La vie politique au parlement n’est pas toujours celle qu’on croit. Elle réserve parfois des surprises agréables. Le président de la Commission des affaires générales, institutionnelles et des droits humains, Boureima Badini, a montré une facette de cette vie parlementaire où adversaires politiques se parlent, le 18 décembre dernier, en recevant à son domicile, à Ouaga 2000, les membres de sa commission. Ce soir-là, opposants et mouvanciers ont mangé, bu et même esquissé des pas de danse ensemble, pour décompresser après une année de dur labeur.
Il y a une très grande complicité entre le président de la CAGIDH et les membres de sa commission. On a pu l’observer le 18 décembre dernier, au cours d’un cocktail que Boureima Badini a offert en l’honneur de ses collègues, à sa résidence. Ici, il n’y a pas de place pour les discours virulents, les polémiques et les piques. C’est la convivialité qui était de mise, entre députés du CDP, de l’ADF/RDA ou de l’UPC membres de la commission.
Parmi les membres les plus connus de la commission, on notait la présence de Alima Ouattara /Dah, ex-présidente de la CIL, Noël Sourwèma, député du Kadiogo, Christian Bouda, chef de Manga, Myriam Ouédraogo, épouse de Me Gilbert Noel Ouédraogo, Mahamadou Dicko, ex-DG du CENOU. Mais pourquoi avoir convié les membres de sa commission autour d’un pot à sa résidence, une première du genre, dans les annales du parlement ? Dans un mot introductif, le président de la CAGIDH a donné le sens de sa démarche.
« C’est ma façon de voir les choses », a-t-il d’emblée lancé, pour expliquer sa conception de la politique et surtout du travail parlementaire. Pour lui, tout au long de cette session, c’est la solidarité qui a été la marque de fabrique de la CAGIDH : « Nous avons travaillé sans discrimination.
Toutes les sensibilités se sont retrouvées. Il y a des différences, mais nous avons travaillé dans l’harmonie pour l’intérêt national ». Il a rappelé comment sa commission, à force de travail, était citée en exemple au parlement. Il a de ce fait lancé cette phrase à ses collègues : « C’est parce que vous êtes compétents et patriotes ». Comme anecdote, Boureima Badini a ainsi révélé, que sa commission était taxée de bosser « comme des CDR » à cause de son rythme effréné de travail. Il a aussi eu des mots aimables pour le personnel de la CAGIDH, qui a lui aussi été invité au cocktail. Il faut rappeler qu’il avait organisé en juin dernier une réception spéciale pour ce personnel, qui avait même vu la présence du président de l’Assemblée nationale, Soungalo Appolinaire Ouattara, sans doute pour saluer cette initiative très originale. Boureima Badini a une nouvelle fois salué le « bon boulot » effectué par ce personnel d’appui.
« Mention spéciale au personnel de la CAGIDH », a repris en écho, le doyen d’âge de la commission, le député Denis Nikiéma de l’UPC (opposition). Lui aussi a répondu favorablement à l’invitation de son président. Dans son allocution, il a reconnu que sans ces agents de l’Assemblée nationale, la commission n’aurait pas pu obtenir ces résultats. Il a aussi salué l’action de l’ensemble des députés de la CAGIDH. Mais il a réservé son plus vibrant hommage au président de la commission, en le comparant à un capitaine d’une équipe de football, une allusion qui tombe bien à propos, quand on connait l’amour de l’homme pour le sport-roi : « Dans une équipe de football, il faut un bon capitaine de football. Notre succès est lié à la personnalité du président Boureima Badini. ».
Un bon capitaine d’équipe
S’adressant directement au premier responsable de sa commission, il a tout simplement dit : « Président Badini, merci, pour ce que vous avez fait. C’est votre esprit d’ouverture qui a permis d’atteindre ces résultats ».
Il a rappelé l’esprit de consensus qui a prévalu tout au long des travaux de la commission et qui a fait que les décisions ont toutes été prises par consensus : « On n’a jamais voté, tout s’est fait par consensus ». Venant d’un opposant, ces remarques peuvent paraitre surprenantes. Le député Denis Nikiéma a cependant relevé que si tous s’accordent sur la nécessité de faire avancer le pays, les stratégies pour y parvenir divergent tout de même. L’unanimité s’est faite autour des convives, sur l’originalité et l’opportunité de l’initiative du député Boureima Badini. Ainsi, le Pr Mahamadou Dicko, député du CDP, s’en réjouit-il : « C’est une bonne interaction car quand les gens travaillent ensemble, il est bon de casser un peu les barrières politiques et autres. Conformément d’ailleurs à la Constitution, au niveau de l’Assemblée, on est député national et non pas député d’un parti.
Toutes les obédiences politiques sont représentées à cette soirée avec toutes les diversités politiques, culturelles ou générationnelles. Cela permet de mieux se familiariser, de mieux se connaitre. C’est une très bonne initiative. Je le fais aussi dans le cadre universitaire avec mes étudiants ». Même appréciation positive chez le député Noël Sourwèma : « Contrairement à ce qu’on a pensé en indiquant que la dernière session était une session budgétaire, en définitive le budget a été voté, les membres de la commission des finances et du budget sont allés se reposer pendant que nous nous poursuivions nos travaux. C’est donc une très bonne chose que le président ait pensé à nous inviter chez lui pour décompresser. »
Le député Sourwèma salue cette conception que son président a de la politique : « La politique doit se concevoir de la sorte. En dehors de l’hémicycle, nous sommes tous des politiciens, des camarades, des amis, des parents. A mons avis, c’est ainsi que les choses devraient se passer. Malheureusement il y a des moments où sur le terrain c’est tout autre chose parce que les militants ne savent pas qu’à un certain niveau, des adversaires politiques peuvent se retrouver pour boire et manger ensemble. La politique doit être citoyenne et c’est cette citoyenneté qui s’est manifestée à travers cette soirée où des membres de partis divers ont fêté ensemble. C’est cet esprit qui prévaut au niveau de la CAGIDH. Nous nous taquinons, mais en définitive de bonnes lois sortent ». Et comme pour résumer sa vision de la politique, dont une facette s’est exprimée au cours de cette soirée réunissant députés de tous bords, le président de la CAGIDH rappelle ce principe qui l’a guidé tout au long de cette session : « Les débats au sein de la commission sont parfois très houleux. Mais après moult discussions, moult débats, onarrive à un consensus. C’est extrêmement important. C’est comme cela la politique. Ce n’est pas la guerre. Chacun à son niveau veut le bien du pays. »