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L’Observateur Paalga N° 8529 du 30/12/2013

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Bobo-Dioulasso : Garderie nocturne d’enfants pour mères prostituées
Publié le lundi 30 decembre 2013   |  L’Observateur Paalga




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Bobo-Dioulasso, à l’instar de toutes les grandes villes du Burkina, connaît aujourd’hui une recrudescence de la prostitution. Un phénomène bien réel qui se présente sous diverses formes avec surtout les nombreuses implications qu’il engendre. Car de nos jours, ils sont nombreux dans nos centres urbains à vivre directement ou indirectement de cette ignoble pratique qui, malheureusement, ne cesse aussi de faire des victimes collatérales. C’est bien le cas de ces enfants qui seraient régulièrement soumis à des produits pharmaceutiques pour un sommeil forcé avant d’être placés sous la garde d’une femme, moyennant une rémunération. Le temps pour ces mères prostituées, plus actives après le coucher du soleil, de se livrer librement à leurs occupations nocturnes. Et ce qui semble véritablement choquer dans cette affaire est cette menace qui pèse actuellement sur l’équilibre psychique et physiologique de ces mômes sans défense.





Les vieux quartiers de la ville de Sya avec leurs anciennes concessions familiales dont la plupart est actuellement en ruine sont en train de devenir des terreaux fertiles pour les prostituées du fait de leur proximité avec le centre-ville. De Sikasso Cira à Diaradougou en passant par Accart Ville, Farakan, Bolomakoté et autres, la situation est presque la même dans de nombreuses cours où l’autorité parentale n’a plus droit de cité, laissant ainsi libre cours à ces comportements que des habitants qualifient de Haram. Une opportunité alors pour ces jeunes filles natives de ces quartiers ou en provenance d’horizons divers de s’y installer afin de se livrer au plus vieux métier du monde.

Agée de 45 ans et sans la moindre qualification professionnelle, A.T. a élu domicile dans l’une de ces cours communes de Bobo- Dioulasso. Pour un loyer mensuel de trois mille francs et avec à sa charge deux petits-enfants, cette veuve semble avoir trouvé une astuce pour se faire de l’argent afin de subvenir à ses besoins. Son travail à l’heure actuelle consiste à assurer chaque soir la garde des enfants de ses voisines qui ne sont autres que de jeunes filles. En somme, des prostituées contraintes de se débarrasser du fruit de leurs entrailles dès le coucher du soleil et ce, jusqu’au petit matin. Le temps pour ces mères indignes de mener sans encombre leurs activités nocturnes dans les maquis, les hôtels et autres chambres de passe. A.T., qui joue de complicité tacite dans cette affaire, se retrouve tous les soirs avec souvent une dizaine d’enfants dans les bras. Et assurer la garde de ces mômes, nuitamment de surcroît, n’est certainement pas de la sinécure.

Mais A.T. semble s’en offusquer éperdument. Car, dit-elle, «je n’ai pas le choix et c’est ce que je peux faire aujourd’hui pour gagner ma vie. Certaines filles viennent d’autres secteurs pour me confier leur bébé moyennant également de l’argent. Je m’occupe très bien d’eux et à leur descente le matin, elles viennent les récupérer. Je prends bien soins de ces enfants toute la nuit et j’ai la chance qu’ils ne pleurent pas. La plupart d’entre eux dorment jusqu’au lever du soleil».

Pour un coût estimé à 1 000 F CFA par enfant et par nuit, A.T. est en train de réaliser une «bonne» affaire. Surtout que sa tâche serait allégée par le traitement auquel sont soumis ces pensionnaires. Obligés qu’ils sont, d’ingurgiter chaque soir des somnifères avant de rejoindre la «garderie». Et du coup, c’est un véritable problème de santé qui se pose pour ces enfants qui ne sont d’ailleurs pas à l’abri de certaines maladies. A cela s’ajoutent aussi les conditions de vie dans cette maisonnette de quelques mètres carrés et occupée par A.T. Un local très exigu qui sert de dortoir à ces enfants, souvent couchés à même le sol. Le cas d’A.T. n’est en réalité qu’un exemple parmi tant d’autres, car à Bobo-Dioulasso, ces garde-bébés d’un genre nouveau, il en existe dans de nombreuses familles et dans la plupart des secteurs de la ville, favorisant ainsi un phénomène qui, malheureusement, est en train de compromettre dangereusement l’avenir de la société.



Jonas Apollinaire Kaboré

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