Dans le cadre des activités de promotion, de protection et de défense des droits humains, le Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP) a élaboré son rapport sur la situation des droits humains au Burkina en 2012.La présentation officielle du rapport a eu lieu le 4 décembre 2013 au siège du MBDHP situé à Ouagadougou.Le rapport du MBDHP sur la situation des droits humains au Burkina Faso en 2012 est un document de 68 pages, composé de cinq chapitres traitant du contexte d’ensemble de l’année 2012, des droits civils et politiques, des droits économiques, sociaux et culturels, des droits catégoriels incluant en particulier ceux de la femme et de l’enfant. Le rapport 2012 s’est aussi penché sur la situation dans les prisons. Concernant ce dernier point, il est ressorti qu’au 31 décembre 2012, les prisons burkinabè contenaient 4 899 détenus pour une capacité d’accueil totale de 3 730 places, soit un taux moyen d’occupation de 130%. La maison d’arrêt la plus surpeuplée est celle de Bobo-Dioulasso avec un taux d’occupation de 265% et celle de Nouna est la moins occupée avec un taux d’occupation de 34%.
Le rapport 2012 du MBDHP sur les droits humains s’est surtout penché sur l’environnement qui prévalait à cette époque. En effet, il est ressorti que 2012 aura été marquée par les révisons constitutionnelles créant notamment le Sénat et octroyant une amnistie pleine et entière aux anciens chefs d’Etat du Burkina pour la période allant de 1960 à 2012. Selon le rapport, ces révisons constitutionnelles laissent apparaître une volonté du pouvoir, échaudé par les mutineries du premier semestre de l’année 2011, de s’aménager des garanties pour une perpétuation du régime en place et une absolution à moindre frais des « péchés » de l’actuel chef de l’Etat. Le rapport a aussi fait ressortir que l’un des faits marquants de l’année aura été les élections couplées de décembre dont l’un des éléments pourvoyeurs de tension aura été la désignation de maires par des états-majors de partis politiques depuis Ouagadougou, sur la base de calculs mettant en scène des parrains officiels ou officieux. Le rapport n’a pas omis de relever le net regain de violences intercommunautaires caractérisées par des affrontements violents et meurtriers qui ont ravagé des localités telles Gombousgou, Guénon, Tonkar, Zabré et bien d’autres.
Des exactions, des meurtres et des morts suspectes, il y en a eu en 2012. Sur ce point, le rapport relève une persistance des cas de détentions arbitraires à travers notamment les dépassements de délais de garde à vue ainsi que la pratique des ordres de mise à disposition. En témoigne les 51 personnes détenues illégalement dans l’ensemble des maisons d’arrêt à la date du 31 décembre 2012.
Du côté des droits économiques, sociaux et culturels, le tableau est peu reluisant. En 2012, le phénomène de la vie chère, avec son lot de désolations, s’est invitée. Le rapport a souligné que cela pose la question du respect des droits économiques et sociaux du citoyen que l’Etat a l’obligation de promouvoir et de protéger.
Le rapport a aussi évoqué les droits de la femme et de l’enfant qui connaissent encore une situation déplorable.
Le dossier Norbert Zongo s’est invité
Malgré ce tableau sombre, il y a quand même un motif de satisfaction qui se résume au fait que les populations s’affranchissent de plus en plus de l’apathie et de la résignation. Un tel comportement n’a pas laissé indifférent le président du MBDHP, Chrysogone Zougmoré. Il estime « que malgré les handicaps dont souffrent les droits humains au Burkina Faso, des espaces de liberté d’expression ont pu être conquis. » Mais « ce n’est pas pour autant que nous devons dormir sur nos lauriers car ce qui est conquis n’est pas définitivement acquis. Donc, il faut à chaque fois tirer la sonnette d’alarme et interpeller les autorités ». Par ailleurs, Chrysogone Zougmoré a mentionné la question de l’impunité. En effet, le dossier Norbert Zongo, qui a fait l’objet d’un procès à Harusha, s’est invité au cours des échanges. En fait, le président du MBDHP estime que « c’est dommage que nous quittions les frontières du Burkina pour aller plaider la cause de Norbert Zongo à des milliers de kilomètres du Burkina. C’est une honte pour la Justice burkinabè. Sur ce plan, de même que sur celui de la lutte contre la corruption, il faut un effort ».
Dans le même rapport, des recommandations ont été adressées à l’Etat. Chrysogone Zougmoré a l’impression que les recommandations restent lettres mortes. Mais ce n’est pas pour autant que le MBDHP se découragera. Pour lui, il faut continuer « d’insister, d’interpeller, d’agiter l’opinion publique nationale et internationale et nous pensons qu’au bout, nous pourrons avoir gain de cause ».
Le rapport 2012 sur les droits humains du MBDHP a été présenté officiellement à la presse en présence des représentants du ministère chargé des droits humains, du ministère de l’Administration territoriale et de la sécurité, des représentants de corps diplomatiques et de la société civile, à qui des copies ont été remises.