La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a organisé des rencontres d’information et d’échange avec les partis et formations politiques et la société civile, les vendredi 6 et samedi 7 décembre 2013 à Ouagadougou afin de leur soumettre des propositions relatives au vote des Burkinabè de l’étranger à l’élection présidentielle de 2015 et recevoir leurs observations.
Lentement mais sûrement, le vote des Burkinabè de l’étranger devient une réalité. Après le rendez-vous manqué en 2010, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) est à pied d’œuvre pour qu’à l’élection présidentielle de 2015, ce droit des Burkinabè qui ont choisi de vivre hors de leur pays, soit respecté. Cependant, la CENI fait face à une insuffisance des textes qui réglementent cette nouvelle forme de consultation électorale. « Le code électoral donne très peu de détails sur l’approche organisationnelle du vote des Burkinabè de l’étranger », a déclaré le président de la CENI, Me Barthélemy Kéré, aux cérémonies d’ouverture des travaux avec l’opposition, la majorité et la société civile qu’il a reçues, tour à tour, les 6 et 7 décembre 2013.
En effet, a-t-il précisé, ce n’est que le dernier alinéa de l’article 17 du Code qui fait allusion à ce droit en ces termes : « Hors du territoire national, la Commission électorale nationale indépendante prend les dispositions nécessaires pour l’organisation des scrutins référendaire et présidentiel dans les ambassades et consulats généraux du Burkina Faso ». La latitude est donc laissée à la CENI de s’organiser avec les différents acteurs pour la gestion de ce scrutin. Une prérogative qui a amené la nationale de l’organisation des élections à aller s’inspirer des expériences du Brésil, du Cap Vert, de la Côte d’Ivoire, du Mali et du Sénégal.
Des avis divergents
« Cette approche nous a permis d’élaborer le projet d’organisation du scrutin présidentiel de 2015 dans les ambassades et consulats généraux que nous soumettons à votre appréciation afin de recueillir vos observations et suggestions pertinentes, à prendre en compte dans la version finale dudit projet dont la mise en œuvre devra être consensuelle et comprise par tous », a expliqué le président Kéré.
Le projet soumis à amendement s’articule autour de 6 points majeurs : la mise en place des démembrements de la CENI à l’étranger, le dispositif de recensement des électeurs résidant à l’étranger, la gestion du contentieux des listes électorales des ambassades et consulats généraux, l’administration du scrutin à l’étranger, le contentieux des opérations électorales tenues à l’étranger et la gestion financière des activités électorales à l’étranger.
En plus de cet avant-projet de mode opératoire pour le vote des Burkinabè de l’étranger, la CENI a également soumis à l’appréciation de ces interlocuteurs, le plan opérationnel de mise à jour du fichier électoral. S’exprimant au sujet du vote des Burkinabè de l’étranger, Yamba Malick Sawadogo de l’opposition dit avoir des appréhensions : « Dans son principe, personne n’est contre la participation des Burkinabè de l’étranger aux élections, mais nous voulons la transparence. Déjà la carte d’identité consulaire fait des problèmes en Côte d’Ivoire. Ce sera pareil partout ailleurs. Qu’en sera-t-il donc de la carte d’électeur ? », s’est-il interrogé à l’issue de la cérémonie d’ouverture des travaux avec son groupe.
Toutefois, il a ajouté : « Nous allons l’écouter (NDLR : le président de la CENI) et faire des suggestions ». Pour Salifou Sawadogo, membre de la majorité, le vote des Burkinabè de l’étranger est une volonté très manifestée par son parti en ce que ces compatriotes sont des Burkinabè à part entière et de ce point de vue, ils ont tout le mérite de jouir de tous les droits à la fois politique et civique. Il voit donc en ces échanges, l’occasion de trouver des solutions aux difficultés qui ont jusque-là empêché le vote de ce groupe spécifique des Burkinabè.
« Si ce vote n’a toujours pas vu le jour, c’est au regard d’un certain nombre de contraintes d’ordre technique. Nous pensons qu’à travers ces rencontres, nous saurons trouver des solutions de sorte à ce que nos compatriotes de l’étranger puissent être au rendez-vous de 2015 », a-t-il confié. C’est le même sentiment qui anime les membres de la société civile, dernier groupe à être reçu, le samedi 7 décembre. Pour le président du Conseil national des organisations de la société civile du Burkina Faso, Jonas Hien, ces échanges vont « permettre d’éviter certaines incompréhensions et nous mettre d’accord sur le chemin à prendre pour avoir de bons résultats à la fin de l’élection de 2015 ».
Elections municipales partielles
La rencontre avec les parties prenantes aux différentes consultations électorales au Burkina Faso a été aussi l’occasion pour la CENI, de faire savoir l’organisation en cours d’élections municipales partielles. Ces consultations font suite à la décision gouvernementale de dissoudre les conseils municipaux de 6 collectivités que sont les communes rurales de Yamba (province du Gourma), de Soubakaniedougou (province de la Comoé), de Bagré (province du Boulgou), de Pensa (province du Sanmatenga), de Dandé (province du Houet) et de l’arrondissement n°4 de Ouagadougou (province du Kadiogo).
« Cette dissolution a pour implication légale, l’organisation de nouvelles élections municipales dans lesdites communes et arrondissements, dans un délai de 90 jours », a fait savoir le président de la CENI. Aussi, la commission électorale souhaite que soit associée la commune rurale de Guiaro, dans la province du Nahouri où toutes les candidatures avaient été invalidées lors des élections municipales et législatives couplées du 2 décembre 2012.
Ce qui va porter à 7 le nombre des collectivités où de nouvelles consultations auront lieu en février 2014 comme le prévoit la CENI. Me Barthélemy Kéré a aussi informé ses hôtes que des missions de la CENI séjournent depuis le 3 décembre 2013 dans lesdites localités pour la mise en place des démembrements de sa structure dans les provinces et communes concernées. Aussi, a-t-il invité les partis et formations politiques qui désirent prendre part à ces nouvelles élections, à se référer au Code électoral et à prendre les dispositions utiles à leur participation.