Le Tribunal administratif de Ouagadougou a jugé la requête des Indépendants du Kadiogo irrecevable le 19 octobre dernier. En effet, ceux-ci s’étaient vu refuser par la CENI le droit de déposer leurs dossiers de candidatures en vue de prendre part à la compétition électorale du 2 décembre à venir. Afin de prendre l’opinion nationale et internationale à témoin, ceux-ci ont tenu une conférence de presse le jeudi 25 octobre 2012 à Ouagadougou. Comme perspectives, il y a la saisine de la Cour de justice de la CEDEAO dans les prochains jours pour que celle-ci tranche la question.
Dans les prochains jours, la Coalition pour les candidatures indépendantes, née pour soutenir « Les indépendants du Kadiogo » vont saisir d’autres juridictions nationales et régionales, notamment la Cour de justice de la CEDEAO pour faire admettre sa revendication « légitime » qui porte sur l’acceptation des candidatures indépendantes au Burkina Faso par la CENI. Telle est la principale décision issue de la conférence de presse animée le 25 octobre dernier par cette Coalition. En plus de celle-ci, le président du Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP), Chrysogone Zougmoré, qui pilote cette coalition et ses camarades entendent mener des actions de plaidoyer et de mobilisation citoyenne et cela, sur l’ensemble du territoire national. Toutes ces actions font suite au rejet de leur plainte par le tribunal administratif de Ouagadougou, en rapport avec cette liste électorale constituée pour le scrutin législatif dans la province du Kadiogo, dénommée « Les indépendants du Kadiogo » qui, le 23 septembre dernier, avaient vu leurs dossiers de candidatures rejetées par la CENI. De l’avis du Professeur Luc Marius Ibriga, le juge administratif n’a pas abordé le fond de la question qui porte sur cette question : « Est-ce que les candidatures indépendantes sont- elles conformes à la Constitution burkinabè ? » Le constitutionnaliste Ibriga répond que oui au regard de l’article premier de la constitution du 2 juin 1991 qui dispose en ces termes : « Tous les Burkinabè naissent libres et égaux en droits. Tous ont une égale vocation à jouir de tous les droits et de toutes les libertés garanties par la présente constitution. Les discriminations de toutes sortes, notamment celles fondés sur la race, l’ethnie, la région, la couleur, le sexe, la langue, la religion, la caste, les opinions politiques, la fortune et la naissance sont prohibées ». Le président du MBDHP, prenant acte de cet article, souligne qu’il en découle que la pratique de l’interdiction des candidatures indépendantes instaure une discrimination entre les citoyens appartenant à des partis politiques et ceux ayant choisi de ne pas militer dans un parti politique. Chrysogone Zougmoré s’insurge contre cette discrimination faite aux citoyens burkinabè et de rappeler que des pays voisins comme le Niger, le Mali et bien d’autres ont réglé cette question de candidatures indépendantes. Le constitutionnaliste Ibriga déclare qu’il appartient au juge constitutionnel burkinabè de s’autosaisir de la question et de dire au peuple burkinabè si cela est conforme à la loi ou pas, dans la mesure où les particuliers ne peuvent pas, en l’état actuel de notre législation, saisir le juge constitutionnel. Selon le président du MBDHP, une pétition sera également initiée dans les tout prochains jours afin d’amener le législateur burkinabè à se prononcer sur cette épineuse question. « Notre combat est un combat de principe et cela depuis 2006 pour approfondir la démocratie », a fait savoir le Professeur Ibriga. Et Chrysogone Zougmoré de conclure que « c’est un combat de démocrates contre les antidémocrates ».