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L’Observateur Paalga N° 8516 du 9/12/2013

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Geneviève Zongo, directrice de publication de L’Indépendant: «Par la grâce de Dieu, on arrive toujours à paraître chaque mardi»
Publié le jeudi 12 decembre 2013   |  L’Observateur Paalga




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«Supposons aujourd’hui que L’Indépendant arrête définitivement de paraître pour une raison ou une autre (la mort de son directeur, son emprisonnement, l’interdiction définitive de paraître, etc.), nous demeurons convaincu que le problème David restera posé et que tôt ou tard, il faudra le résoudre. Tôt ou tard !» C’est ce qu’on pouvait lire à la Une du numéro 274 du journal fondé par feu Norbert Zongo. C’était le 08 décembre 1998, moins d’une semaine donc avant son assassinat en rade de Sapouy. 15 ans après la disparition de son fondateur, que devient la parution dirigée aujourd’hui par sa veuve? Eléments de réponse.

«Vous les journalistes-là, c’est le 13 décembre seulement qu’on vous voit. Quand ça passe, vous ne cherchez même pas à savoir comment se porte Mme Zongo, comment vont les enfants…». Un foulard de couleur multicolore sur les épaules de son modèle genre «Grand-mère», Geneviève Zongo ne manque pas de nous faire ce reproche lorsque nous l’accostons à la sortie d’une conférence de presse animée au Centre national de presse Norbert-Zongo, le lundi 9 décembre 2013 aux environs de 11h. Depuis le temps qu’elle nous le jette à la figure, nous sommes maintenant habitués à ses récriminations. Néanmoins, elle ne refuse pas de se prêter à nos questions sur L’Indépendant et nous invite pour ce faire à la suivre au siège du canard. 15 mn après, nous voilà au premier étage du R+3 situé sur l’avenue Dimdolobson où se trouve le quartier général du journal, fondé par feu Norbert Zongo. Dans le hall de l’hebdomadaire, un espace d’attente en face du bureau de la secrétaire. Sur le mur, le prix Presse et démocratie de la Tribune de Genève décroché en 2001 par le journal est accroché à côté d’un poster de son fondateur portant la légende : «L’homme doit rester fidèle à lui-même». Pas de journaliste dans les parages, le numéro spécial, 13 décembre, ayant été bouclé et devant paraître le lendemain 10 décembre, ils sont de nouveau sur le terrain. Mme Zongo nous invite dans son bureau. Très sobre, avec sur la table, un téléphone fixe posé sur un annuaire et des reliures de la parution dont elle est désormais la directrice de publication. C’est le moment de tout reprendre à zéro. Et si on commençait par la formule de bienséance: Comment se portent la veuve et la famille du journaliste burkinabè assassiné le 13 décembre 1998 ? «Par la grâce de Dieu, je me porte bien et la famille aussi, ça va !»

- Qu’en est-il de son journal L’Indépendant ? «Comme vous le constatez, chaque mardi, nous paraissons.»

- Est-ce à dire que tout y va pour le mieux dans le meilleur des espaces médiatiques ? «Il n’y a pas de presse sans difficulté et comme dans tous les autres organes, nous avons des difficultés notamment d’ordre financier mais par la grâce de Dieu, on arrive toujours à paraître. Il faut souligner qu’on n’est pas comme les autres qui ont des partenaires et des gens qui supportent leur journal. Nous, nous produisons sur la vente du journal et c’est avec cela également que nous effectuons toutes les charges de la maison, les salaires, l’imprimerie et tout. En plus, on n’a pas assez de publicité dans notre journal alors que c’est ce qui fait marcher les journaux.»

- Comment a-t-elle réussi à s’adapter au monde des médias qui lui était quand même étranger ? «C’est en forgeant qu’on devient forgeron. Déjà, avec mon époux, je voyais comment ça se passait puisque tous ses écrits, ils les faisaient à la maison avant d’amener à l’imprimerie pour la saisie et le montage. Je voyais donc à peu près comment il faisait et je m’en inspire aujourd’hui.»

Le combat de la pérennité remporté, reste maintenant à gagner celui du contenu et de la qualité qui, au fil des ans, se seraient dépréciés depuis l’autodafé de Sapouy. Newton Ahmed Barry, ancien de L’Indépendant, aujourd’hui rédacteur en chef de L’Evènement : «Malheureusement la relève n’a pas été assurée, il y a aussi un problème de ressources humaines qui fait que de nos jours quoi qu’on dise, ce bel organe de presse a perdu un peu de sa prestance». Geneviève, elle, se refuse de tout commentaire sur la question.

«Beaucoup d’acteurs s’érigent aujourd’hui en défenseurs de la liberté d’expression sans que quelqu’un ne se pose la question : comment va le journal ? On a laissé le journal aux travailleurs», déplore Elie Kaboré qui fut de la maison de 2004 à 2008.

Geneviève Zongo se refuse également à donner plus de détails sur les raisons qui l’ont amenée à prendre les rênes de L’Indépendant, puisque, après le drame de Sapouy, d’autres directeurs de publication se sont succédé à la tête du journal avant qu’elle ne s’installe. «Il a fallu à un moment donné que j’entre dans la danse pour tenir la maison», se contente-t-elle d’affirmer. Idem pour le dossier qui a connu un rebondissement à Arusha en Tanzanie : «On attend de voir, on ne peut pas devancer l’iguane dans l’eau. Nous rendons grâce à Dieu pour tout ce qu’il fait et notre souhait est que justice soit faite pas seulement pour le dossier Norbert Zongo mais aussi pour tous les dossiers au Burkina qui n’ont pas connu de justice.»
Les perspectives pour le journal tiré à 5 000 exemplaires et animé par trois journalistes se résument en la recherche de financement et de partenaires. La directrice de publication ne manque d’ailleurs pas de faire la pub du numéro spécial actuellement dans les kiosques à journaux : «C’est un numéro spécial qui est intéressant, car on y retrace le voyage d’Arusha sur le procès et repris quelques anciens écrits de Norbert qui sont d’actualité aujourd’hui puisqu’il a dit des choses à l’époque qui se vivent présentement».

Hyacinthe Sanou

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