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Le Quotidien N° 948 du 21/12/2013

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Niger : Attention à la malédiction des matières premières !
Publié le lundi 23 decembre 2013   |  Le Quotidien




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Depuis quelque temps, une agitation s’est emparée du Niger autour de l’uranium et de son exploitant Areva. Cela se comprend aisément. Les conventions entre le groupe français Areva et l’Etat nigérien arrivent à leur terme le 31 décembre. Et comme le gouvernement nigérien a décidé de renégocier ces conventions, en exigeant l’augmentation des ressources liées à l’exploitation de l’uranium, cela ne va pas sans remous. La dernière expression en date de l’agitation qui s’est emparée du pays, autour de cette question, c’est la manifestation organisée le 21 décembre 2013 par le Réseau des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire. Objectif : dénoncer un « partenariat déséquilibré » entre le Niger et Areva. Les Nigériens ont raison de demander plus à la société minière. Mais n’est-ce pas un réveil tardif ? Voilà 40 ans en effet que Areva exploite le sous-sol nigérien, pour alimenter les centrales nucléaires françaises. Elle a donc largement profité du Niger. Mais en retour, qu’a gagné le pays de Hamani Diori et de tous ceux qui lui ont succédé à la tête du Niger ? Pas grand-chose, au regard de la situation d’arriération économique du pays. Les dirigeants nigériens ont donc une part de responsabilité dans la survie d’un contrat aussi léonin que celui signé depuis plusieurs décennies avec Areva. Non seulement ils n’ont jamais songé à le remettre en cause, mais en plus, ils ont dû bénéficier des largesses de la société. Pire, il n’est pas exclu que si l’on fouille bien dans les dossiers de la gestion de la manne procurée par l’uranium, des cas de détournements massifs soient découverts. La question est donc de savoir si le « peu » que générait l’exploitation de l’uranium a été utilisé à bon escient. Pas si sûr, car après la gestion rigoureuse des années Kountché et les investissements qui sont allés avec, le Niger était tombé dans une sorte de laisser-aller. Ce n’est que vers la fin chaotique de son règne que Mamadou Tandja avait tenté de revoir les accords avec Areva. Il a fallu l’arrivée au pouvoir du président Mahamadou Issoufou pour voir des négociations sérieuses s’instaurer autour du contrat avec Areva. Mais rien ne sera facile: la société française ne veut pas renoncer aux avantages acquis depuis des années. D’ailleurs, pour justifier l’inopportunité de la révision des accords avec l’Etat nigérien, elle invoque la baisse des cours de l’uranium. Un argumentaire toutefois bien fragile et très facile, si l’on sait que la société a profité pendant de longues années de la flambée des prix mondiaux. Autant donc Areva a fait preuve d’une exploitation éhontée du Niger au cours de toutes ces années, autant les Nigériens eux-mêmes ont fait montre d’un laxisme, voire d’une complicité avec la société et les autorités françaises. C’est bien aujourd’hui de crier à un « partenariat déséquilibré » alors qu’on a gâché tant d’années dans une relation coupable avec Areva. Ici, comme un peu partout sur le continent, on n’est pas loi de la malédiction des ressources naturelles. La plupart des pays africains producteurs de pétrole, d’or et d’autres richesses extraites du sous-sol, ont connu les mêmes défaillances. Si ce ne sont pas des détournements massifs des recettes générées par ces produits, ce sont des conflits à n’en pas finir autour du partage de la manne. En tout cas, très peu sont les pays à avoir su tirer le meilleur parti ce que la nature leur a donné. Les immenses ressources naturelles du continent ont plutôt fait la fortune des grandes compagnies internationales plutôt que des populations africaines. Parfois même, l’injustice est telle que les régions où sont extraites ces ressources figurent parmi les plus pauvres du pays. Car le peu que l’Etat gagne est géré au bon vouloir du pouvoir en place.
Après le quasi-échec des années de l’uranium, le Niger a intérêt à mieux négocier son entrée dans le cercle des pays producteurs de pétrole. Car ce sont les mêmes mécanismes qui y ont cours, avec des compagnies voraces et sans état d’âme. Comme le Ghana, qui ne s’est pas laissé griser par son pétrole, le Niger devrait avoir la tête froide et défendre avant tout les intérêts nationaux, que ce soit en termes de revenus financiers ou de protection de l’environnement. C’est la seule façon d’échapper à la malédiction des matières premières .

La Rédaction

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