse du Burkina Faso, mais celle de l’Afrique et par delà les frontières du continent; Faut-il le rappeler, qu’elle a été marquée du sceau de valeurs d’équité, d’intégrité, de solidarité, de l’amour de la patrie, de courage, etc.

« Il faut que chacun puisse savoir ramener ses intérêts égoïstes et partisans au second plan »

Thomas Sankara a définitivement conquis ses contemporains. Il a été élevé au rang des héros de la nation burkinabè. En Afrique il est une icône et un modèle pour tous ceux qui luttent pour un meilleur devenir collectif.

Il a su donner à sa vie un sens, à sa patrie la dignité, à l’Afrique l’espoir et à l’humanité le témoignage d’une grandeur d’âme incommensurable.

B24 : Des observateurs annoncent périlleuses les années 2014 et 2015 au Burkina. Est-ce votre avis ?

JBN : Tout est possible sous le ciel bleu du Burkina Faso. Cependant il faut espérer que la raison saura prévaloir afin que les acteurs de tous ordres se montrent lucides et responsables pour éviter à notre pays ce que nous avons tous déploré ailleurs.

« Il faut respecter (la Constitution) dans l’esprit et dans la lettre et sans faux-fuyants »

Il faut que chacun puisse savoir ramener ses intérêts égoïstes et partisans au second plan par rapport à ceux de la nation. En ce qui me concerne, je m’engage à jouer ma partition, aussi modeste soit-elle avec esprit de responsabilité au service de la nation à laquelle je suis fier d’appartenir et que je suis prêt à défendre, sans état d’âme.

B24 : Etes-vous pour les mandats présidentiels illimités ? Pourquoi ?

JBN : La réponse à une telle question d’apparence simple n’est pas aisée car il eut fallu d’abord situer le contexte.

La limitation ou la non limitation des mandats présidentiels dépend, en effet, du régime politique, du mode d’organisation politique des communautés, des lois en vigueur dans un pays et de bien d’autres facteurs tels que le degré de maturité et de conscience politique du peuple, etc.

Par contre si vous me demandiez mon avis par rapport à la constitution qui fixe les règles du jeu politique je vous répondrais sans ambages qu’il faut la respecter dans l’esprit et dans la lettre et sans faux-fuyants.

Ceci étant, j’aimerai souligner que le renouvellement des dirigeants dans une société est important, à plusieurs égards, dans une dynamique de passation de témoin de génération en génération.

Il permet de lutter contre la routine et la sclérose en offrant l’opportunité à d’autres forces d’apporter du nouveau souffle, de nouvelles énergies, de nouvelles perspectives.

A cela, la limitation des mandats présidentiels peut contribuer en faisant office de régulatrice du passage des générations aux affaires.

B24 : Parlant de 2015, Jean-Baptiste Natama, en tant que citoyen burkinabè, sera-t-il candidat à la présidentielle de cette année au Burkina ?

JBN : J’en ai le droit et en réuni les conditions à tous points de vue. Mais, nous n’en sommes pas encore là, parce qu’il y a d’autres batailles à mener aux côtés du peuple, d’autres victoires à emporter avec le peuple, avant cette échéance.

B24: Des jeunes citoyens ont créé une page Facebook où il est écrit «2015: Jean-Baptiste Toubo Tanam Natama, ton peuple te réclame». Etes-vous au courant ?

JBN: J’ai été informé par des amis très proches de la création de cette page Facebook. Je dois avouer être surpris par l’ampleur de l’engouement suscité autour de ma personne et attends de faire connaissance avec les initiateurs de cet appel à qui j’exprime ma gratitude pour cette marque d’estime et d’attention à mon égard.

B24 : Allez-vous répondre à leur appel ?

JBN : Les voies du destin sont presqu’insondables. En tout état de cause et en tant que patriote, quand il s’agit de servir mon pays à quelque niveau de responsabilité que ce soit, dans l’intérêt supérieur de la nation, je ne puis me dérober.

B24 : Des vœux pour le Burkina en ce début d’année ?

JBN : Je souhaite à mon pays et à mon peuple que j’aime profondément tout le meilleur qui puisse exister.

Que les vœux les plus intimes de chacun se voient combler. Que notre pays souvent ballotté entre les intempéries cruelles, la sécheresse d’une part et les inondations de l’autre connaisse sérénité et paix, de sorte que nous puissions, tous ensemble, nous atteler à la marche vers l’horizon du bonheur.

Puisse Dieu et nos ancêtres bénir chacune et chacun des Burkinabè tout au long de l’année et que notre quête commune de prospérité se matérialise.

Interview réalisée par Abdou ZOURE
Pour Burkina 24

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