Dix morts et 145 blessés, tel était le bilan, hier dimanche, de l'explosion d'une voiture piégée près d'une église catholique de Kaduna pendant un office religieux et des actes de représaillles qui s'en sont suivis.
Comme s'il s'agissait de répondre au Vatican, ces nouvelles violences, à connotation religieuse, sont intervenues quelques jours seulement après l'élevation à la pourpre cardinalice de l'archevêque d'Abuja par le Pape Benoît XVI.
A l'issue en effet du consistoire qui vient de se tenir à Rome, le souverain pontif a créé le 24 octobre dernier six nouveaux cardinaux parmi lesquels Mgr John Onaiyekan, élevé à ce rang pour avoir su jeter des ponts entre chrétiens et musulmans et consolidé la paix dans ce grand Nigeria que les deux grandes religions se partagent à égalité.
Si à la date d'hier, l'attentat contre l'église de Kaduna n'était pas encore revendiqué, le modus operandi utilisé laissait bien voir la marque de la redoutable secte Boko haram, qui s'est jurée d'expurger certaines régions du Nigeria de toute présence chrétienne.
En représailles, de jeunes chrétiens se sont laissés, eux aussi, aller à la loi du talion, qui n'a pas fait dans les nuances, puisque, sur la base de simples apparences, des quidams en ont été victimes, comme ce chauffeur de taxi brûlé à vif.
Certes quand on est derrière son pupitre, il est facile de rappeler cet enseignement du Christ qui conseille de tendre l'autre joue quand on vous a giflé sur la première ; seulement, comme nous n'avons jamais cessé de le dire, il conviendrait également de ne pas tomber dans le piège de la vendetta, puisqu'en dernière analyse, que recherche en fait Boko haram sinon embraser tout le Nigeria par une affreuse guerre de religion où musulmans et chrétiens s'entr'égorgeront à qui mieux mieux ?
Mais puisque tous les appels au calme et à la cohabitation pacifique émanant des leaders religieux des deux côtés sont restés sans effets notables, il ne reste plus qu'à espérer que, pour une fois, Goodluck Jonathan tiendra ferme dans sa promesse de lutter plus farouchement contre le terrorisme, qui n'en finit pas d'ensanglanter son pays.
Sainte Rita, patronne des causes désespérées, vous dont l'église de Kaduna porte le nom, priez pour nous !