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L’Observateur Paalga N° 8530 du 31/12/2013

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Axe Bobo-Dédougou : la route tue 19 personnes à Kari
Publié le lundi 6 janvier 2014   |  L’Observateur Paalga


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© Autre presse par DR
Axe Bobo-Dédougou : la route tue 19 personnes à Kari


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Les habitants de Kari, localité située à une vingtaine de kilomètres de Dédougou, n’oublieront pas de si tôt la date du 2 janvier 2014. En effet, un dramatique accident de la circulation s'y est produit au cours de la nuit, faisant 19 morts. Le ministre délégué chargé des Transports, Baba Diémé, accompagné des autorités de la région de la Boucle du Mouhoun, dont le gouverneur, Victor Dabiré, s’est rendu sur les lieux du drame l’après-midi du vendredi 3 janvier courant pour assister à l’inhumation des corps. La délégation s’est, par la suite, rendue au Centre hospitalier régional (CHR) de Dédougou pour apporter le soutien du gouvernement aux blessés et à leurs familles.

Le 22 novembre 2013 à Dori, le ministre délégué en charge des Transports, Baba Diémé, présidait en personne la 5e édition de la journée nationale de la sensibilisation à la sécurité routière. Il était loin de penser qu’un peu plus d’un mois après cet événement il allait, au nom du gouvernement burkinabè, assister, la mort dans l’âme, à l’enterrement de voyageurs victimes d’un bouleversant accident de la route à Kari, dans la commune de Dédougou. Le 3 janvier dernier, c’était jour de marché de Kari, le village natal du Pr Samboué Jean-Bernard, qu’il a magnifié dans une de ses très belles compositions. Le marché n’a malheureusement pu se tenir, parce que les habitants du patelin, envahis très tôt le matin par la tristesse, étaient plutôt préoccupés à trouver une dernière demeure aux hommes et aux femmes dont la vie a subitement pris fin aux portes de leur paisible contrée, perturbant les activités quotidiennes des uns et des autres. La mauvaise nouvelle une fois parvenue à Ouagadougou, l’Office national de la sécurité routière (ONASER), que dirige Koudougou Ahoué, a mis en branle une équipe de la presse nationale. Direction : Kari.

L’excès de vitesse est en cause

Arrivée sur les lieux peu avant 15 heures, le constat de la dite équipe était tout simplement troublant. De part et d’autre du périmètre de sécurité bouclé par les forces de l’ordre, les badauds, le visage fermé, suivaient la levée des corps pour l’enterrement à un jet de pierre de là, curieusement à côté d’un ancien cimetière. Sur le macadam, des tessons de bouteilles, des bris de vitres, du fonio, du sésame et autres objets hétéroclites renseignaient sur l’ampleur des dégâts. Plus loin, à quelques mètres de là, les deux véhicules qui sont entrés en collision constituaient une curiosité qui ne manquait pas d’émouvoir, tant leur état catastrophique ne laissait aucun doute sur la violence du choc. Il s’agit d’un camion de transport mixte, généralement appelé 10 tonnes, de marque MERCEDES BENZ, immatriculé 10 KK 9694 BF. Le deuxième véhicule, également une MERCEDES, mais un car de voyageurs celui-là, est identifié sous le numéro 10 GP 8385 BF. Pour sûr, l'un des bolides était à une vitesse infernale. Selon les informations glanées çà et là sur place, le camion, qui appartiendrait à la compagnie «Farafina Song-Taaba Tours» était en provenance de Djibasso dans la Kossi, via Dédougou, tandis que le car, lui, venait de Bobo en sens opposé et se rendait à Nouna. Ce serait au croisement, en voulant éviter un âne qui s’était retrouvé comme par hasard sur la voie, que le chauffeur du car aurait percuté le camion. L’accident se serait produit peu de temps avant minuit. Les deux véhicules se sont violemment «embrassés», si bien qu’il a fallu un véhicule de dépannage adapté pour les séparer l’un de l’autre de leur encastrement.

Un accrochage d’une rare violence

Le bilan de ce grave accident est de 18 morts sur-le-champ, dont deux femmes et un bébé. Une victime qui a succombé à ses blessures sur la route de l’hôpital où elle était transportée, en compagnie de 21 autres, a porté le nombre à 19 cadavres. De l’avis de Lota Sébastien Fofana, conseiller municipal de Kari, l’accident est imputable à l’excès de vitesse. Cela est bien récurrent dans la localité. Les conducteurs font le plus souvent preuve d’insouciance et même d’inconscience, ce qui entraîne des situations fâcheuses et regrettables. Monsieur Fofana se souvient que c’est la deuxième fois qu’un tel accident survient dans le village. Le premier en date remonte à 1994, au moment où le bitume ne traversait pas encore la zone. Avec un marché très animé dans les environs, les usagers de la route se doivent de faire très attention à leur vie et à celle des autres, a-t-il supplié. Aux autorités le conseiller demande de prendre les dispositions idoines pour atténuer les risques d’accident de la route. L’absence d'une brigade de sapeurs-pompiers à Dédougou est aussi un handicap et les décideurs doivent y penser sérieusement. Pour le cas de l’accident du 3 janvier passé, selon lui, des vies auraient pu être sauvées si seulement les soldats du feu qui sont venus de Bobo-Dioulasso, située à 176 km de Dédougou, étaient arrivés à temps pour secourir les blessés pris au piège dans les ferrailles. Ils ont été obligés de découper des pans entiers du car pour en extirper les corps.

