Amnesty International vient de rendre public un rapport accablant sur le respect des droits de l’homme en Côte d’Ivoire sous Ouattara. En effet, l’ONG britannique, après une mission d’un mois sur les bords de la lagune Ebrié, rapporte que plus de 200 personnes, dont des partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo, sont arbitrairement détenues. Pire, beaucoup d’entre elles sont embastillées dans des casernes militaires et victimes de tortures ainsi que de sévices corporels.
La publication d’un tel rapport suscite toujours des controverses entre les régimes indexés et les mouvements des droits de l’homme. Les pays mis en cause réfutent certaines informations arguant qu’il y a un peu d’exagération dans tout ça et promettent de faire leurs propres enquêtes. On pense bien souvent à tort ou à raison que ces organisations sont plus promptes à dénoncer les faits seulement en Afrique.
Certes, ces enquêtes concernent bien souvent les Etats africains où la démocratie est encore balbutiante. Mais si les gouvernements ne veulent pas s’entendre dire certaines dérives, il faut reconnaître qu’il y a un fond de vérité sur les pratiques des autorités dans les démocratures africaines. Le combat demeurera interminable entre les pouvoirs en Afrique et ces ONG, qui sont dans leur rôle, à savoir mettre à nu les atteintes au respect des droits humains.
En Côte d’Ivoire, le gouvernement ivoirien aura tort de balayer du revers de la main ces révélations d’Amnesty international. Bien au contraire, le rapport doit être perçu comme une interpellation à plus de rigueur sur ces questions. Le pouvoir d’Alassane Ouattara a beaucoup bénéficié du soutien des pays occidentaux pour s’installer. Et vu que ceux-ci sont très regardants sur le respect des droits de l’homme, Abidjan doit saisir la balle au bond pour mettre de l’ordre dans la maison.
Depuis la chute de Laurent Gbagbo, les exactions et les bavures commises par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire sont de notoriété publique, et on se doutait bien que le défi des nouveaux dirigeants serait la mise au pas des éléments et l’instauration de la discipline dans les rangs.
Mais dans un pays qui sort d’une grave crise, en proie à des attaques récurrentes contre les forces militaires, il est difficile de mettre de l’ordre aussi rapidement qu’on le souhaite.
Cela dit, on espère que les nouveaux maîtres de la Côte d’Ivoire, qui ont tant souffert de l’injustice et des discriminations de toutes sortes, dont ils accusaient l’ancien régime, ne tomberont pas dans les mêmes travers. Le gouvernement ivoirien promet certes d’ouvrir des enquêtes sur les dénonciations d’Amnesty avant sans doute de prendre des mesures appropriées pour corriger ces dérives, mais c’est aux actes que la bonne foi de l’Exécutif pourrait être jugée.