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L’Observateur Paalga N° 8516 du 9/12/2013

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Des anciens de la maison témoignent : Qui mieux que ceux qui ont été de la maison pour témoigner et apprécier l’évolution du journal, 15 ans après la disparition de son fondateur ?
Publié le jeudi 12 decembre 2013   |  L’Observateur Paalga




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Germain Bitiou Nama, directeur de publication de L’Evènement : «Il faut se féliciter que le journal existe toujours»

Il faut se féliciter que le journal existe toujours et continue à paraître. C’est en soi-même un défi parce que ce n’est pas évident. Le contexte n’est plus le même, car la concurrence est aujourd’hui très forte et beaucoup de journaux ont disparu ou ont une parution irrégulière. L’Indépendant est là et continue de paraître, c’est déjà quelque chose. Pour ce qui est du contenu, je suis dans l’incapacité de l’apprécier du point de vue de la qualité, mais je sais qu’autant que faire se peut, ceux qui y sont essaient de s’accrocher à l’esprit de la maison c'est-à-dire à l’investigation et c’est ce qu’ils essaient de faire avec plus ou moins de bonheur.

Norbert était un ami. Bien avant son décès, nous avons collaboré. Lorsque j'écrivais des missions, je faisais des articles que je remettais à Norbert qui les publiait. Il avait aussi souhaité que j’anime une page philosophique dans L’Indépendant. De temps en temps donc, selon mes temps libres, je rédigeais ces pages philosophiques à l’intention des élèves et des personnes qui s’intéressent à cette matière. Chemin faisant, c’est devenu plus régulier. Lorsqu’il est décédé, ça coulait de source qu’il fallait poursuivre, ne serait-ce que pour découvrir la vérité sur son assassinat. C’est ainsi que j’ai tout de suite participé à la petite rédaction qui collaborait avec le journal dès le lendemain de Sapouy puisque j’ai été l’un des rares qui est allé sur les lieux et immédiatement après, j’ai écrit un article intitulé : «Qui a tué Norbert Zongo ?» Et depuis lors, je me faisais un devoir de suivre la commission d’enquête et de l’aider dans son investigation car j’étais moi-même une source d’information. Et ce, jusqu’à la fin de la commission d’enquête indépendante et jusqu’en 2001, où nous avons décidé de créer L’Evènement. Je garde de lui l’image d’un travailleur parce que vous pouviez passer toute la journée avec Norbert et vous vous réveillez le lendemain, vous trouvez que le journal est écrit. Vous ne savez même pas à quel moment il écrivait ses papiers puisqué il a passé toute la journée avec vous. Je garde également en mémoire sa constance et sa rigueur dans la poursuite de ses idées et c’est d’ailleurs ce qui fait la différence entre lui et les journalistes que nous sommes parce que lui, lorsqu’il a lancé quelque chose, tant que ça n’aboutit pas, il n’arrête pas. Nous, nous nous contentons de le lancer et de revenir de temps en temps dessus. J’ai été également impressionné par sa simplicité. Norbert vivait très simplement alors qu’il était parmi les plus riches des journalistes parce que ce qu’il avait comme biens et qu’il mettait au service de son ranch n’était pas petit, je l’ai côtoyé, je le savais. Mais comme il avait un projet et qu’il savait que le journal est précaire et que du jour au lendemain on peut l’empêcher d’écrire, le ranch était pour lui un moyen de subsistance et qui devait subvenir aux besoins du journal pendant les temps durs. Il mettait donc l’accent dessus. Le ranch avait des véhicules et lui, il circulait à mobylette, c’est vous dire un peu la simplicité de l’homme.

