Chaude journée hier dimanche 22 décembre 2013 à Kaya.
- Erection de barricades sur la nationale n°3 (Ouaga-Kaya-Dori) ;
- Barrages de fortune sur l’axe Kaya-Mané ;
- Pneus brûlés par-ci, par-là.
Mécontentes du récent choix de Ziniaré pour la célébration du 11-Décembre 2015 à Ziniaré en lieu et place de Kaya, initialement retenue selon la chronologie de la célébration tournante de la fête nationale, les populations locales ont laissé éclater leur colère contre la décision gouvernementale.
Chamboulement dans le calendrier de la célébration tournante des festivités du 11-Décembre : en 2015 ce sera Ziniaré. Kaya devra patienter une année de plus. C’est-à-dire jusqu’en 2016. Un beug calendaire qui a créé le buzz dans le chef-lieu de la région du Centre-Nord et enflammé les esprits.
Pour une ville qui avait commencé à se préparer à accueillir les manifestations commémoratives du 55e anniversaire de l’indépendance du Burkina Faso, l’annonce de ce bouleversement, vendredi 20 décembre dernier, à l’Assemblée nationale par le ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité, Jérôme Bougma, a fait l’effet d’une douche froide. Plutôt un douche écossaise quand on sait que déjà le samedi 11 mai 2013, les forces vives de la région s’étaient retrouvées dans la salle de réunion de l’ADRK de Kaya avec les autorités locales pour relancer les activités d’organisation du 11-Décembre 2015 dans la cité du cuir et des brochettes au koura koura (Kaya).
Furieuses contre ce bouleversement de calendrier aussi «inattendu qu’inacceptable», les populations ont laissé éclater leur colère. «Nous manifestons contre une injustice faite à notre région. Tant que la décision ne sera pas levée, nous, nous ne cesserons pas de sortir dans la rue», fulmine le président du Conseil régional des jeunes du Centre-Nord, Hamidou Sawadogo, au sortir d’une rencontre, dans la soirée, avec le gouverneur de la région, Mariam Diallo. Réunion au cours de laquelle elle a annoncé qu’un communiqué gouvernemental viendra rétablir le calendrier initial. «Le président Blaise Compaoré a fait maintenir ce qui était prévu. Donc Kaya abritera les manifestations du 11-Décembre 2015», a en effet confié la première responsable de la région. Elle a alors invité les frondeurs à cesser leur mouvement et à lever les barricades. Mais les délégués des jeunes disent attendre la confirmation à la télé avant de donner la moindre consigne d’arrêt du mouvement.
Au moment où nous bouclions la présente, un communiqué signé du ministre de l’Administration territoriale a effectivement été lu au cours du journal télévisé de 20h. Rappelant tout simplement l’ordre de roulement de la célébration du 11-Décembre depuis 2008 à Fada N’Gourma à Dori en 2013 et annonçant Dédougou et Kaya respectivement pour 2014 et 2015. Message qui a été accueilli par une foule en liesse. Sitôt la «bonne nouvelle» tombée, sitôt les blocus levés.
Mais revenons sur cette lame de fond kayalaise. Plus tôt dans la matinée d’hier dimanche, une rencontre entre les autorités administratives, religieuses, coutumières et les populations dans la salle de réunion du Service d’alphabétisation (SA) de Kaya, pleine comme un œuf, s’était terminée en queue de poisson.
En effet, les appels au calme, notamment ceux du gouverneur de la région, des députés Rasmané Ouédraogo et hadja Zénabou Drabo, sont tombés dans l’oreille d’un sourd. Séance tenante, les mécontents ont vidé la salle pour rejoindre la route nationale n°3 qui relie Ouagadougou à Dori, chef-lieu de la région du Sahel en passant par Kaya. Plusieurs barrières ont été placées entre le carrefour situé entre la station SOGELB et le portique à l’entrée de la ville. Le passage était impossible donc aux véhicules de transports et de particuliers en provenance de Ouagadougou ou de Dori. Des groupes de jeunes se relevaient sur la route. Dans la soirée, des barrières de fortunes ont aussi été dressées sur l’axe Kaya-Dori.
Par acte de solidarité, des habitants ont apporté vivres et condiments aux indignés, déterminés à maintenir le mouvement, même au cours de la nuit.
Visiblement remontés contre cette mesure gouvernementale, les croquants avait prévu aujourd’hui lundi une journée ville-morte.
La question que tout le monde se pose désormais, c’est de savoir comment le gouvernement a pu commettre une telle bourde et qui particulièrement en est à l’origine.