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Sidwaya N° 2712 du 27/12/2013

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Salons de beauté à Ouagadougou: Ces hommes, coiffeurs de femmes
Publié le vendredi 27 decembre 2013   |  Sidwaya




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Les salons de coiffure féminine au Burkina Faso étaient tenus quasi-exclusivement par des femmes depuis les années 90. De nos jours, la donne a changé. Les salons de beauté pilotés par la gent masculine poussent comme des champignons dans la ville de Ouagadougou et attirent bon nombre de dames qui les préfèrent à ceux tenus par des femmes. « Gaël coiffure », « Haroun coiffure », « Sogoma sandji coiffure », etc., ne désemplissent pas. Quel est leur secret ? Pourquoi cet engouement surtout de la gent féminine pour ces salons ?

Une équipe de Sidwaya au salon « Gaël coiffure », sis au côté Sud-Ouest du grand marché Rood- wooko ! « Venez par là », interpelle affectueusement son premier responsable, Emmanuel Gaël Bassolet, dont le nom de marketing est Gaël. Le salon est bondé de clientes. L’engouement des femmes et des jeunes filles est remarquable. Plus de places assises ce jour-là, et il en est ainsi au quotidien, dit-on. Emmanuel Gaël et ses employés, en majorité des filles, s’attèlent qui, à faire la mise en plis des cheveux de clientes, qui à faire la pédicure-manucure à d’autres. Dans cette « clinique de la beauté », les causeries entre employés se font en sourdine. Le responsable du salon explique qu’il est interdit de bavarder lorsqu’on travaille. « Tous ceux qui ont été formés dans mon salon le savent », a-t-il poursuivi. Et d’ajouter : « Il y a des gens qui ont démissionné parce qu’ils trouvent que je suis trop sévère mais, j’en suis fier parce que ce n’est pas un lieu où on doit s’amuser ».
Jacqueline H., une fidèle cliente de « Gaël coiffure » n’hésite pas à s’exprimer sur la qualité du travail du salon de coiffure. « Je me coiffe dans ce salon, depuis une vingtaine d’années, parce qu’il maîtrise la coiffure féminine », dit-elle avec satisfaction. Paraître toujours belle, était la passion de cette Dame lorsqu’elle était étudiante. Elle se souvient encore : « J’avais une nouvelle coiffure toutes les semaines ». Jacqueline H. a affirmé qu’au début des années 90, Emmanuel Gaël Bassolet était le seul professionnel de la coiffure mixte. Venu de la Côte d’Ivoire, celui-ci, selon Mme H., est le premier à introduire la technique du tissage à Ouagadougou. L’installation de ce promoteur de coiffure mixte au Burkina Faso, a été, à l’écouter, un ouf de soulagement pour plus d’une femme. Les propos de Jacqueline H. sont corroborés par ceux de Fatim Nadège Sanou, secrétaire de direction. Mme Sanou soutient que M. Bassolet connaît ses goûts en matière de coiffure. « Rarement je lui propose un modèle… Il est spécialisé en tissage, en coupe et sait accueillir les gens », insiste-t-elle.

« Ils maîtrisent bien la coiffure féminine »

Harouna Bassolet est également détenteur d’un salon de coiffure. Son salon, « Haroun coiffure », situé au côté-Est du marché de Pag-la –Yiri, est fréquenté par de nombreuses femmes et jeunes filles de la capitale. Le personnel y travaille dans un calme absolu. Bien habillé dans son ensemble veste assorti d’une cravate, le maître des lieux confie que celui qui l’a formé, aime la sape et le travail bien fait. Pour lui, son formateur qui n’est autre que Gaël Emmanuel Bassolet, est un exemple à suivre. Odette Bassolet, professeur de français, se coiffe à « Haroun coiffure ». Elle dit trouver du plaisir en se rendant dans ce salon. « Rien ne vaut le travail bien fait. Je suis satisfaite de la prestation de Harouna », assure-t-elle. Une autre dame, N. A., la cinquantaine, dit se faire coiffer par celui-ci, depuis une dizaine d’années. Et pour cause : « Il coiffe bien et ne cesse d’innover… ».

Au marché de Gounghin se trouve également un salon de coiffure dénommé « Sogoma-sandji » dont le promoteur est Mamadou Kaboré. Beaucoup de femmes et filles qui y convergent, disent y trouver leur compte. « J’ai des cheveux crépis qui résistent à beaucoup de défrisants. Mais chez Mamadou, j’ai trouvé la solution », raconte une fidèle cliente, Salimatou Traoré. « Si je veux faire un chignon, je préfère aller chez Mamadou Kaboré. Son défrisage me réussit… », renchérit une autre cliente, Nabou Ouédraogo.

A l’instar de ces témoignages, elles sont nombreuses les femmes qui fréquentent les salons de coiffure appartenant à des hommes, convaincues que ces « professionnels de cheveux », maîtrisent la coiffure, sont sérieux et très accueillants.

