L’intervention militaire au Nord-Mali se dessine de plus en plus avec certitude. Mais l’Algérie dont le soutien à une telle opération est important, joue toujours la montre. Telle une jeune fille, elle continue à se faire courtiser. Après le Mali et la France, c’était au tour des Etats-Unis d’Amérique de conter fleurette à Alger. Et ce, à travers la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton, qui s’y est rendue le 29 octobre dernier, en vue d’obtenir son soutien à une éventuelle intervention militaire au Mali. Certes, les autorités algériennes n’excluent plus ce principe, cependant, elles restent réticentes quant à leur participation directe à une telle opération. Jusqu’à quand l’Algérie va-t-elle continuer à se faire courtiser ? Est-elle si indispensable à ce point ? Il n’y a plus de doute, l’idée de l’intervention militaire au Nord-Mali prospère. Le fait que les Etats-Unis qui étaient réticents à cette idée aient changé d’attitude en est une preuve irréfutable. Le séjour du général Sékouba Konaté, haut représentant de l’Union africaine (l’UA) à Bamako, du 29 octobre au 8 novembre, avec une délégation de responsables militaires, en dit long. Il y a un temps pour tergiverser et s’opposer à un projet et un temps pour se décider. Et l’Algérie gagnerait à rejoindre le camp des interventionnistes. Car, tout semble indiquer que l’intervention militaire est la seule solution pour libérer le Nord-Mali des mains des djihadistes. Sur le plan de la négociation, c’est le statu quo. Personne, en tout cas pas les Maliens, ne croit encore à une paix négociée. Il est certain que si l’Algérie continue dans cette position, l’histoire se fera sans elle. Dans tous les cas, elle ne peut, à elle seule, arrêter le processus en cours qui enregistre de plus en plus de soutiens de taille dont celui de l’Union européenne. Et ce serait dommage que l’Algérie se mette en marge de ce processus au regard du rang qu’elle occupe dans la sous-région et au plan international. Les Maliens ont longtemps tergiversé mais ils ont fini par comprendre la nécessité d’agir pour libérer les Nordistes des griffes des islamistes. Et il n’est pas évident qu’avec les différents soutiens dont ils bénéficient actuellement, ils attendront plus longtemps avant de mettre en marche la machine de libération. D’ailleurs, s’ils en sont arrivés à demander de l’aide à Alger et à la communauté internationale, c’est parce qu’ils n’ont pas les moyens nécessaires pour mener seuls le combat. Car avant tout, la libération d’un territoire est une question de souveraineté nationale. En tout cas, il urge que l’Algérie change de fusil d’épaule. Le bol d’air qu’elle respire pour avoir bouté hors de ses frontières les terroristes, pourrait un jour l’étouffer si la situation au Mali reste en l’état. Si le pays de Abdelaziz Bouteflika pense que ces fous de Dieu se contenteront du territoire acquis sans coup férir, il se trompe. Ces groupes rebelles qui renforcent chaque jour leurs rangs, chercheront probablement à occuper d’autres territoires de la sous-région favorables à leurs activités illicites, notamment les portions de terre qu’Alger partage avec le Mali. Espérons que la prochaine rencontre de ces deux grandes puissances USA-Algérie, qui n’ont pas encore atteint la vitesse de croisière de leur engagement pour le processus en cours, mettra fin au scepticisme algérien et ouvrira la voie à une intervention rapide au Nord-Mali. En tout état de cause, si l’Algérie tient à prouver son rôle central dans la bande sahélo-saharienne, elle doit arrêter de tergiverser et prendre le train de l’intervention militaire au Nord-Mali.