Le président centrafricain, Michel Djotodia, a appelé samedi au "sursaut national" et renouvelé sa proposition de dialoguer avec les milices chrétiennes, alors que son pays risque de nouveau l'embrasement total par suite d'une reprise des tueries religieuses ; un appel pour la 2e fois depuis les massacres massifs du 5 décembre à Bangui, près d'un millier de morts, pour la plupart victimes des représailles de la Séléka et des milices chrétiennes des antibalaka. Djotodia avait alors été durement critiqué, surtout par la France, pour n'avoir pas pu ou voulu tenir la bride à sa coalition de bandes armées de la Séléka.
Ces violences ont déterminé l'intervention militaire de la France et de la MISCA. Depuis, exactions, représailles et contre-représailles entre musulmans et chrétiens est devenu le quotidien de ceux-ci.
"Transformons dès maintenant nos machettes, nos fusils et autres armes en bulletins de vote et gardons notre mal en patience", a déclaré Djotodia.
On vient au pouvoir par les armes et on prône la voie des urnes ? Trop facile et intéressé, ça.
Les déclarations du président de la RCA ont eu lieu au lendemain d'un autre regain de violences à Bangui, où une trentaine de gens ont trouvé la mort dans des affrontements à côté de l'aéroport qui ont impliqué des soldats tchadiens de la force africaine.
En effet, parce que souvent appelé à protéger ses compatriotes tout comme les musulmans centrafricains, le contingent tchadien de la MISCA se retrouve aujourd'hui en première ligne, accusé qu'il est par de nombreux Banguissois d'être complice des ex-Séléka. A cela il faut ajouter que les Djotodia ont été portés au pouvoir essentiellement par des éléments armés venus du Tchad et du Soudan, pays musulmans. Conséquence des ressentiments contre les Tchadiens, leur contingent au sein de la MISCA a, par exemple, été attaqué jeudi par des antibalaka, et un de leurs officiers tués ainsi que plusieurs de leurs soldats blessés dans l'embuscade, même que les antibalaka exigent le départ de ce contingent de la force africaine. Par ailleurs, des centaines de Tchadiens ont du se regrouper à l'endroit de l'aéroport de Bangui servant de camp militaire à leur troupe, attendant leur évacuation par avion. "On nous tue ici parce que nous sommes musulmans et Tchadiens, on dit que c'est nous qui avons amené la Séléka au pouvoir, c'est pourquoi nous partons", a expliqué l'un d'eux. Et si on est chrétien et Tchadien?
Quant à l'appel au dialogue du chef de l'Etat centrafricain, pas question de dialoguer avec ces "terroristes" ou ces "génocidaires" selon les commandants des antibalakas, pour qui Michel Djotodia doit partir, condition sine qua non pour qu'ils déposent les armes. Pour ajouter à la complexité du problème centrafricain, les musulmans à leur tour, furieux d'être à la merci des représailles des antibalaka faute de protection de la Séléka dans les rues, reprochent notamment à l'armée française de les priver des moyens de se défendre.
Heureusement que, sur le plan militaire depuis le regain de tension de jeudi, les troupes françaises ont augmenté leurs patrouilles tandis que la MISCA a revu son organisation à Bangui. Pour plus de cohérence, d'efficacité et de coordination entre non seulement contingent africains mais aussi MISCA et troupes françaises de Sangaris. Et comme côté français comme africain ce manque de coordination explique en partie pourquoi l'insécurité persiste à Bangui en dépit du déploiement de près de 3500 soldats, l'espoir est permis.