L’amicale des anciens stagiaires et collaborateurs de L’Observateur Paalga a organisé, le samedi 28 décembre 2013 à Ouagadougou, une conférence publique sur le thème : « Le journaliste burkinabè et l’incivisme ». Des représentants de partis politiques et de la société civile se sont exprimés sur le sujet.
Face à la montée de l’incivisme au Burkina Faso, des journalistes ont décidé de s’interroger sur leur contribution à la promotion du civisme. En proposant le thème : « Le journaliste burkinabè et l’incivisme », les organisateurs de la conférence publique, à savoir l’amicale des Anciens stagiaires et collaborateurs de L’Observateur Paalga (ASCOP) encore appelé « Amicale paalga » ont voulu rappeler aux hommes des médias qu’ils ont aussi un rôle d’éducation des populations. Ils ont organisé une conférence publique, le samedi 28 décembre 2013, dans l’enceinte de l’Institut des sciences et techniques de l’information et de la communication (ISTIC sur ledit thème animé par quatre orateurs.
Le premier sous-thème, à savoir, « La contribution du journaliste au renforcement du civisme », a été développé par le président de l’Observatoire burkinabè des médias (OBM), Jean Baptiste Ilboudo. Sa communication a été articulée en trois parties : il a d’abord relaté les causes de l’incivisme des Burkinabè. Selon lui, cette attitude est due à une méconnaissance des Burkinabè, de leurs droits et devoirs. M. Ilboudo a aussi soutenu que certains journalistes, tant dans leur comportement que dans le traitement de l’information, prônent l’incivisme. Il a qualifié d’incivisme, le refus de certains hommes des médias de montrer leur carte professionnelle lors des cérémonies comme le recommandent les services de sécurité. Pour lui, c’est un manque d’humilité. Par ailleurs, il a affirmé que le journaliste, pour contribuer au renforcement du civisme, doit interpeller les décideurs lorsque cela est nécessaire, sensibiliser la population à leurs droits et devoirs et traiter les informations en conformité avec l’éthique et la déontologie.
Le secrétaire aux affaires politiques du Parti de la renaissance nationale (PAREN), Carlos Toé, a expliqué aux journalistes ce que l’opposition attend d’eux. Avant de prendre la parole, il a tenu à souligner qu’il représente le PAREN et non toute l’opposition. Il a subdivisé les médias au Burkina Faso en deux camps : ceux qui se contentent de faire des comptes rendus, des interviews et ceux qui sont assez incisifs dans le traitement de l’information. Pour lui, le « 4ème pouvoir » doit être plus engagé à traiter les questions relatives à l’impunité afin de promouvoir le civisme.
« La presse burkinabè est responsable »
Le parti majoritaire, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), représenté par Jocelyne Vokouma, se basant sur des exemples de sujets traités par les journaux privés et publiques, a trouvé que les médias au Burkina Faso font des efforts dans la promotion du civisme. Néanmoins, elle a regretté le fait que certains sujets, dans le fond, sont mal traités, parfois laissant le lecteur sur sa faim. Le dernier intervenant, représentant la société civile, Abdoul Karim Sango, s’est plus appesanti sur la responsabilité de la presse et des partis politiques dans le renforcement du civisme au Burkina Faso. De sa présentation, il est ressorti que les médias autant que les partis politiques sont des acteurs-clés dans la construction de la citoyenneté. De ce fait, pour lui, ils doivent prôner trois valeurs : le renoncement à soi-même, l’amour des lois et de la patrie et la préférence élevée de l’intérêt général. Par ailleurs, il a trouvé qu’en ce qui concerne les sujets sensibles, la presse fait son travail au Burkina Faso comparativement à d’autres presses dans certains pays. « La presse burkinabè est une presse responsable », a-t-il indiqué. A l’entendre, si la presse et les politiques veulent promouvoir la « vraie citoyenneté », il leur faut instituer « le dialogue vrai et sincère ».
En somme, trois questions ont été adressées par les participants aux conférenciers. A la représentante du parti majoritaire, il a été demandé si l’exécutif n’est pas parfois la source de l’incivisme au « pays des Hommes intègres », faisant allusion aux récents évènements qui ont eu lieu à Kaya. Mme Vokouma, en réponse, a précisé que c’est la manière dont la population a accueilli les propos du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation qui est la cause des manifestations de Kaya. Elle a ajouté que c’était un lapsus et qu’il n’a jamais été question de célébrer le 11-Décembre 2015 à Ziniaré.
Au représentant du PAREN, parti de l’opposition, les participants ont demandé s’il approuve les actes de vandalisme de la population. A ce propos, M. Toé a répondu que le comportement de la population est à l’image de celui des leaders politiques. « Si les gouvernants ne sont pas des exemples, il est difficile que les gouvernés le soient aussi », a-t-il précisé. Avant de clore les débats, le président de l’OBM, Jean Baptiste Ilboudo, a souligné que le journaliste doit rester neutre dans le traitement de l’information, mais pour ce qui concerne les questions d’incivisme, il doit les condamner.