L’Association burkinabè de gériatrie et de gérontologie, section du Burkina Faso (ABGG-BF) a animé, le samedi 7 décembre 2013 à Ouagadougou, une conférence publique sur la sexualité des personnes âgées.
La sexualité est un sujet (presque) tabou au Burkina Faso, celle des personnes du troisième âge encore plus. De ce fait, elle est très rarement abordée publiquement, en raison de certains préjugés.
D’où l’organisation par l’Association burkinabè de gériatrie et de gérontologie, section du Burkina Faso (ABGG-BF), d’une conférence publique sur la thématique de la sexualité des personnes âgées, le samedi 7 décembre 2013 à Ouagadougou, afin de susciter plus « de tolérance et moins de drames personnels, familiaux et sociaux ».
Selon le président de l’ABGG-BF, le Pr Jean Gabriel Ouango, la sexualité des « anciens » dont on parle peu, provoque des dysfonctionnements qui génèrent souvent une souffrance difficilement exprimée dans un environnement d’intolérance et d’incompréhension.
Pour conforter cette thèse, le président de l’ABGG-BF a dépeint un tableau présentant un caractère ambivalent de la pratique sexuelle chez l’homme et chez la femme du troisième âge, que l’on se situe dans les campagnes ou dans les villes, au « pays des Hommes intègres ».
Ainsi, a-t-il estimé, dans les sociétés rurales, les activités sexuelles reposent encore sur des inégalités de genre, en ce sens que chez la femme, la ménopause signe l’arrêt complet de la sexualité, alors que l’homme poursuit la sienne jusqu’au moment où lui-même devient incapable d’érection.
Une attitude qui tranche d’avec celle vécue en ville où la vie sexuelle des papys et des mamys est « mal acceptée, mal tolérée, mal comprise par leur entourage ». « Après 60 ans, il est attendu de la personne âgée qu’elle renonce au sexe. Dans l’imaginaire (…) un bon vieux sage est celui qui régresse sexuellement au stade infantile. Le récalcitrant découvert étant souvent objet de réprimande, de condamnation, de raillerie et de désapprobation », a dénoncé le Pr Ouango.
Les papys plus actifs sexuellement
A sa suite, le gynécologue-obstétricien, le Pr Ali Ouédraogo, a restitué les résultats d’une enquête portant sur la « Vie sexuelle des personnes âgées de 60 ans et plus dans la ville de Ouagadougou » qui avait pour objectif, entre autres, d’étudier les caractéristiques et les pathologies médicales qui influent sur la sexualité du public-cible.
Dans son propos liminaire, il a relevé une nette amélioration de l’espérance de vie au Burkina Faso. « Néanmoins, cette amélioration va exposer l’apparition de pathologies chroniques chez les personnes âgées dont les besoins de santé de la reproduction le plus souvent ne sont pas pris en compte dans nos formations sanitaires », a-t-il relativisé. De cette étude, sur un échantillon de 121 enquêtés (50 femmes et 71 hommes), il en ressort que 77% des hommes affirment avoir toujours une envie sexuelle.
Par contre, les femmes sont 72% à déclarer le contraire, à savoir qu’elles n’ont pas d’envie sexuelle. De même, l’enquête révèle que les hommes, comparés aux femmes, sont plus actifs sexuellement. « Les enquêtés ont, dans 87% des cas, dit que les personnes âgées ont droit d’avoir des rapports sexuels », a-t-il témoigné.
Et le Pr Ouédraogo de noter que 69% des sondés ont également répondu être intéressés par des informations relatives à la sexualité. Une fois cet exposé terminé, Dr Paul Kain, gynécologue- obstétricien de profession, a entretenu le public sur « La sexualité des personnes âgées : physiologie, difficultés et approches thérapeutiques ».
Des conseils pour stimuler l’appétit sexuel
A entendre le conférencier, l’acte sexuel chez les personnes du troisième âge est exclusivement orienté vers la recherche du plaisir. En outre, il a affirmé que les difficultés chez l’homme âgé sont le besoin de plus de temps pour être en érection, la baisse de l’appétit sexuel, etc.
Dans la même veine, il a signalé que les modifications hormonales de la ménopause apportent des changements anatomiques au niveau des organes sexuels, chez la femme âgée. Ce qui, a-t-il raconté, engendre un manque de désir, des douleurs lors des rapports sexuels, une absence d’orgasme, etc. A son avis, ces changements anatomiques influent négativement sur le déroulement de l’acte sexuel chez la femme.
Lors de la phase des questions-réponses, il a prodigué quelques approches thérapeutiques pour pallier les troubles sexuels chez la personne âgée. Aux hommes, il a préconisé, entre autres, de poursuivre les activités physiques, de modérer la consommation d’alcool et de sel, d’abuser des aliments comme le lait et les fibres.
Il a exhorté les femmes à avoir une vie sexuelle régulière et active, à proscrire l’utilisation du savon pour leur bain intime, d’accorder plus de temps aux préliminaires, etc. En tous les cas, il a laissé entendre que la vieillesse n’est pas une maladie, mais constitue plutôt une étape obligatoire dans la vie.
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