Newton Ahmed Barry, rédacteur en chef de L’Evènement : «L’Indépendant a perdu de sa prestance»

Il y a eu deux éléments. Après l’assassinat de Norbert Zongo, la question ambiante était qui est responsable, qui est coupable de sa mort. A l’époque, j’ai fait publier un article par L’Observateur paalga sous le titre : «Si le gouvernement n’est pas coupable, il est responsable» parce que c’est quand même un citoyen burkinabè qui a été assassiné, la responsabilité de l’Etat est donc engagée. J’ai pensé également, et je n’étais pas le seul, qu’il serait difficile que L’Indépendant survive à Norbert Zongo parce que, lorsque ce dernier voyageait par exemple, le journal ne paraissait pas ; ce qui veut dire qu’il n’avait pas une équipe suffisamment solide pour permettre véritablement de faire paraître le journal en son absence. On a craint donc qu’après son assassinat, L’Indépendant ne disparaisse malheureusement. En ce moment, j’étais journaliste à la Télévision, j’ai arrêté, je suis allé trouver là-bas, Germain Bitiou Nama, Bamas et le vieux Basile Baloum qui était un vieux collaborateur de Norbert. Avec cette équipe donc, on a animé le journal pendant près de trois ans parce que je suis parti après la création de L’Evènement en mai 2001. Germain est parti une année de plus. Il ne restait plus que Basile qui est resté jusqu’à ce que la maladie le rende impotent. Notre souci était que le journal vive et Dieu merci, il a survécu et plus que survécu d’ailleurs parce que pendant cette période, avec l’équipe en place, nous avions réussi à tirer à 25 000 exemplaires ; ce qui est assez inédit au Burkina et ça ne suffisait pas. Ce que je constate aujourd’hui, c’est que malheureusement la relève n’a pas été assurée, il y a aussi un problème de ressources humaines qui fait que de nos jours quoi qu’on dise, ce bel organe de presse a perdu un peu de sa prestance. Je pense qu’aujourd’hui le journal vit surtout sur les acquis c'est-à-dire l’aura de son fondateur. Il faut donc souhaiter qu’une solide équipe puisse se constituer pour permettre à ce monument de la presse burkinabè de ne pas disparaître.

Elie Kaboré, journaliste à L’Economiste du Faso : «Le nom de Norbert fait vivre beaucoup de gens»

C’est en avril 2004, pendant le procès sur le coup d’Etat qu’un camarade de l’université qui était déjà à L’Indépendant m’a signifié que le journal avait besoin d’étoffer sa rédaction. Il se trouvait que je venais juste de quitter l’université et je travaillais comme attaché de communication au niveau d’une association, j’ai donc commencé ma collaboration avec le journal. Les papiers que j’envoyais étaient publiés. Le directeur de publication de l’époque, Liermé Somé, m’a proposé un contrat de travail à partir d’octobre 2004. Au départ, je m’intéressais aux publi-reportages mais aussi à quelques sujets de société. Une année après, je m’essayais à l’investigation et ma meilleure expérience reste un numéro spécial sur la mort de Norbert Zongo en 2007. Ce journal a été pour moi, l’école pratique après la phase théorique. On mettait l’accent sur les reportages, il fallait identifier les reportages, les défendre en conférence de rédaction et justifier aussi le budget de la recherche d’information. En son temps, le journal avait un budget par mois pour la recherche de l’information. C’est ainsi que nous avons décroché 3 prix successifs du REN-LAC sur la lutte contre la corruption. C’est un peu grâce à cela que j’ai pu ensuite aller au niveau du REN-LAC comme chargé de communication. 15 ans après, c’est déjà un exploit que le journal existe toujours parce que ça n’a pas toujours été facile vu les crocs-en-jambe, les complots et tout ce qui a été fait pour que le journal ne puisse plus paraître. Ce que je regrette beaucoup aujourd’hui, c’est que le 13 décembre se commémore sans L’Indépendant. Les gens oublient que c’est par L’Indépendant que le 13-Décembre est arrivé. Beaucoup d’évènements s’organisent autour du 13-Décembre et beaucoup d’acteurs s’érigent aujourd’hui en défenseurs de la liberté d’expression sans que quelqu’un ne se pose la question : comment va le journal ? On a laissé le journal aux travailleurs. C’est sur la base de ses ventes que le journal fonctionne alors qu’on sait que le nom de son fondateur fait vivre des gens, génèrent des financements. Il y a beaucoup de concepts qui se greffent autour du 13 décembre, mais ils oublient que tout est parti de l’Indépendant. Il faut que tous ses activistes se demandent ce qu’ils peuvent faire pour L’Indépendant !

Propos recueillis par H.S.

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