Prompte réaction des autorités locales

Le gouverneur de la région de la Boucle du Mouhoun, Victor Dabiré, le procureur du Faso, les premiers responsables de la sécurité et des forces de défense, les agents de santé et quelques hommes de presse qui se sont rendus sur les lieux de l’accident aux premières heures de la survenue du drame ont bravé le froid pour assister de bout en bout au retrait des corps et à l’évacuation des blessés. Sur instruction du gouverneur, deux grandes fosses communes ont été creusées pour accueillir la dépouille mortelle des hommes et une autre assez moyenne pour celles des femmes. Le ministre délégué en charge des Transports, Baba Diémé, et la délégation qui l’accompagnait ont constaté de visu le tort causé par la tragédie à Kari après avoir assisté à l’inhumation des personnes décédées. Ils sont allés ensuite au CHR de Dédougou pour présenter le soutien et les encouragements du gouvernement aux parents des victimes hospitalisées. Selon le Dr Aimé Serges Sanon, chirurgien au Centre, le vendredi 3 janvier 2014 vers 2 heures, 22 accidentés ont été évacués dans leur structure sanitaire. Un y est parvenu déjà décédé. On note dans le lot deux cas critiques qui pourraient éventuellement être transférés au CHU-YO à Ouagadougou où au CHU-SS à Bobo-Dioulasso, huit blessés graves et des cas de blessés légers.


Soutien gouvernemental aux familles des victimes



Une enveloppe dont le montant n’a pas été révélé a été remise au DG de l’hôpital pour aider à la prise en charge des blessés. Pour le ministre, il s’agit d’une tragédie. Vivre une telle situation en début d’année est très marquant, difficile à supporter. Le Premier ministre, a-t-il souligné, a tenu à ce qu’il vienne personnellement témoigner la compassion du gouvernement aux familles éplorées, encourager les autorités locales, les populations, les sapeurs-pompiers, tous ceux qui se sont mobilisés pour que les défunts aient une sépulture digne. Baba Diémé a livré le message maints fois ressassé, à savoir la prudence sur les grands axes, la limitation de la vitesse en agglomération…en somme, le respect strict du code de la route. Le gouverneur de la région de la Boucle du Mouhoun, Victor Dabiré, a exhorté les chauffeurs, les passagers, les propriétaires de véhicules à plus de prudence et de responsabilité. Ce qui est arrivé, selon ses dires, est décevant et triste à la fois. Au regard de l’état des véhicules accidentés, a-t-il ajouté, sans être un spécialiste, on peut déduire que la vitesse était excessive. Pour le gouverneur, ce sont des catastrophes qu’on peut éviter, pour peu qu’on prenne conscience que la vie humaine mérite d’être respectée. Le DG de l’ONASER, Koudougou Ahoué, pour sa part, crie haro sur le transport mixte et est très favorable à ce que des dispositions soient prises pour y mettre fin. Chaque chauffeur, a-t-il martelé, une fois au volant, doit se dire qu’il a entre les mains la vie de plusieurs personnes. L’autodiscipline doit donc être de mise.

Rompre avec la complaisance

Cet énième accident à Kari n’est pas sans rappeler celui mémorable du 15 novembre 2008 à Boromo qui avait fait 69 morts, 35 blessés et d’énormes dégâts matériels. Depuis, la route n’a pas arrêté de tuer. Au cours de l’année qui vient de s’éteindre, d’autres cas de drames similaires ont encore eu lieu à travers tout le territoire national. Les statistiques non exhaustives d’accidents mortels en 2013 signalent les drames du 15 mai aux environs de Houndé : 3 morts et 28 blessés ; de la nuit du 26 au 27 juillet à Sabou: 10 morts et 15 blessés ; du 8 octobre sur l’axe Pa-Boromo : 10 morts et 9 blessés ; du 11 octobre à Tougouri : 7 morts et 34 blessés. Il est alors grand temps de prendre des mesures énergiques en plus de celles déjà existantes pour lutter contre l’insécurité routière, aussi bien en ville qu’en campagne. Les sapeurs-pompiers méritent d’être dotés en moyens conséquents. Les prérogatives de l’ONASER et des services de sécurité doivent être renforcées. Plus d’épaves et autres cercueils roulants sur les routes et sus à la complaisance. Les populations sont fatiguées d’être témoins et d’assister impuissantes à des scènes macabres, chaque fois mis sur le compte de la fatalité ou de la volonté divine. Au-delà des initiatives, lois et mesures prises dans le sens de l’amélioration du cadre institutionnel et réglementaire ; de la formation et de la sensibilisation des usagers au respect des règles de sécurité routière ; de l’amélioration de l’état technique des véhicules et de la limitation de l’âge des véhicules importés ; du renforcement de l’état des infrastructures routières… il faudra maintenant agir. Pour cela, la répression ne serait pas de trop.

D. Evariste Ouédraogo

Dramane Sougué

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