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Burkina Faso: l’insubmersible Campaoré défié par les siens
Publié le mercredi 8 janvier 2014   |  Courrier International


Le
© Présidence par DR
Le président du Faso, Blaise Compaoré, répondant aux voeux de nouvel an du corps diplomatique le 7 janvier 2014 à Ouagadougou


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Au pouvoir depuis un quart de siècle, Blaise Campaoré fait face à une vague sans précédent de démissions de cadres de son propre parti. Un coup dur au moment où il tente de modifier la Constitution pour pouvoir à nouveau se représenter à la présidentielle prévue en 2015.Le Burkina Faso serait-il en train de faire la preuve de l’intégrité qui fait la réputation de ses habitants ? La question mérite bien d’être posée après la fronde publique qui s’est exprimée, dimanche 5 janvier, au sein du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, parti au pouvoir), contre certains agissements et autres ambitions du président Blaise Compaoré.

Sous nos tropiques, la contestation de la volonté du chef n’est pas la règle. Même si dans ce cas précis, il est bien possible que tout cela relève plutôt d’une crise en rapport avec les enjeux liés au pouvoir. Mais en attendant, c’est tout de même une crise qui ne tombe pas particulièrement au bon moment pour le médiateur attitré de l’Afrique de l’Ouest.

S’il ne s’empresse pas de lire les signes prémonitoires se rattachant aux défections importantes au sein de son propre parti, Blaise qui rêve du prix Nobel de la paix pourrait bien connaître le sort d’un certain Tanja Mamadou [élu président du Niger en 1999 et renversé par un coup d’Etat en 2010]. En effet, jusqu’à dimanche, la modification de l’article 37 de la constitution burkinabé pouvant permettre à Blaise Compaoré d’aller au-delà de ses deux mandats constitutionnels, était de l’ordre du possible.

"Il aura du mal à remonter la pente"

Lui et ceux qui le poussaient à agir dans le sens du forcing misaient sur la faiblesse relative de l’opposition qu’il a en face. Il est vrai que Zéphirin Diabré et autre Me Bénewendé Sankara n’ont pas toujours réussi à inspirer aux Burkinabé l’alternative qu’ils souhaitent à Blaise Compaoré.

Les querelles récurrentes et le nomadisme politique qui ont souvent miné l’opposition burkinabé n’étaient pas de nature à rassurer quant à sa crédibilité. En somme, jusqu’ici, Blaise comptait exploiter certaines faiblesses de ses adversaires pour, soit s’assurer un nouveau mandat, soit pour se mettre à l’abri de poursuites judiciaires, après son règne en propulsant son frère comme son successeur.

Sauf qu’avec l’opposition qui vient de se déclarer dans les rangs même du CDP, cela risque d’être plus compliqué. En se faisant désavouer par ses propres lieutenants, il aura du mal à remonter la pente. Avec l’acte de démission que viennent de poser Roch Marc Christian Kaboré, Simon Compaoré, l’ancien ministre Salif Diallo et autres cadres et non des moindres du CDP, ce sont les soupçons autour du chef de l’Etat burkinabé qui se renforcent. Pour l’opposition dont les thèses s’en trouvent crédibilisées davantage, c’est bien évidemment du pain béni. Le coup de pousse inespéré !

Jusqu’à "l’entêtement le plus suicidaire" ?

Dorénavant, Blaise pourrait se retrouver en face d’une opposition interne à son propre parti, de ses adversaires politiques classiques ainsi que d’une bonne partie de la société civile. Dans les conditions normales, quand un concours de circonstances fait que tout ce beau monde se ligue contre vous, le bon sens voudrait qu’on se choisisse une sortie honorable.

C’est à se demander si Blaise Compaoré en sera capable. Pas nécessairement parce qu’il en serait incapable en tant qu’être humain; mais il semble être de la trempe des dirigeants africains qui, devant les enjeux liés au pouvoir, peuvent se laisser aller à l’entêtement le plus suicidaire.

Il devrait pourtant s’inspirer du cas Tanja du Niger voisin. Celui-ci était resté sourd à toutes les mises en gardes des institutions républicaines de son pays. Mais il avait bien fini par se plier à la volonté de l’armée nigérienne. Or, quand on évalue ce que les coups d’Etat ont causé à certains pays de la région ces dernières années, ce serait hautement patriotique d’en épargner son pays et ses compatriotes.

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