L’Association des élèves et étudiants handicapés du Burkina Faso (AEEHB) a organisé, le dimanche 29 décembre 2013 à Ouagadougou, une rencontre d’échanges sur le thème : « Quelles méthodes pour la divulgation et le respect des textes votés en faveur des personnes handicapées au Burkina Faso ». La cérémonie s’est déroulée dans le cadre de ses 72 heures qui se sont tenues du 29 au 31 décembre 2013.
Des textes sont votés en faveur des personnes en situation de handicap au Burkina Faso sans être réellement appliqués sur le terrain. L’Association des élèves et étudiants handicapés du Burkina Faso (AEEHB) plaide pour un changement de cette donne. Elle l’a fait savoir, le dimanche 29 décembre 2013 à Ouagadougou, au cours d’une rencontre d’échange sur la thématique : « Quelles méthodes pour la divulgation et le respect des textes votés en faveur des personnes handicapées au Burkina Faso ».
Selon le vice-président de l’AEEHB, Mamadou Timothée Ouédarogo, les problèmes des personnes en situation de handicap, surtout les élèves et les étudiants, sont multiples. Il a cité notamment les difficultés liées au transport, au logement, à l’inscription à l’Université.
Par ailleurs, il a fustigé le fait que des textes sont votés au niveau de certains secteurs comme la santé, l’éducation, etc. sans être pour autant effectifs. « Cela fait deux années qu’une loi accordant 10% des postes de la fonction publique aux personnes en situation de handicap a été votée. Cela fait également deux années qu’elle n’est pas appliquée », a-t-il souligné.
A l’entendre, cette non application des lois est due à la mauvaise volonté des autorités. « Les diplômés en situation de handicap représentent une infime partie de la population burkinabè. Si la loi sur leur employabilité est appliquée, il n’y aura plus un cas de chômage dans cette frange durant les deux prochaines années », a-t-il justifié.
A écouter le modérateur, Soumaïla Traoré, qui dit personnes en situation de handicap, parle forcément d’obstacle. Il a défendu cette position par le fait que la conception du handicap a évolué de nos jours. « Une personne en situation de handicap est celle qui vit avec une déficience qui peut être visuelle, physique, auditive(…) Le problème majeur, c’est quand ce défaut rencontre un obstacle empêchant l’individu de vivre normalement comme les autres, du fait que les gens dit normaux ne l’acceptent pas comme tel dans la société », a-t-il affirmé. Pour le représentant du ministre en charge de la promotion des droits humains, Hilaire Ouédraogo, une telle rencontre participe de l’information sur les éléments contenus dans le cadre juridique et sur les mécanismes à mettre en œuvre. Un des participants, Jean-Baptiste Zongo, étudiant en 3e année de géographie, s’est appesanti sur le volet emploi.
Des préjugés à bannir
Sa préoccupation a porté sur la loi du 18 juillet 2012 portant sur l’employabilité des personnes en situation de handicap qui leur attribue 10% de quota chaque année au niveau des concours de la Fonction publique. Bien que ce texte soit adopté, s’est-il plaint, le véritable problème demeure son application. « Aujourd’hui, c’est la croix et la bannière pour nous autres personnes en situation de handicap de postuler à des postes au sein des entreprises, surtout dans le privé. Il y a beaucoup de préjugés à ce niveau alors que nous avons les compétences pour gérer certaines tâches », a-t-il évoqué. Pour un autre intervenant, l’Etat doit prendre à bras le corps la question de l’emploi et exiger l’application de ces lois. A la question de savoir qu’est-ce qui bloque l’application des textes, le représentant du ministre a répondu que beaucoup de lois dans d’autres secteurs d’activités, connaissent la même lenteur d’exécution. « C’est bien d’avoir un décret d’application pour une loi, mais il faut nécessairement que ses dispositions puissent être réalisées par l’ensemble des acteurs que sont l’Etat, les bénéficiaires », a-t-il souhaité.
Par ailleurs, il a dénoncé le fait que les personnes en situation de handicap ne soient pas suffisamment engagées dans cette cause. Souleymane Ouédraogo du ministère en charge des Droits humains, lui-même malvoyant, a relevé que le gouvernement burkinabè déploie des efforts en ce qui concerne l’employabilité des personnes en situation de handicap même si le processus est lent en la matière. Il a déclaré que ceux-ci ont une part de responsabilité dans cet état de fait. « Au Burkina Faso, il n’y a pas véritablement une activité de lobbying au niveau des personnes en situation de handicap. Depuis un certain temps, il y a également une dualité au niveau de ces organisations qui plaident pour leur cause notamment les faîtières. Il faut qu’elles arrivent à parler d’une même voix », a-t-il lancé.