Les démissionnaires du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) ont eu une prise de contact, le 7 janvier 2014 à Ouagadougou. Même s’ils ont dit n’éprouver de «problèmes personnels» avec Assimi Kouanda, le secrétaire exécutif de leur ex-parti, ni avec le chef de l’Etat, Blaise Compaoré, ils sont sur le point de créer leur propre parti.
Les signataires de la lettre de démission adressée au secrétaire exécutif national du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le 4 janvier 2014, ont tenu une réunion de prise de contact, le mardi 7 janvier à Ouagadougou. Selon Roch Marc Christian Kaboré qui s’est adressé à la presse, à l’issue de cette rencontre, il s’est agi de «faire le point sur les activités à venir et féliciter l’ensemble des camarades pour avoir eu le courage patriotique de participer à ce mouvement au sein du parti». Pour lui, il est question de l’intérêt, de la paix sociale et de la stabilité du Burkina Faso, mais aussi, de la conservation des acquis, aussi bien démocratiques, économiques et sociaux engrangés depuis l’avènement de l’Etat de droit au Burkina Faso.
A quand la création d’un parti par les démissionnaires ? A cette question, Roch Marc Christian Kaboré a laissé entendre que ce sont des informations que la presse aura en «temps réel, lorsque ça se fera». Mais que pour l’instant, ils n’en «sont pas à ce stade». Jadis, M. Kaboré, alors au perchoir, avait jugé antidémocratique la non révision de l’article 37 de la Constitution. Qu’en dit-il aujourd’hui ? «Je réponds simplement que l’erreur est humaine et qu’en tout état de cause, je fais mon mea culpa en ce qui concerne cette affirmation. Ce qui est important, ce n’est pas de voir l’erreur qui a été commise, mais de voir qu’aujourd’hui plus que jamais, nous considérons qu’il faut faire l’économie de ces réformes concernant l’article 37 et la mise en place du Sénat», a-t-il mentionné.
Tout comme Simon Compaoré, Roch Marc Christian Kaboré a expliqué qu’à titre personnel, il n’a pas de problème particulier contre le président Blaise Compaoré, ni contre un militant du CDP. «Nous avons un problème au sein de notre parti pour des questions politiques et parfois, on nous demande pourquoi maintenant ? Chaque chose a un moment. Nous estimons qu’il est nécessaire que nous apportions notre modeste contribution à la vie de la patrie», a ajouté M. Kaboré. Il a également fait savoir que lui et ses camarades sont prêts à toutes discussions (…), en vue de l’élection présidentielle de 2015.
Quid de la journée de protestation du 18 janvier prochain, programmée par l’opposition politique ? Les démissionnaires ont promis de donner leur positio(n en temps opportun. Est-il possible de reprendre langue avec le secrétaire exécutif du CDP, Assimi Kouanda, pour aplanir les divergences, en vue d’un retour ? « Si on devait revenir au sein du parti, on aurait déjà discuté depuis longtemps. C’est parce qu’on n’a pas pu mener la discussion là-bas, que nous sommes partis. Si nous devons nous rencontrer, ce sera dans un autre cadre pour discuter de parti à parti», a rétorqué Roch Marc Christian Kaboré. Ces rencontres qui se voudraient être inclusives par les ex-membres du CDP concerneront également le chef de file de l’opposition, afin de lui expliquer les motivations de leur mouvement et le rôle qu’ils entendent jouer, au plan national.
Pas de problèmes personnels avec Assimi Kouanda
L’ex-président de l’Assemblée nationale n’a pas été le seul à prendre la parole, après la rencontre à huis-clos. Salif Diallo et Simon Compaoré ont, eux aussi, donné les raisons qui les ont poussés à la démission. Ainsi, Salif Diallo, revenant sur le nombre de personnes démissionnaires dans sa région politique, le Nord, a avancé que cela relevait d’«un ras-le bol des militants» et que sa personne n’en était pas à l’origine. Il a, lui aussi, précisé que les grandes lignes de l’action de leur parti seront dévoilées, après sa création. Se sentira-t-il à son aise dans la peau d’un opposant ? «Que ce soit le président Compaoré ou les autres camarades qui sont restés, on était sur une plateforme politique et idéologique (…). J’estime que cette plateforme sur laquelle on a créé le CDP n’est plus respectée», a-t-il souligné.
Des problèmes avec Assimi Kouanda ? Salif Diallo a fait noter que celui-ci est son oncle. « Je l’aime bien, mais il ne respecte pas la plateforme politique (…) », a rappelé M. Diallo qui a affirmé n’avoir non plus de problèmes avec le président du Faso. Sur la question du Sénat, Salif Diallo a rappelé qu’il était l’un des premiers à proposer la mise en place d’une telle chambre qui sera un contre-pouvoir, dans un régime parlementaire et non présidentiel.
Quant à Simon Compaoré, ancien maire de Ouagadougou, il a jugé prématuré de dire qu’ils sont dans l’opposition. «Il ne faut pas aller trop vite en besogne, car dans la précipitation, on peut se fracasser la tête contre le rocher», a-t-il martelé, en langue nationale mooré. Pengwendé Clément Sawadogo, ancien ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, a, pour sa part, défini le rôle des participants à la rencontre de prise de contact : « Nous sommes en quelque sorte le détachement avancé de cette nouvelle dynamique. Nécessairement, il fallait faire le point en vue de se fixer les tâches immédiates, lesquelles relèvent de notre petite cuisine interne». A ses dires, un travail d’information sera mené, à très court terme, auprès de «ceux qui n’ont pas encore compris la portée et le contenu de l’acte que nous avons posé et qui se font influencer par de gens qui évoquent de faux problèmes comme ceux qui parlent de problèmes de promotion individuelle. Cela n’a rien de sérieux ». Il reste convaincu que la trame de fond qui justifie leur acte et qui va guider leur action n’a rien à voir avec des problèmes de personnes, de promotion ou de mécontentement individuel. «Beaucoup de ceux qui sont au poste aujourd’hui vont certainement être avec nous. Il ne faut pas croire que ce sont seulement des ex… Ce sera du miracle que dans nos rangs ce ne soit que des gens qui n’occupent plus de fonction», a conclu Pengwendé Clément Sawadogo.
