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L’Observateur Paalga N° 8526 du 24/12/2013

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Noël 2013 : Rencontre avec le Nonce Apostolique
Publié le mercredi 25 decembre 2013   |  L’Observateur Paalga


Noël
© Autre presse par DR
Noël 2013 : Rencontre avec le Nonce Apostolique


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Il est né le 30 mai 1953 à Mazara del Vallo en Italie.Ordonné prêtre le 1er avril 1979, il a été consacré archevêque titulaire d’Alba le 28 octobre 2007. Depuis le 12 juin 2007, il est nommé Nonce Apostolique au Burkina Faso et au Niger.C’est cet ambassadeur du pape François que nous avons rencontré dans le cadre de la fête de Noël.Mgr Vito Rallo, dans cet entretien qu’il nous a accordé, nous parle de son travail à la nonciature apostolique, de ses œuvres caritatives et de la Nativité du Christ, cet «événement inouï de la sollicitude de Dieu pour l’homme».Quelle est la particularité de la Nonciature Apostolique par rapport aux autres ambassades ordinaires ?
La particularité du Nonce Apostolique est qu’il représente le Pontife Romain, de manière stable, auprès des églises particulières et auprès du Gouvernement et des Autorités du pays où il est envoyé. Il assume ainsi une double mission auprès des églises particulières et des autorités gouvernementales et étatiques du lieu. Vous savez sans doute que le Saint-Siège, en tant que sujet de droit international, entretient des relations diplomatiques avec 180 pays et 20 organisations internationales. Et de ce point de vue, en plus de son rôle proprement ecclésial, le Légat pontifical, accrédité en même temps auprès de l’Etat selon les règles du droit international, a la charge particulière de promouvoir et d’entretenir les rapports entre le Siège apostolique et les autorités de l’Etat, de traiter les questions concernant les relations de l’Église et de l’État et, en particulier, de travailler à l’élaboration et à la mise en œuvre de concordats et autres conventions du même genre.

De quoi est fait le quotidien d’un Nonce Apostolique ?

Le Nonce Apostolique est d’abord un archevêque. Son quotidien est donc ponctué de moments de prière. Je consacre en effet la première partie de la matinée avant tout, à la prière, à la méditation et à la célébration de la Sainte Messe. De 9 heures jusqu’à 13 heures et de 15h30 à 19h30 heures, je reste au bureau et je m’occupe de tout le travail ordinaire de la Nonciature. Je coordonne le travail du Secrétaire diplomatique et des collaborateurs locaux. Je reçois les évêques, les ambassadeurs, les autorités burkinabè, les prêtres, les religieux, religieuses et les laïcs qui demandent à me rencontrer.

Nous répondons aux lettres, aux coups de téléphone, nous participons aux réunions du Corps diplomatique et répondons aux convocations du Gouvernement. Je lis les rapports et les correspondances qui arrivent des diocèses et des instituts religieux. Je lis les journaux pour m’informer de la situation du pays. Je reçois les documents du Saint-Siège qui doivent être transmis aux diocèses. Je lis les demandes de subsides que les évêques envoient à la Nonciature pour être transmises aux Œuvres pontificales missionnaires. Nous délivrons des notes verbales aux prêtres, religieux et religieuses qui doivent se rendre à Rome, pour motifs d’études, en vue de l’obtention du visa à l’ambassade d’Italie.

Je prépare les homélies et les discours que je devrais prononcer à l’occasion des Saintes Messes ou des rencontres dans les diocèses ou dans les paroisses. Nous préparons les rapports que la Nonciature Apostolique transmet au Saint-Siège pour informer de la vie de l’Eglise ou de la situation sociale, religieuse et politique du pays.

Au début de mon séjour au Burkina, presque deux dimanches sur quatre dans le mois, j’étais souvent hors de la Nonciature. Ainsi, j’ai visité Koubri, Koupéla, Kaya, Ouahigouya, Bobo-Dioulasso, Manga, etc., et quelques paroisses de l’archidiocèse de Ouagadougou, où je préside un certain nombre de célébrations eucharistiques. Chaque année, je célèbre également la Sainte Messe à la prison de Ouagadougou (MACO). En 2008, après avoir béni un déjeuner pour 1400 détenus, j’ai visité les différents bâtiments de cette prison.

