Le samedi 14 décembre 2013, les populations de la commune de Pompoï dans la province des Balé, ont célébré la fête du manioc pour la première fois. Avec comme marraine, Professeure Yé/Ouattara Diarra, vice-présidente de l’Université de Ouagadougou, cette édition a été placée sous le thème : « Manioc, culture et transformation ». C’était dans le village de San, appelé « Fouanou » par la communauté bwaba, en présence du haut-commissaire de la province des Balé, Bamouni/Traoré Ouo Bibata.
« La production du manioc est un travail noble. Cette plante à tubercule nourrit actuellement 800 millions de personnes dans plus de 105 pays dans le monde. C’est la 4ème plante alimentaire, derrière le maïs, le blé et le riz ». C’est en ces termes que la Prof. Diarra Yé a tenu à féliciter et encourager les productrices et producteurs de manioc de la zone de San. Indiquant que la production de manioc est source de fortune, elle a incité les populations à s’y investir. En effet, selon les explications données par les services techniques des structures en charge de l’agriculture dans les Balé, une tonne de manioc vaut la modique somme de 65 000 F CFA et mériterait une plus grande attention de la part des paysans.
Selon le maire de la commune, Abdoulaye Damé, la production de manioc date de plus de 80 ans dans le village de San et a connu son véritable envol en 2009, avec l’introduction de nouvelles variétés. Cependant, cette pratique était artisanale et ne faisait l’objet d’aucune transformation. Grâce à la contribution de l’épouse d’un fils de la commune, Agnès Gnissi, directrice de l’agence conseils Lemin Groupe Developpement (LGD), la production du manioc s’intègre depuis 2009, dans une dynamique de marché, grâce à la construction d’un pôle d’entreprises économiques, la transformation plus professionnelle et plus rentable du manioc, au-delà du seul village pour s’étendre dans la commune de Pompoï voire la province des Balé. Mme Agnès Gnissi née Ganou et son époux feu colonel Seydou Gnissi ont en effet, aidé à importer et mettre à la disposition des producteurs 175 000 boutures de la région du Sud-Ouest du Burkina, composés essentiellement de variétés 94/O270 ; 92/0067, Banké, V4 et V5 a témoigné M. Damé. 6’introduction de ces nouvelles variétés a été possible, grâce à l’appui financier de IFDC et à l’accompagnement technique de l’agence LGD de Mme Gnissi qui a assuré le renforcement des capacités des producteurs vers une production intensive avec une amélioration du rendement à l’hectare.
Cette production est passée de 5.5 tonnes à l’hectare en 2009 à 12.5 tonnes en 2013.
Le premier magistrat de la commune n’a pas manqué de relever certaines difficultés qui minent la production saine du manioc dans sa commune. Il s’agit entre autres, de l’insuffisance d’eau, du manque de motopompes, de l’insuffisance d’outillage de transformation du manioc et de la non maîtrise du marché.
Malgré ces problèmes, il faut reconnaître que des progrès ont été réalisés dans la transformation de cette plante. Car une trentaine de femmes parviennent de plus en plus à transformer le manioc en « attiéké », en « tapioca », en « gari », en farine et en amidon. Ce qui a fait dire à la marraine que l’espoir est permis : « c’est ici à San que nous pouvons illustrer avec la plus grande pertinence, cette formule : jamais importer le gari ou mieux, l’attiéké d’ailleurs. Consommons le manioc et ses dérivés produits à San ».
La transformation du manioc a permis aux femmes de San de contribuer à la qualité et à la sécurité alimentaires des ménages de San et des populations de la commune de Pompoï et de la province des Balé.
Les meilleures productrices et les meilleurs producteurs ont été récompensés pour la qualité et le record de leurs productions au cours de la saison écoulée. endez-vous est donné pour la prochaine édition de la journée promotionnelle du manioc en décembre 2014, dans la commune de Pompoï.