Réagissant à la déclaration de Blaise Compaoré sur la mise en place du Sénat et le recours au référendum pour modifier l’article 37 de la Constitution, Dr Ablassé Ouédraogo, président du Le Faso autrement, estime « que le chef de l’Etat commettrait une grave erreur qui pourrait être fatale à la 4e République et qu’ il allait tout droit dans le flanc de la montagne ».
« Le Président du Faso fait purement et simplement de la provocation, car pour qui vit au Burkina Faso et est au contact de la réalité du Burkina profond, il apparait nettement que la majorité des Burkinabè reste opposée à l’idée d’une pérennisation de Blaise Compaoré au pouvoir après 2015.
Avec cette déclaration, le président Compaoré indique avoir compris que sa décision pour sa candidature pour un nouveau mandat à la présidence de la République ne dépend pas seulement de lui comme il l’avait déclaré à Yamoussoukro, le mardi 30 ju8llet 2013 et cela est un grand progrès.
Le Burkina Faso est une République qui est régie et gouvernée par des lois et des règles, dont la loi fondamentale, c’est-à-dire la Constitution qui autorise le président du Faso effectivement à recourir au référendum pour consulter les populations sur les questions d’importance nationale, comme la modification de l’article 37 de la Constitution. C’est donc son droit légitime de le faire. Seulement, il se pose la question de l’utilité et de la pertinence d’une telle consultation dans un climat social aussi en constante détérioration. Ce faisant, le président du Faso emboîte le pas de l’ancien président Mamadou Tandja du Niger qui avait des chantiers à terminer et qui ne les terminera jamais. Rappelons-nous qu’à l’époque, le président Compaoré avait déconseillé un tel exercice à son frère Tandja en lui disant avec force, de Tunis, qu’il allait droit dans le mur.
Aujourd’hui, nous voulons donner le même conseil au président Compaoré qu’il commettrait une grave erreur qui pourrait être fatale à la 4e République et que lui aussi, il allait tout droit dans le flanc de la montagne et que cela pourrait faire mal, immensément au Burkina Faso et certainement par ricochet à lui-même. Par conséquent, vouloir s’emmurer dans cette intention de modifier la Constitution et de mettre en place le Sénat ressemble fort à un ultime baroud d’honneur. Ce qui n’est pas utile et nécessaire dans le contexte actuel d’un Burkina qui a changé et ses femmes et ses hommes avec. Le président Compaoré a dit avoir appris du président Mandela. C’est à ne rien comprendre quand on sait que Mandela que tout le monde entier célèbre et glorifie n’a jamais cherché à s’accrocher à un quelconque pouvoir. Et c’est cela sa stature qui a fait de lui un monument, un modèle pour nous tous. Et par conséquent, le président Compaoré devrait revoir la copie avant qu’il ne soit trop tard.
En 26 ans d’exercice du pouvoir, Blaise Compaoré a beaucoup fait pour son pays et le peuple burkinabè lui en est reconnaissant. Que peut-il réaliser de plus en cinq ans et qu’il n’a pas pu faire en plus d’un quart de siècle. S’il accepte de partir du pouvoir par la grande porte en novembre 2015 en respectant simplement la Constitution et son article 37 qui limite les mandats présidentiels au nombre de deux. Ainsi, incontestablement, il deviendra l’homme le plus adulé de son pays, du continent et aussi du monde. Et là, il aura vraiment appris de Nelson Rolihlahla Mandela.
S’il choisit de faire différemment, l’adage populaire qui dit que « quand l’âne va vous terrasser, vous ne voyez pas ses oreilles » pourrait encore une fois se vérifier » .
Dr Ablassé Ouédraogo, président du Le Faso autrement