A partir de 2009, à cause d’une intervention chirurgicale de hernie discale, j’ai été obligé de réduire mes déplacements sur les routes du Burkina Faso. En dépit de cette situation, j’ai pris part à la grande célébration du pèlerinage national à Yagma et célébré des Messes durant la Semaine Sainte dans des paroisses à Ouagadougou. J’ai présidé aussi l’installation des nouveaux archevêques de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso, la consécration épiscopale du nouvel évêque de Manga, l’ordination de plus de 40 diacres au Grand Séminaire Saint-Jean-Baptiste et de 47 diacres au Grand Séminaire Saint-Pierre Claver de Koumi. En outre, comme ambassadeur, je prends part à plusieurs rencontres avec le Président du Faso, les ministres et les autres diplomates.

Par ailleurs, grâce à la générosité de plusieurs amis d’Italie, d’Espagne, du Mexique, de l’Irlande et de la Corée du Sud, le Nonce Apostolique suit personnellement et coordonne plusieurs programmes de charité et de promotion humaine. Ainsi, j’ai promu l’adoption de 62 enfants et financé la réalisation de 40 forages. Parmi ces forages on compte 12 à Dori et 1 à Niamey.

La Nonciature Apostolique a initié aussi la promotion de quelques œuvres de charité et de solidarité, à travers la distribution de céréales à des familles nécessiteuses et par la distribution de semences améliorées à des agriculteurs, de concert avec l’OCADES-CARITAS-Burkina. Elle a financé aussi la construction de 30 maisons pour des familles de personnes frappées par la lèpre et la construction d’un pavillon de pédiatrie au Centre médical Paul VI à Ouagadougou, qui entre 2010 et 2011 a soigné 12 000 enfants et hospitalisé 3 100 autres. La Nonciature a financé aussi un Centre médical et social à Nouna, et donné des bourses d’études à 22 étudiants universitaires de l’USTA. En outre, elle a fait parvenir à plusieurs centaines de familles catholiques, musulmanes et animistes des vivres. Une goutte d’eau devant les grands besoins des Burkinabè, mais sans cette goutte, l’océan n’aurait pas le même goût (Mère Thérèse de Calcutta). En cinq ans et demi, les aides offertes par la Nonciature Apostolique s’élèvent à 633 670 860 francs CFA.

La Nonciature a-t-elle un pouvoir hiérarchique sur l’Eglise catholique du Burkina et comment cela s’exerce-t-il ?

Le rôle du Nonce Apostolique est d’être le signe de l’unité entre le Saint-Siège et les évêques des églises particulières. En tant que représentant du Saint-Père, sa mission est de rendre étroits, solides et efficaces les liens entre le Siège apostolique et les Eglises locales. Il doit promouvoir ce signe d’unité entre eux et aider les évêques dans leurs besoins.

Ainsi, il appartient au Légat pontifical d’informer le Siège apostolique de la situation des Eglises particulières et de tout ce qui touche la vie de l’Eglise et le bien des âmes, d’aider les évêques par son action et ses conseils, d’entretenir des relations fréquentes avec la Conférence épiscopale des évêques, en lui apportant toute aide possible, en ce qui concerne la nomination des évêques, de transmettre au Siège apostolique, ou de lui proposer, les noms des candidats, ainsi que l’enquête concernant les personnes à promouvoir, selon les règles données par le Siège apostolique. Le Nonce est l’interprète de la sollicitude du Pontife romain pour le bien du pays dans lequel il exerce sa mission. Il doit s’intéresser avec zèle aux problèmes de paix, aux questions du progrès et de la collaboration des peuples, en vue du bien spirituel, moral et matériel de la famille humaine entière. Au Représentant pontifical incombe aussi le devoir de veiller, dans le territoire où il exerce son service, à la mission de l’Eglise et du Saint-Siège. Dans sa qualité d’envoyé du Pasteur suprême, le Représentant pontifical promouvra, en harmonie avec les instructions qu’il reçoit des Dicastères compétents du Saint-Siège et en accord avec les évêques du lieu, des contacts opportuns entre l’Eglise catholique et les autres communautés chrétiennes, et il favorisera des rapports cordiaux avec les religions non chrétiennes.

Apparemment vous n’êtes pas relié à une paroisse, alors où officiez-vous lors des solennités et les dimanches en temps ordinaire ?

La Nonciature Apostolique n’est pas reliée à une paroisse parce que, comme toute ambassade, elle jouit d’une immunité et d’une extraterritorialité.

