Une coalition de six associations et structures syndicales mène une grève de 48 heures à l’Université de Ouagadougou, du 12 au 13 décembre 2013. Cette coalition demande la mise en oeuvre de certaines conclusions issues des états généraux de l’enseignement. Pour parvenir à son but, elle a fait sortir les étudiants des amphithéâtres, hier, 12 décembre 2013. Ce qui n’était pas du goût de certains étudiants, qui n’ont pas manqué de manifester leur mécontentement.
Il est 8 h 30 mn à l’Université de Ouagadougou. Dans le jardin de l’Unité de formation et de recherches en Lettres, arts et communication (UFR/LAC), les étudiants forment plusieurs groupes. Assis sur des bancs ou débout, ils y vont de leurs commentaires sur le mot d’ordre de grève décrété par une coalition de six associations et structures syndicales à l’Université de Ouagadougou. Il s’agit de l’UNEF (Union des étudiants du Faso), du MEFA (Mouvement des étudiants du Faso), de l’UESB (Union estudiantine et scolaire du Burkina), de l’ASEF (Association estudiantine et scolaire du Faso), de l’UNARES (Union nationale pour la renaissance estudiantine et scolaire) et de la FES/BF (Fédération estudiantine et scolaire du Burkina Faso). Cette coalition, à en croire Ousséni Kabré, délégué UNEF/ST, exige la satisfaction de sa plate-forme revendicative déposée auprès de ‘’ l’Administration, du ministère des Enseignements secondaire et supérieur et du CIOSPB’’, à l’issue d’une assemblée générale tenue le 25 septembre dernier, à l’amphi Aimé Nikiéma. Cette plate-forme, a-t-il fait savoir, comprend des points comme la baisse du prix du parking, la meilleure programmation des cours à l’université, mais aussi des points relatifs aux conclusions des états généraux de l’enseignement comme la disponibilité du wifi sur tout le campus. C’est donc pour y parvenir que les étudiants (ceux qui forment la coalition) ont, dans la matinée du 12 décembre, interrompu les cours et devoirs à l’Université de Ouagadougou pour inviter leurs camarades à respecter le mot d’ordre de grève. Cette méthode de lutte n’est pas du goût de bon nombre d’étudiants à l’UFR/LAC, comme Salif Nignan, étudiant en Lettres modernes. ‘’La méthode qu’ils ont choisie, en faisant sortir les étudiants des salles et en sifflant partout, n’est pas la meilleure’’, a déploré ce dernier. Par ailleurs, Salif Nignan dit ne pas comprendre l’attitude de la coalition qui a décrété le mot d’ordre de grève : ‘’ Le gouvernement avait demandé un moratoire de 5 ans pour qu’il n’y ait pas de grève. Toutes les structures, en dehors de l’ANEB, ont soutenu le moratoire de 5 ans. Pourquoi ces structures lancent-elles un mot d’ordre de grève aujourd’hui ?’’.
Les conclusions qui divisent
Ce que déplorent bon nombre d’étudiants, outre la méthode de lutte, c’est le fait que la coalition ‘’demande la mise en œuvre des conclusions des états généraux de l’enseignement’’. D’ailleurs, sur ce point, Salif Nignan ne cache pas sa déception : ‘’ J’ai appris qu’ils demandent l’application des conclusions des états généraux de l’enseignement. Si c’est pour appliquer ces conclusions, je pense que c’est dangereux parce que les états généraux disent qu’il faut augmenter les frais de scolarité à 50 000 F CFA, le lit à 10 000 F CFA et le ticket de restaurant à 250 F CFA’’. Mais, le délégué UNEF/ST, Ousséni Kabré (qui fait partie des meneurs) rassure que l’objectif de la coalition n’est pas d’exiger la mise en œuvre de toutes les recommandations issues des états généraux de l’enseignement car, reconnait-il, certaines conclusions ‘’n’arrangent pas les étudiants’’. Ces conclusions défavorables aux étudiants concernent, selon lui, l’augmentation du prix des tickets de restaurant et l’augmentation des loyers dans les cités universitaires. Un manque de communication serait-il à l’origine de cette situation sur le campus ? En tout cas, Ousséni Kabré reconnaît une faille dans la manière de communiquer : ‘’ Nous avons communiqué, mais nous reconnaissons que nous n’avons pas eu assez de passages. Toutefois, nous avons fait des affiches’’. ‘’Il faut qu’ils expliquent clairement aux étudiants ce qui se passe, sans quoi, ils auront les étudiants sur leur dos’’, a, pour sa part, averti Salif Nignan. Quoi qu’il en soit, la coalition a tenu une rencontre avec des étudiants qui ont effectué le déplacement de l’amphi F pour être témoins de son message.
Et, elle entend poursuivre la grève aujourd’hui