Obsèques de Mandela: même mort, il continue de réconcilier #aOuaga

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Obsèques de Mandela: même mort, il continue de réconcilier

Publié le jeudi 12 decembre 2013 | L’Observateur Paalga

© AFP par DR
Cérémonie commémorative pour le défunt Président sud-africain Nelson Mandela
Mardi 10 décembre 2013. Johannesburg (stade Soccer City). Les principaux dirigeants de la planète assistent à la Cérémonie commémorative pour le défunt Président sud-africain Nelson Mandela

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Décès de l`ex- Président sud-africain, Nelson Mandela

Nelson Mandela aura passé toute sa vie à lutter pour la libération de son peuple qui ployait sous le joug de l’apartheid. Libéré le 11 février 1990, après un long bagne de 27 ans, il déclarait le 8 juin de la même année à Genève que "Nous prenons notre libération comme le signal que le peuple lui-même sera bientôt libéré de la vaste prison que représente le système apartheid" (1). Ce qui fut fait. Puisque les lois ségrégationnistes ont été purement et simplement abolies. Mieux, par sa politique de la main tendue à l’ancien oppresseur, Madiba est parvenu à réconcilier toute la nation sud-africaine avec elle-même. La nation «arc-en-ciel» était née et Noirs, Blancs, Hindous et Métisses fraternisent dans une société multiraciale.

Il faut croire que même disparu, le grand artisan de la réconciliation poursuit, post-mortem, ce qui fut sa grande œuvre. L’hommage planétaire retransmis mondovision qu’on lui a rendu le 10 décembre 2013 illustre bien cet état de fait. Il n’y a qu’à observer les images frappantes de ce début des obsèques pour s’en convaincre :

- Sarkozy et Hollande "bras dessus - bras dessous" à l’entrée du stade de Soccer City : scène proprement surréaliste pour qui sait l’inimitié profonde que se vouent réciproquement, depuis le 6 mai 2012, l’ex et l’actuel président français. Qui l’eût cru ? Personne. Qui vient de les rapprocher ? Mandela, du fond de son cercueil.

- Winnie et Gracia respectivement 2e et 3e épouses de Mandela s’étreignant à en perdre le souffle, et s’embrassant même sur la bouche. Qui aurait parié un rand sur une éventuelle communion entre Winnie, la congédiée, et Gracia, la chouchoutée ? Aucun Sud-Af. Qui l’a rendue possible ? Encore Mandela, allongé dans sa bière. Une image d’Epinal que seul le principal artisan de l’avènement de la Nation arc-en-ciel, même mort, nous a donné d’admirer.

- Last but not least, la poignée de main entre Barack Obama et Raoul Castro. Ces deux ennemis héréditaires se serrant les pinces ? A Washington comme à la Havane, personne ne l’aurait imaginé. Qui a occasionné cette mémorable poignée de main ? Encore et toujours Mandela, même mort.

Pour mémoire, depuis 1962, les USA et Cuba sont à couteaux tirés, et en dépit de la brève visite de l’ancien président Jimy Carter à la Havane, le dégel n’est toujours pas à l’ordre du jour.

Il faut donc être un Mandela pour réussir pareil miracle, même décédé. C’est l’ultime symbole d’un homme qui aura œuvré de son vivant à la fraternité des hommes au-delà de leurs différences.

Cette fraternisation se poursuivra-t-elle ? En tout cas, on aura eu droit, le temps de cet hommage, à un réconfort pour les uns, ou à un armistice pour les autres même si hélas, on sait que toutes les rancœurs ne sont pas éteintes.

Mais la couleur qui détonne avec ce tableau idyllique de la cuvette du Soccer City a été les huées du public sur le président sud-africain, Jacob Juma, qui a été littéralement conspué par ses compatriotes. On pourrait y voir une faute de goût. Mais quelque part, cette saute d’humeur montre que les dépenses somptueuses du chef de l’Etat sud-africain (pour réfectionner sa résidence secondaire) et au-delà, la malgouvernance de celui qui fut capitaine de l’équipe de football de la prison de Robben Island, sont toutes restées en travers de la gorge des admirateurs de Mandela. Bref, que Zuma est le contre-exemple de celui que le monde entier pleure.

On retiendra que le clou de cet adieu planétaire du 10 décembre aura été également le discours de "vérité" de Barack Obama. Un speech qui n’est pas sans rappeler celui du 11 juillet 2009 à Accra, dans lequel, le n°1 américain a encore mis en exergue les nombreux défauts de certains de ses pairs assis dans le stade : fossoyeurs des droits de l’homme, mal gouvernance... Quand on voyait les Yaya Jammeh, de la Gambie ou l’"oncle" Obiang de Guinée-Equatoriale, on se dit que ce discours-là ne peut s’adresser qu’à ces contre-exemples parfaits de Mandela.

Mais si dans tout ça, il y a un fait qui a stupéfié tout le monde, c’est bien cette "vacherie" venue d’Israël, signée de son Premier ministre, Benjamin Netanyahou, déclarant sans sourciller ne pas avoir les moyens pour le déplacement sud-africain. Oui, vous avez bien lu : il dit ne pas disposer de moyens pour aller s’incliner sur la dépouille de Mandela. Même pour un Etat qui veut faire des économies de bout de chandelles, ça ne fait pas sérieux, a fortiori pour un Etat comme Israël. Sans vouloir faire dans l’antisémitisme, vraiment loin de là, on ne peut s’empêcher de dire que Netanyahou est un «Juif». Pour utiliser cette expression populaire désignant une personne qui fait preuve d’avarice.

Enfin que dire du Premier ministre tchèque qui a avoué avoir "prié Dieu pour ne pas subir pareille corvée" ? Une confidence en off, même si les micros étaient… toujours ouverts.

A vrai dire, Madiba a beau être ce qu’il a été, certains trouveront à redire, comme quoi l’unanimité n’est pas de ce monde.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

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