Depuis plusieurs mois déjà, les populations d’Ansongo, de Gao, de Douentza et de Tombouctou ne connaissent qu’une seule loi, imposée par les nouveaux seigneurs que sont le MUJAO, AQMI ou Ansar-Dine : lapidation, flagellation et amputation sont le viatique quotidien des habitants de ces contrées maliennes.
Après les autonomistes du MNLA, ce sont donc les djiadistes qui régentent le Nord-Mali, défiant et la communauté internationale et le pouvoir central ou ce qui en tient lieu à Bamako.
A présent d’ailleurs, les katibas sont à 600 km de la capitale malienne, soit à 10 heures de marche vers cette ville, qui ne les intéresse pas pour le moment ; Bamako qui abrite un Exécutif juché sur un trépied bancal : Dioncounda Traoré, le président intérimaire, Cheick Modibo Diarra, le Premier ministre, et naturellement le capitaine Amadou Haya Sanogo.
Que n’a-t-on pas dit où écrit sur ce triumvirat qui ne dit pas son nom ? Que ce trio ne reflète pas les sensibilités politiques maliennes, qu’ils ont été imposés, qu’ils n’ont pas les qualités requises, ou qu’ils gênent le processus… Bref que ses membres continuent à vouloir se neutraliser mutuellement.
C’est ainsi qu’après une visite de Dioncounda Traoré au Qatar, la semaine passée, une visite polémiquée d’autant que ce émirat pétrolier est soupçonné à tort ou à raison de financer les djiadistes, le capitaine Sanogo s’est fendu d’un entretien dans le quotidien français «Le Monde» le 26 octobre 2012.
Extrait de cette interview : «ATT a été ce que le maréchal Pétain a été pour la France de 1940 et je n’ai été pour le Mali que ce que De Gaulle a été pour la France». Pour Sanogo, Tombouctou devient Paris sous l’occupation, et tout comme la ville-lumière a été libérée par les alliés, elle sera libérée par les soldats maliens.
Mais la comparaison s’arrête là, encore qu’elle vole au ras des pâquerettes en certains de ses aspects : en effet, Tombouctou est de nos jours assiégée, et autant la horde hitlérienne voulait l’émergence d’une race aryenne en France et en Europe, autant les phalangistes nordistes veulent d’un Califat sans cafres ni mécréants. En outre, la France a été libérée en grande partie grâce à l’armée hexagonale, tout comme Sanogo veut que les soldats maliens soient la charpente de la MICEMA, la future force d’intervention de la CEDEAO.
Cependant, l’outrecuidance est poussée à bout, quand le maître de l’équipée putschiste du 22 mars se prend pour un De Gaulle malien. A-t-il bien étudié l’illustre général de Comlombé-les-deux-Eglises ? D’où lui, Sanogo, lancera-t-il « son appel de Londres» à lui ? A Ouaga ? A Alger ou tout bonnement au camp de Kati ? Et un appel à l’endroit de quels soldats ?
Non, mon capitaine, à la vérité, si l’on convient avec vous que la libération du Nord ne saurait se faire en mettant entre parenthèses l’armée malienne, concernée au premier chef, ce n’est pas au détour d’une interview qu’on endosse la tenue du père de la Ve République française ! Rien que du fait de votre taille, vous flotterez dedans ! On n’est pas certain que le général De Gaulle, artisan de la libération française, aurait approuvé ce que vous avez accompli le 22 mars dernier. Peut-être que si d’ici mars 2013, délai imparti pour normaliser le septentrion, vous parvenez à réussir cette tâche, c’est-à-dire à pacifier le nord de votre pays, vous pourrez vous targuer d’avoir été inspiré par le général , et on pourrait peut-être vous appeler Sanogo Charles ou Sanogo De Gaulle. Pour le moment, on en est loin comme de la coupe aux lèvres.