Les dimanches et solennités, comme les jours ordinaires, le Nonce célèbre la Sainte Messe à la Nonciature Apostolique où il y a une petite chapelle ouverte aux membres du Corps diplomatique et seulement à eux parce que les catholiques burkinabè ont le devoir de participer à la vie de leurs propres paroisses. A certaines occasions comme Noël, la Semaine Sainte, il célèbre dans des paroisses sur invitation expresse de l’archevêque du lieu.

Quelle appréciation faites-vous du vécu de l’Evangile par l’Eglise catholique au Burkina Faso ?

L’Eglise au Burkina est très jeune comme vous le savez. Elle est très dynamique et fervente, en pleine croissance aussi avec la création de deux nouveaux diocèses. Malgré tout, elle reste aussi humble et consciente de ses besoins de conversion. L’Eglise est toujours en chemin, donc en état de conversion permanente comme l’est la vie de tout homme, du reste.

Demain c’est la fête de la Nativité. Avez-vous un vœu particulier pour la circonstance et quel est votre message de Noël ?

Mon vœu est d’abord celui d’une bonne et joyeuse fête de Noël à tous et à toutes, à tous ceux qui fêtent Noël d’une manière ou d’une autre, chrétiens ou non. Je sais, en effet, qu’ici au Burkina chrétiens et musulmans vivent de grands moments de solidarité et de convivialité aussi autour des fêtes musulmanes et chrétiennes.

Cela dit, Noël commémore l’Incarnation du Fils de Dieu : Dieu se fait homme. Il se fait solidaire de l’homme pour le sauver. C’est un événement inouï qui dit toute la sollicitude de Dieu pour l’homme. Il entre dans notre histoire pour révéler à tout homme le vrai visage de ses rêves les plus profonds. Autrement dit, Dieu se révèle à l’homme, lui permettant d’accéder ainsi à une pleine compréhension de son identité et de son destin. En commémorant cet événement, je souhaite fortement que les différentes célébrations, et les festivités qui les accompagnent, remplissent nos vies personnelles de la grâce de la paix, de la joie, du partage et de la solidarité pour l’avènement d’un monde vraiment nouveau, un monde selon le cœur de Dieu et digne des aspirations les plus profondes de l’homme et de sa dignité.

Aujourd’hui Noël a perdu son sens religieux et c’est la dimension commerciale qui est la plus en vue. Quels sont vos sentiments face à cette situation ?

C’est vrai qu’une certaine surenchère mercantiliste se développe toujours autour de la fête de Noël ne laissant en vue que l’écorce de l’événement, l’aspect festif qui a aussi toute son importance. Mais il faut dire aussi que Noël n’a pas perdu tout son sens religieux. Beaucoup de chrétiens vivent en effet l’événement dans une véritable ferveur spirituelle qui donne place à l’essentiel. Je vous citerai à titre indicatif les longues files de chrétiens qui tiennent absolument à se confesser avant la fête de Noël. C’est la preuve que beaucoup de chrétiens ne voient pas Noël juste comme une occasion de fêter.

Etant loin de votre pays, comment vivez-vous Noël au Burkina Faso ?

Je suis loin de mon pays natal, mais je retrouve ici au Burkina Faso une véritable famille avec qui, depuis 2007, je partage la joie de Noël. Il s’agit de l’Eglise Famille de Dieu au Burkina et de l’ensemble de tant d’hommes et de femmes, toutes religions confondues, qui mesurent l’enjeu de notre appartenance à la même humanité. Voilà autant de personnes avec qui je fête Noël ici au Burkina. Tout commencera avec la célébration de la Nativité, que je préside à la Paroisse Jean XXIII, et ensuite ce sera l’échange des vœux et souhaits que l’on se formule réciproquement. Je voudrais à ce titre saisir ici l’occasion pour adresser mes meilleurs vœux à toutes et à tous les Burkinabè, au quotidien L’Observateur Paalga et à tous les journalistes.

Noël est aussi la fête des dons. Dieu nous a donné son Fils Jésus afin que nous devenions nous aussi des dons de Dieu pour nos frères, surtout les plus pauvres. Dans nos familles, je souhaite qu’il ne manque pas de place pour un pauvre qui frappera à notre porte. C’est cela aussi vivre Noël. Bonne fête de Noël et heureuse année à tous.

Propos recueillis par

San Evariste Barro

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