Un métier comme tout autre

Ces trois promoteurs de salon, à savoir Gaël Emmanuel Bassolet, Harouna Bassolet et Mamadou Kaboré affirment à l’unanimité, avoir embrassé le métier par amour. Même si cela était vu d’un mauvais œil par beaucoup de gens qui les soupçonnaient d’être des homosexuels… « Il s’agit d’un métier comme tous les autres, qui nourrit son homme. Il faut savoir ce qu’on veut dans la vie… », ont-ils laissé entendre.

Gaël Emmanuel confie avoir débuté la coiffure mixte sur les têtes d’expatriés depuis 1979, en Côte d’Ivoire, avec un coiffeur professionnel de renom, Garo Pasmania. Il a plus d’une trentaine d’années d’expérience en la matière et a plusieurs fois assisté au concours mondial de la coiffure en France... Propriétaire de quatre salons à Ouagadougou, huit de ses ex-employés travaillent actuellement à leur propre compte.

Marié et père de cinq enfants, Emmanuel Gaël Bassolet a eu la chance d’avoir, d’ores et déjà, un successeur. Son 3e enfant, Gaël, âgé de 17 ans, assure l’intérim au salon en l’absence du père. Après avoir reçu les B-A.-BA du métier de son géniteur, Gaël a été faire un stage de renforcement de capacités en Côte d’Ivoire. Par conséquent, le promoteur de « Gaël coiffure » est heureux, car la relève est assurée. Pour lui, lorsqu’on parle de coiffure, il y a toute une mesure d’accompagnement et la formation est indispensable. Car, les Européens qu’il coiffe souvent, sont prêts à payer le prix, mais n’admettent jamais les erreurs. « Il faut maîtriser le métier », prévient-il. Il estime que la plupart des promoteurs de salon au Burkina Faso sont, en réalité, au stade d’aides-coiffeurs. « C’est un abus que d’utiliser le titre de coiffeur car, ils n’arrivent pas à tout faire », s’explique-t-il. Pour être coiffeur, il faut, selon lui, franchir trois étapes : le laboratoire (où on analyse des cheveux en vue de connaître leur nature et appliquer les produits adaptés…), l’aide-coiffeur (ici on apprend à connaître le type de coiffure à appliquer sur un visage) et le coiffeur (qui peut tout faire). En plus de la mise en plis, la coupe, celui-ci maîtrise les deux premières étapes. Gaël Bassolet est l’un des premiers coiffeurs à pratiquer la coupe européenne au Burkina Faso et ce promoteur de salon mixte, s’est dit être, par ailleurs, fier d’avoir formé beaucoup de jeunes gens qui, de nos jours, ont leurs salons et gagnent convenablement leur vie.

De la vente de kiosque à la coiffure

Quant à Harouna Bassolet, il a été successivement vendeur de kiosque, coiffeur des hommes avant de se reconvertir en 1993, en coiffeur mixte. Après une dizaine d’années de formation passées dans le salon de son cousin, il s’est installé à son propre compte en 2004. Il vient récemment d’ouvrir son annexe à Ouaga 2000, en vue de se rapprocher d’une partie de ses clients, notamment « les gros bonnets » qui, selon lui, ont de la retenue pour venir dans son salon, situé en face d’un marché populaire. Ce promoteur, marié et père de trois enfants, dit gagner bien sa vie grâce à la coiffure. Contrairement à Gaël Emmanuel Bassolet, aucun des enfants de Harouna Bassolet n’envisage, pour le moment, emboîter ses pas. « C’est l’aînée, (17 ans) qui vient d’avoir son Baccalauréat en 2013, qui passe par plaisir, au moment des fêtes, donner un coup de main », a-t-il relevé.

Le promoteur de « Sogoma sandji », Mamadou Kaboré, a travaillé également dans un kiosque avant d’embrasser la coiffure mixte en 1999. Marié et père de trois enfants, M. Kaboré cherche encore les moyens pour renforcer les capacités de son unique salon.

Pourvoyeuse d’emplois, la coiffure mixte nourrit son homme. Gaël Emmanuel et Harouna ont des employés recrutés sur le tas et des professionnels rémunérés entre 40 000 à 150 000 F CFA par mois en fonction de leur prestation et de la période. Par exemple, l’approche des fêtes est dite période de vaches grasses pour plusieurs salons de coiffure. Passées les fêtes, les clientes viennent au compte-goutte, avec des moments de forte affluence les week-ends. Cependant, « Nous arrivons à honorer toutes nos taxes, payer nos employés et satisfaire les besoins de nos familles… », avouent-ils tous. Le défi permanent à relever étant de satisfaire une clientèle très exigeante et toujours pressée. « Elles ne veulent pas respecter l’ordre d’arrivée parce qu’elles se disent des clientes fidèles », ont-ils laissé entendre. Aussi, il y en a qui ne respectent pas, de leur avis, les rendez-vous fixés.

Aïssata BANGRE

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