Le mardi 30 octobre 2012, l’atmosphère était surchauffée au siège de la société nationale des postes. L’arrêt spontané du service pour observation symbolique d’un deuil à la suite de l’assassinat d’un receveur et d’un gardien le 24 octobre passé à Sidéradougou, n’a pas été du goût de certains clients dont un a été molesté par des agents en colère.
Hier matin au siège de la SONAPOST , les parkings étaient presque vides, les vigiles arrêtés à la porte informaient les personnes, visiblement étonnées, de cette ambiance extraordinaire «y a pas travail, il y a eu mort». Dans la cour près des murs, quelques clients étaient arrêtés, certains s’y étaient adossés, et d’autres assis les mains collées aux joues regardaient désespérément les agents des guichets attroupés au milieu de la cour. Mais ceux-ci étaient préoccupés par autre chose.
Ils attendaient le secrétaire général pour un entretien. Certains clients en verve n’ont pas manqué d’exprimer leur mécontentement face à la situation. «Nous sommes tous humains et nous compatissons sincèrement au drame que vous vivez. Mais, nous avons aussi droit à notre argent», a déclaré l’un d’eux.
«Nous vous donnons raison, mais si on était informés avant, on pouvait comprendre…Voilà cette dame qui affirme qu’elle a son enfant à l’hôpital et qu’elle n’a pas d’argent présentement, qu’allez-vous faire donc ? » interrogea une dame. C’est dans cette cacophonie générale qu’une bagarre éclata entre un groupe de receveurs et un client exaspéré. Mais grâce à l’intervention des vigiles et d’un agent de sécurité sur place, le pire a pu être évité.
«Nous ne permettrons pas en cette journée de deuil que quelqu’un vienne nous insulter et nous dire ce qu’on doit faire», a déclaré le receveur, visiblement essoufflé. «Nous déplorons la manière dont les évènements ont été gérés, c’est de bouche à oreille et surtout c’est dans la presse que nous avons appris ce drame», a expliqué Ousséni Kaboré, receveur principal de la SONAPOST.
Cette journée de deuil, poursuit-il, «vise non seulement à attirer l’attention de la direction sur l’interpellation incessante de la question de la sécurité des bureaux de poste dont le dispositif expose nos vies mais aussi sur notre plateforme revendicative». En rappel, la SONAPOST société vit depuis quelques jours des évènements tragiques jamais vécus dans l’histoire de la poste de notre pays. Dans l’intervalle de deux jours, les 23 et 24 octobre 2012, la société a été successivement braquée aux bureaux de poste de Zagtouli et de Sidéradougou.
Cette dernière attaque a abouti à l’assassinat du receveur Gnoumou Gnanzon et du gardien Traoré Seydou. Pour le secrétaire général de la SONAPOST, Grégoire Zongo, le problème de sécurité ne se pose pas seulement à la poste, c’est un problème national.
Selon lui, la gestion d’une situation jamais vécue en matière sociale d’une entreprise de ressources humaines mérite une attention particulière. « La direction générale de la SONAPOST est plus marquée par cette situation que l’on pourrait le penser», assure-t-il. C’est pourquoi «nous avons convenu que nous prenons bonne note des préoccupations légitimes des receveurs et l’amorce de discussions pour la recherche de solutions étant faite, nous espérons la reprise des activités dès demain», conclut-il.