Nkosazana Dlamini-Zuma prend très au sérieux son mandat à la tête de la Commission de l’Union africaine, et semble bien décidée à faire valoir ses positions. Elle vient en effet d’estimer que le président soudanais, Omar el-Béchir, doit « participer » au processus de paix dans son pays, prenant ainsi la Cour pénale internationale (CPI) à contre-pied. En indiquant qu’« il est plus important de faire la paix au Soudan que de se précipiter pour l’arrêter », la présidente de la Commission de l’UA souligne l’impertinence du mandat lancé depuis 2009 contre le président el-Béchir par la CPI, qui l’accuse de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre commis à l’encontre des habitants du Darfour, une région de l’ouest du Soudan.
Cette sortie de la présidente de la Commission de l’UA fera sans doute l’effet d’un véritable baume au cœur du chef de l’Etat soudanais, dont le déplacement est limité à quelques capitales africaines. On se rappelle que le récent sommet de l’Union africaine, a dû être délocalisé de Ligwonge, la capitale malawite, pour se tenir à Addis-Abeba, en Ethiopie, en raison notamment de cette épée de la CPI sur la tête d’Omar el-Béchir. Mais par sa position, qui ne s’éloigne par ailleurs pas de la précédente posture de l’instance panafricaine vis-à-vis de ce dossier, Dlamini-Zuma apporte également de l’eau au moulin de ceux qui pensent que la juridiction internationale n’en veut qu’aux chefs d’Etats du continent noir.
Mais pour que la présidente de l’organisation panafricaine rallie tous les Africains à sa cause, il faut encore qu’elle donne des garanties sur l’urgence et la nécessité de ne pas noyer tout cela dans la mer de l’impunité qui règne sur le continent. Car une chose est de préserver la souveraineté et l’honneur du continent, une autre est de ne pas faire croire aux chefs d’Etat qu’ils peuvent faire tuer, piller, voler et violer impunément. Certes, il faut donner une chance à la paix à tout prix, mais il ne faut absolument pas signer un chèque en blanc aux dictateurs et aux criminels. La loi de la CPI est certainement dure pour l’Afrique. Mais Dlamini-Zuma ne doit pas donner l’impression de ménager la chèvre et les choux.