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L’Observateur Paalga N° 8519 du 13/12/2013

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Obsèques Mandela à Qunu : les villageois privés de leur dépouille
Publié le lundi 16 decembre 2013   |  L’Observateur Paalga


Obsèques
© Autre presse par DR
Obsèques Mandela à Qunu.


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Hier 15 décembre 2013, quand le disque solaire était à son zénith sur le flanc d'une des collines de Qunu, à laquelle est adossée la maison des Madiba, Nelson Mandela a été porté en terre. Pelletée après pelletée, une page de l'histoire de l'Afrique du Sud, voire de l'Afrique, venait de se tourner. Le père de la Nation Arc-en-ciel, et surtout artisan de l'écroulement de l'apartheid, est ainsi définitivement "retourné à la maison", il a retrouvé le royaume de son enfance qu'il a quitté quand il avait 9 ans, laissant à l'époque derrière lui, comme il l'a dit dans son livre"Un long chemin vers la liberté, "les collines... les huttes simples et les gens occupés à leurs corvées... le ruisseau dans lequel j'avais sauté et joué avec les autres garçons, et surtout les trois huttes où j'avais connu l'amour et la protection de ma mère...".




Finalement donc c'est chez lui à Qunu à côté de ses parents que le vieil homme va reposer pour l'éternité.

La volonté du patriarche a donc été respectée, lui qui disait déjà dans un documentaire de la BBC, en 1993, que "quand je mourrai on m'enterrera à Qunu, c'est là-bas que je veux être enterré".

On sait que le choiox du lieu de son enterrement n'a pas fait l'unanimité au sein de sa famille. On a même assisté à une guerre de chiffoniers, à un procès et à des scènes sordides entre ses héritiers sur sa future sépulture du vivant de Madiba, car visiblement certains voulaient en faire du business (lieu de pèlerinage).

Mais si cet aspect des obsèques de Mandela semble clos, la cérémonie du 15 décembre paraît avoir laissé un goût d'inachevé chez les habitants du Cap oriental et en particulier chez ceux de Qunu.

En effet, on avait espéré qu'après l'adieu planétaire du stade Soccer City, au cours duquel on a eu droit en mondovision à de nombreux discours et hommages sans qu'on ne puisse distinguer les sincères des hypocrites, on s'attendait à ce que cet ultime voyage sans retour soit l'affaire des siens, mais surtout des villageois de la région, bref à un hommage plus populaire, à l'image de celui rendu par les centaines d'anonymes qui ont défilé toute la semaine à l'Union Bulding pour s'incliner sur la dépouille.

En effet, quoi de plus normal qu'un vénérable homme de cet âge, chef d'Etat, et qui aurait pu être chef traditionnel, ait droit à des funérailles ouvertes, festives, et accessibles au Sud-Africain lambda?

Or la cérémonie de Qunu est quasiment une réplique en miniature de celle de Soccer City du 10 décembre : encore l'affaire de la fine crème politique avec beaucoup de discours et d'éloges identiques. Excepté celui de sa petite fille Nandi, qui a bâti le sien à grands renforts d'anecdotes, et les propos de son ami Ahmed Kathrada, le reste des interventions était encore convenu. En un mot comme en mille, ces ultimes hommages à Madiba furent une sortie gâchée.

Nonobstant la petite cérémonie de commémoration traditionnelle tenue au pied d'une colline avoisinant le Chapiteau qui a abrité les hommages officiels. Office rituel minimum s'il en est.

Certes Mandela n'appartenait plus aux seuls Sud- Africains, encore moins aux villageois de Qunu ou à ceux de son Mvezo natal. Mais ces derniers devaient être associés (en plus de la famille) à ce dernier adieu. Au lieu de cela, ils ont été obligés de s'agglutiner devant des écrans géants pour regarder, une fois de plus, les grands écraser une larme au-dessus du cercueil de l'illustre disparu. Cette sorte d'accaparement de la dépouille expliquerait en partie l'ire du chef Thembu (tribu de Mandela) qui menaçait de boycotter l'inhumation, alors que sans sa présence, le rite de l'UmKhapho (esprit des ancêtres) serait escamoté, ce qui constitue un sacrilège chez les Xhosa.

Pour tout dire, le cadavre de Mandela appartient, in fine, au petit peuple des terres qui ont vu naître la future icône. Mais, en dernier ressort, ils ont été dépouillés du corps de leur patriarche. Comme quoi avec les hommes politiques, même avec un macchabée, la récupération n'est jamais loin.

Maintenant les grandes questions de l'après-Mandela sont les suivantes : qu'adviendra-t-il de son héritage moral et politique, notamment de l'ANC, traversé par des courants centrifuges?

Sa sépulture, même située dans le carré familial, sera-t-elle transformée en un lieu de pèlerinage que certains espèrent et que d'autres redoutent?



Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

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