Le président sénégalais, Macky Sall, vient de remanier son gouvernement. Sept membres s’en vont et le nombre de ministres est passé de 25 à 30. Pour ainsi dire, le paysage gouvernemental du pays de la Téranga a changé de couleur. Ce remaniement qui survient à sept mois de son élection montre que Sall est à l’épreuve du pouvoir qui ressemble à un feu : loin de lui, on a froid, mais près de lui, on se brûle. L’homme qui tenait mordicus à une équipe gouvernementale réduite mais compétente a dû revoir sa copie. Mais ce remaniement, quoiqu’il offre l’occasion aux détracteurs de Sall de l’accuser d’avoir fait preuve d’amateurisme, est tout de même riche d’enseignements. En effet, sous les tropiques africains, de telles décisions sont rarissimes. Très souvent, par orgueil ou dans le souci de contenter des copains, on s’accommode des gouvernements incompétents, quitte à compromettre sa politique. A la vérité, Sall s’assume dans la mesure où parmi les ministres démis, il se trouve des militants influents de son parti, à l’image d’Alioune Cissé des Affaires étrangères et de Mbaye Ndiaye de l’Intérieur. L’intérêt du peuple sénégalais semble donc avoir prévalu sur le sentimentalisme et le partisanisme. A l’épreuve du pouvoir, Macky Sall a pris la mesure des défis qui se posent aux Sénégalais. Les problèmes seront traités avec une précision chirurgicale, comme en témoigne la création d’un ministère de la Restructuration et de l’aménagement des zones d’inondation. On ne peut passer sous silence non plus la création d’un ministère de la Bonne gouvernance confiée au journaliste investigateur Abdoul Latif Coulibaly. Macky Sall se lance là un grand défi, en s’offrant les services du journaliste empêcheur de « détourner en rond ». On attend de voir ce que ce ménage va donner. Et c’est tant mieux car les attentes des Sénégalais sont nombreuses. En tout état de cause, l’état de grâce est terminé. Comme on le constate d’ailleurs, beaucoup demandent de plus en plus des comptes à un Sall qui a hérité d’un pouvoir des moins reluisants. Au fait, la désillusion née du règne de Wade est loin d’être dissipée. Et, s’il n’y prend garde, Sall risque de récolter les pots cassés de son prédécesseur. On comprend donc ce remaniement pour le moins inattendu qui tient lieu d’une remise en cause de son propre système de gouvernance. C’est de bonne guerre, surtout que les Sénégalais ont élu Macky Sall sur la base d’un programme. Ce dernier sait qu’au bout de cinq ans, le peuple fera le bilan de son passage à la tête de l’Etat, le reconduira ou le boudera. Ce remaniement doit donc, par la cohérence et la nouvelle dynamique qu’il impose à l’action gouvernementale, permettre d’apporter les solutions aux problèmes des Sénégalais.