Le secteur informel connait de plus en plus une évolution particulière à Ouagadougou au regard des corps de métier qui y sont affiliés. Celui qui a le plus retenu notre attention est la couture. La raison est toute simple. A l’approche des fêtes de fin d’année, l’affluence des clients autour des ateliers de couture est grande. Un détour à travers les artères de la ville, le constat est clair et sans équivoque. C’est dans cette dynamique qu’on a rencontré deux maitres couturiers dans le même atelier à Dapoya un quartier populaire de la capitale.
N’D.C. N’Diaye Collection et Demba Couture sont les noms d’artistes de ces deux jeunes travaillant dans le même atelier. Ils travaillent avec beaucoup d’entrain et ne ménagent aucun geste pour honorer les coupes au grand bonheur des fidèles clients.
L’amour pour le travail bien et en particulier la manie du ciseau guide les pas de ces couturiers. Ils ont,à travers leur métier, un comportement particulier par rapport à certains de leurs confrères qui essuient des critiques des plus acerbes de la part des clients. Et ce, parce que les rendez-vous sont peu respectés. Ce comportement peu professionnel demeure leur bête noire. « Je sais quand je suis à mesure de terminer un travail et je donne les rendez-vous en y tenant compte. Mais certains vont jusqu’à fermer leurs téléphones et restent injoignables parce qu’ils ne sont pas en mesure de respecter un rendez-vous » a regretté Bouya N’DIAYE.
Dans chaque travail, il faut la vocation et la couture n’est pas en reste. DEMBA et N’DIAYE ont eu cette vocation et cela est visible sur le terrain à travers les coupes effectuées, les différentes créations ainsi que les réactions positives et récurrentes des clients qu’on sait très exigeants. « Si je porte mes tenues les gens m’apprécient et je me dis qu’ils cousent bien. Vraiment, ils font du bon boulot, je suis toujours satisfaite de leur travail. Voilà pourquoi je leur suis fidèle » a confié madame Traoré. Et madame OUOBA d’ajouter que : « Je me sens bien dedans ça me va et mon mari m’apprécie bien ». Maître CONOMBO quant à lui, salue le travail abattu par ces couturiers « pour moi, l’habit fait le moine, compte tenu de la manière dont ils maitrisent les coupes et ça fait déjà 3 ans qu’ils m’habillent. Ils finissent toujours le travail avant le rendez-vous ».
A la question de savoir si ce métier nourrit son homme, N’DIAYE pense que tout repose sur la détermination et les ambitions optimales du couturier. Sur cette base, il peut s’affirmer et surtout faire fortune de son art sans ambages. Mais s’il n’a pas cette conscience tout peut lui échapper.
De plus, le respect des uns et des autres peut compter dans la réussite. « Si je ne me plains pas aujourd’hui c’est aussi les conseils de mon patron qui m’ont inspiré et je le respectais beaucoup. Pour moi, on n’apprend rien de quelqu’un qu’on ne respecte pas » renchérit-t-il. DEMBA souligne en ces termes : « certains jeunes chômeurs aiment la facilité et non le travail pour gagner leur pain sinon ce boulot est noble ».
Ainsi à l’unanimité, dénoncent-t-ils avec véhémence l’oisiveté et le désœuvrement de la jeunesse qu’ils imputent à toute la communauté. Pour ce qui est des projets futurs, ils ont l’ambition d’ouvrir une école de couture pour aider les autres si les moyens et la force leur permettent ; histoire de partager leur expérience et leur savoir-faire.