C’est parti pour une année 2014 pleine de joutes politiques aux conséquences très imprévisibles pour notre pays. En ligne de mire, les présidentielles de 2015 pour lesquelles certains acteurs politiques et de la société civile nourrissent des desseins à l’odeur anticonstitutionnelle.
Comme d’ailleurs il fallait s’y attendre, les partisans de la modification de l’article 37 de la Constitution pour un nième bail du président Blaise Compaoré sont loin d’abandonner leur projet. Confortés qu’ils sont par un calme précaire qui cache pourtant mal un volcan. Sans être, en effet, un prédicateur de l’explosion de ce volcan endormi, les prochains mois risquent d’être déterminants dans l’histoire politique de notre pays. Le tout pour la bataille de la gestion du pouvoir, dont certains, sous le coup de la loi, passent par tous les subterfuges pour sauter le verrou limitatif du mandat présidentiel. Une intention qui se heurte à la sensibilité des autres acteurs, notamment les partis politiques de l’opposition et l’église catholique qui entendent opposer une résistance farouche.
Résistance pour résistance donc, Blaise Compaoré et ses affidés n’avancent plus masqués. Leur volonté de tripatouiller la Constitution pour s’octroyer un autre mandat est clairement posée. Après la sortie du président du Faso sur les chaines internationales pour dire que le choix revient au peuple qu’il faut consulter sur les orientations politiques de l’Etat, c’est le tour de la Fédération associative pour la paix et le développement avec Blaise Compaoré (FEDAP/BC) de demander au chef de l’Etat la rebelote en 2015. S’il est vrai que cela ne constitue aucunement une surprise pour ceux qui connaissent ces « vuvuzelateurs » zélés (ils feraient pire pour montrer leur attachement à Blaise Compaoré), il est évident, en effet, que cette demande, d’un point de vue éthique, est anormale, voire contraire aux idéaux de paix dont ils disent pourtant être les chantres. En qualifiant Blaise Compaoré «d’une mine précieuse qu’il ne faut pas laisser partir », le tout puissant président de la FEDAP/BC, Adama Zongo, oublie justement que c’est parce que le chef de l’Etat est « une mine » qu’il faut s’en méfier, quand on sait les séquelles des mines en fin d’exploitation : ruine et désastre. Le malheur souvent des hommes dis « leaders » en Afrique est qu’ils ne tirent aucunement leçons des expériences vécues de part d’autres pays. Non seulement, ils sont les premiers à tenir des propos flatteurs, adulateurs et laudatifs à l’endroit de leurs idoles, mais paradoxalement, ils sont aussi les premiers à fuir quand la situation devient délétère, laissant leurs idoles entre des équations difficiles. Pour preuve, lorsque les mutineries des militaires sont survenues dans la première moitié de l’année 2011, à notre connaissance, cette fédération dite de promotion de paix n’est pas sortie de son biotope pour appeler à la paix. Du reste, la FEDAP/BC n’a jamais su faire face à une crise, alors que c’est pendant celles-ci qu’on devrait l’entendre vanter les mérites de la paix pour amener les protagonistes à la raison. Cela démontre, si besoin en était, qu’elle n’est ni plus, ni moins qu’un ramassis de personnes en quête de la courte échelle pour leur promotion sociale et économique. Et c’est au nom de leurs intérêts intimement liés à la survie de ce pouvoir qu’ils mènent cette bataille qui risque de plonger le pays dans un chaos irréversible. Qu’ils nous excusent alors de nous attaquer à la lutte de leur survie, même si nous savons qu’ils mènent un combat aux antipodes des bonnes mœurs démocratiques.
Certainement, la faute à Blaise Compaoré. Pour avoir été médiateur dans plusieurs crises dans la sous-région et en Afrique, pour avoir donné conseil à Mamadou Tandja, pour avoir été confronté à l’intérieur à plusieurs crises, Blaise Compaoré doit comprendre, de nos jours, la portée d’une modification de l’article 37 dans un contexte national où les exigences et la détermination du peuple pour une alternance sont grandes. « La vie de Nelson Mandela aura été pour moi une école », a confié Blaise Compaoré. Alors, le véritable adieu qu’il puisse dire à celui qu’il pleure aujourd’hui est d’abandonner son projet de modification de l’article 37. Le déterminant « peuple », dont il aime se gargariser, n’est pas immuable au point de s’en fier. Et, ce n’est pas au sortir d’une consultation électorale à laquelle moins d’un tiers de la population a pris part qu’il faut se revigorer de sa légitimité et de sa popularité. Mieux, le peuple est changeant et il ne prévient jamais de ses sauts d’humeurs. Qui plus que Blaise Compaoré pour le savoir. Lui qui, au sortir des élections présidentielles de 1998, a eu à faire face à une crise socio-politique sans précédent suite à l’assassinat du journaliste Norbert Zongo. L’héroïsme dont le vante la FEDAP/BC est hypocrite. Le président doit savoir lire dans la pensée de son peuple. Un peuple non seulement las de la gouvernance, mais aussi assoiffé d’une alternance. Toute tentative contraire sera non seulement suicidaire, mais chaotique pour le pays.