L’information budgétaire, définie comme l’ensemble des renseignements budgétaires disponibles, ne semble pas la chose la mieux partagée au Faso. Face aux représentants d’une trentaine d’organisations de la société civile, les responsables du Centre d’Information, de Formation et d’Etudes sur le Budget (CIFOEB), forts des résultats d’une étude sur la question, ont dressé, ce mercredi 24 octobre 2012 à Ouagadougou, un tableau sombre de la situation.
« L’information budgétaire n’est pas toujours accessible au plus grand nombre, c’est-à-dire au public », soutient le directeur exécutif du CIFOEB, Barré Isack Zongo. Le chargé des études et des analyses du CIFOEB, Issaka Séogo est encore plus explicite dans son exposé de restitution des conclusions de l’étude commandité par l’IBP. L’IBP est un organisme indépendant basé aux Etats-Unis et qui appuie les efforts des organismes de la société civile dans le monde pour promouvoir la transparence budgétaire et la participation du public aux processus budgétaires. Cette étude a attribué au Burkina Faso la note de 5% contre 35% pour le Mali. « La note de 5 sur 100 signifie que dans la période étudiée (septembre 2009), le gouvernement burkinabè n’avait pratiquement pas fourni d’informations au public à propos du budget et des activités financières.
Ainsi, les citoyens se trouvent dans une quasi impossibilité de lui demander des comptes au sujet de sa gestion des deniers publics », a commenté le chargé d’études. Et de poursuivre : « L’une des principales raisons qui fait que le résultat du Burkina Faso est peu honorable est la fait que des documents produits n’ont pas été mis à la disposition du public, notamment le projet du budget de l’exécutif, le rapport préalable au budget, la revue de milieu d’année et le rapport de fin d’année sur les sites Internet du gouvernement ». Conséquence, le pays a régressé sur la question de la diffusion de l’information budgétaire puisqu’il avait obtenu relativement de meilleurs scores (11% en 2006 et 14% en 2008) aux éditions précédentes.
Si le Burkina Faso n’est pas le seul pays de l’UEMOA à enregistrer une faible note (le Niger et le Sénégal ont obtenu chacun un score de 3%), sa situation interpelle au CIFOEB dont la mission principale est de promouvoir les actions de bonne gouvernance économique au Burkina Faso à travers une bonne gestion des ressources publiques et leur répartition équitable tant au niveau de l’Etat qu’au niveau des collectivités territoriales. Ce qui passe l’information budgétaire. L’information budgétaire va au-delà de la simple notion de données budgétaires et prend en compte la signification, le cadre contextuel et la représentation des renseignements. Dans le cas spécifique du Burkina Faso, elle tire sa source des documents budgétaires du gouvernement ainsi que des documents de la Commission des Finances et du Budget (COMFIB) de l’Assemblée nationale, de même que des rapports annuels de la Cour des Comptes.
L’article 14 de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen du 1789 est clair sur la redevabilité du gouvernement en matière budgétaire : « Tous les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée ».
S’appuyant les dispositifs favorables, tant au plan national qu’international, le CIFOEB a conçu un plaidoyer pour contribuer à plus de transparence en matière de finance et de budget au Burkina Faso. Et c’est pour expliquer les tenants et les aboutissants du plaidoyer aux partenaires de la société civile qu’a eu lieu la présente rencontre. « Nous travaillons dans la transparence budgétaire. Et la transparence de façon générale signifie qu’il y ait la circulation de l’information. Les informations budgétaires doivent être produites à temps, doivent être justes, désagrégées pour que les uns et les autres puissent les comprendre et être accessibles à tout le monde. Si nous n’avons pas à la disposition ces informations, nous ne pouvons pas savoir ce que l’exécutif fait de l’autorisation donnée par l’Assemblée nationale », a indiqué à la presse Barré Isack Zongo.